Walmart-Google : l’union fait la force
Avec le chiffre d’affaires le plus important du monde établi à 486 milliards de dollars (412 MD€) réalisé grâce à un réseau de plus de deux millions d’employés, Walmart occupe une place à part dans la physionomie des affaires. Pourtant, l’essor fulgurant d’Amazon dans le e-commerce menace sa position monopolistique sur le secteur de la grande distribution. Malgré une croissance spectaculaire de 67 % du chiffre d’affaires enregistré via son site web, Walmart reste encore un petit poucet par rapport au groupe fondé par Jeff Bezos. Pour rattraper son retard, l’enseigne de distribution n’a pas hésité à s’allier à Google, autre acteur clé de l’univers digital. Cette alliance inattendue est prometteuse : Google Express, le marché en ligne d’Alphabet, fournira la technologie et Walmart, la marchandise et la logistique de livraison. Grâce à l’assistance vocale de l’entreprise tech, les internautes pourront par exemple dicter à l’oral le contenu de leur liste de courses et grâce au savoir-faire de Walmart, ils bénéficieront d’une base de référencement sans égal.
Aux grands projets les grands moyens
Il faut dire que l’enjeu est de taille. Le e-commerce pèse aujourd’hui 10 % du marché global de la vente au détail. La valeur des ventes atteignait 2 500 milliards de dollars (2 130 MD€) l’année dernière, en hausse de 50 % sur deux ans, et devrait poursuivre sa croissance à hauteur de 72 % d’ici à 2020 d’après eMarketer. Une croissance qui devrait durer encore longtemps puisque 55 % de la population mondiale de plus de quinze ans n’a toujours pas accès à Internet. L’explosion du high-tech et la démocratisation progressive du numérique offrent encore davantage de perspectives favorables à ce marché. Si Amazon aspirait 43 % des parts de marché du commerce en ligne aux États-Unis en 2016, Walmart est prêt à rentrer en guerre avec la star montante des pure players. L’alliance du cador du secteur avec Google met en évidence l’émergence de stratégies inédites adoptées par les leaders historiques pour maintenir le cap dans le tumulte du digital.
Un monopole bousculé
De son côté, Amazon n’est pas en reste. Il a récemment racheté « le plus sain des supermarchés » en l’entité de Whole Foods Market. Coût de l’opération : 13,7 milliards de dollars (11,7 MD€). Malgré l’essor de la vente en ligne, la majorité du commerce de détail a encore pignon sur rue. Amazon n’existait jusqu’ici que sur la toile. Cette manœuvre d’implantation omnicanale illustre son besoin de s’inscrire physiquement sur les territoires, dans l’optique d’intégrer la fidélité client à son business model. Et pourquoi pas menacer la plus grosse entreprise du monde en même temps.
A.R.