Identifiée depuis des années comme un levier de croissance à valoriser, l’optimisme s’impose aujourd’hui comme un mode de management à l’efficacité avérée. Plusieurs adeptes du concept sont venus en témoigner mercredi 30 août, à la 19e université d’été du Medef.

Pour un entrepreneur, l’optimisme n’est ni une vertu, ni une option. C’est une nécessité absolue et, quand le contexte l’impose, une condition de survie. C’est en tous cas la conviction que Philippe Bloch a partagé avec les chefs d’entreprises réunis à l’occasion de la 19e université d’été du Medef. Fondateur des cafés Columbus, il en a fait l’expérience lorsque, un an après sa création, son entreprise a traversé une sévère zone de turbulences. « Dans ces moments-là, un manager se doit de recycler les problèmes en envie de continuer ensemble, explique-t-il. Il a la lourde responsabilité de rester optimiste pour inspirer confiance à ses équipes ». Les emmener à partager une vision et à s’approprier un projet. « Les embarquer », résume Haïba Ouaissi, avocat et président du Club XXIᵉ siècle, pour qui l’optimisme ne se décrète pas mais se travaille au quotidien.

La France, pays du self bashing 

« C’est un engagement de tous les jours qui implique non pas uniquement de se projeter dans l’avenir mais aussi de se convaincre qu’aujourd’hui est meilleur qu’hier », résume-t-il, convaincu que cette perception est indispensable pour faire émerger une société de confiance. Une conviction partagée par Sophie Vernay. Fondatrice et présidente du programme Confiance & Croissance et co-auteur de « Et la confiance bordel ? », celle-ci rappelle que l’optimisme est reconnu « bon pour les affaires » et que la confiance en est l’un des ingrédients essentiels. « Confiance en soi, confiance dans les autres, confiance en un projet collectif… Tout cela ne va pas nécessairement de soi, souligne-t-elle. Cela se pilote, se transmet, se mesure… C’est cette dynamique que nous travaillons dans Confiance et Croissance avec 38 patrons ». 

Car si la France, dont la propension au self bashing intrigue bien au-delà de nos frontières, apparaît historiquement carencée en optimisme, d’autres pays semblent, à l’inverse, naturellement doués pour le bonheur et portés sur la pensée positive. En tête de ceux-ci : le Danemark qui, comme le reste de la Scandinavie d’ailleurs, caracole depuis toujours en tête des classements des pays où il fait bon vivre. 

Optimiste comme un Danois…

Auteur de « Heureux comme un Danois », Malene Rydahl explique que cet atout national se transmet dès les premières années de scolarité. « Au Danemark, le système éducatif est pensé pour encourager tous les talents, et pas uniquement les compétences intellectuelles, ce qui permet à chacun de se sentir partie prenante d’un projet commun et alimente la confiance entre citoyens dont le niveau atteint 78% au Danemark alors qu’il ne dépasse 22% en France…» Un sentiment qui se manifeste également à l’égard de la classe politique, ce qui explique que, bien que les Danois connaissent un taux d’imposition élevé, ils se disent majoritairement « heureux de payer des impôts et prêts à en payer plus ». Une réalité qui laisse songeur… mais que Malene Rydahl explique simplement : « Quel que soit le rôle de chacun au sein de la société danoise, celui-ci est valorisé. Cela entretient la confiance et l’optimisme ». 

Le risque de contagion émotionnelle

Si, dans ces deux domaines, la France ne bénéficie pas du même terrain porteur que le Danemark, elle dispose néanmoins de plusieurs leviers d’amélioration. Si bien que, Sophie Vernay en est convaincue : non seulement la défiance qui domine en France n’est pas une fatalité, mais l’entreprise« qui est une caisse de résonnance de la société française » - a le pouvoir d’infléchir cet état d’esprit. C’est d’ailleurs pour l’y inciter et mesurer les avancées réalisées qu’elle a créé un indice du capital confiance. « Si l’on veut une croissance à la fois durable et équitable, elle doit se bâtir en préservant le capital humain ; c’est pourquoi nous avons modélisé la confiance en entreprise en identifiant ses ingrédients (adhérer au projet, partager la vision, avoir confiance dans le dirigeant, etc). Si demain cet indice intervient dans l’évaluation des sociétés on aura identifié la croissance durable. » Une avancée essentielle selon celle qui rappelle que « le contraire de la confiance en entreprise, c’est la peur ». Un sentiment contre-productif s’il en est que nombre de managers entretiennent sans en avoir conscience, ne serait-ce qu’en ayant régulièrement recours à des éléments de langage à résonnance toxique, affirme Philippe Bloch qui cite, entre autres, la formule bien connue du « bon courage » qui, en dépit d’une apparence bénigne, véhicule une forme de défaitisme à haut degrés de « contagion émotionnelle ». À bannir donc. 

Caroline Castets

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