La République en marche en perte de vitesse ?
Où sont passés les bénévoles d’En marche ! ? Alors qu’ils s’étaient mobilisés en masse pour soutenir la candidature d’Emmanuel Macron au printemps dernier, ils semblent aujourd’hui de moins en moins nombreux à participer à la vie du parti. En témoigne la faible participation à la consultation nationale lancée au début de l’été. Au total, seuls 32,1 % des adhérents se sont exprimés. « C’est pas si mal », estime-t-on néanmoins du côté de l’organisation. Le résultat est sans appel : les adhérents sont à 90,6 % favorables aux nouveaux statuts.
Perte de repères
Comment expliquer la faible participation, alors même que le mouvement rassemblait des milliers de bénévoles il y a encore quelques mois ? D’abord par la période : l’été serait moins propice à la mobilisation. Ensuite, par une perte de repères. Les volontaires, engagés derrière Emmanuel Macron pour « faire de la politique autrement » se retrouvent désormais encartés dans un parti hiérarchisé. « Il est d’un sens normal de voir En marche ! se structurer autour de professionnels experts des questions politiques, confie une ancienne bénévole. Je crois néanmoins que les dirigeants du parti ont véritablement à cœur de se distinguer des familles politiques traditionnelles en poursuivant les consultations locales. » Aucun « disciple », d’Emmanuel Macron ne s’est par ailleurs véritablement dégagé. Le parti souffrirait-il d’un manque de leadership ? Sans doute.
« Préserver En marche ! »
Plus préoccupant encore, certains adhérents se sont ouvertement opposés au scrutin. En cause ? Un manque de démocratie dans l’élaboration des statuts. « Les militants sont cantonnés à un simple rôle de supporters », dénonce dans un communiqué le collectif la Démocratie en marche, composé d’une trentaine de « marcheurs ». En juillet, ces derniers ont même tenté d’annuler le vote, en saisissant le tribunal de grande instance de Créteil pour non-respect des anciens statuts du mouvement prévoyant un délai d’un mois entre la convocation au scrutin et la prise de connaissance du texte par les adhérents. « Le vote de ces statuts, en plein été, sans période de concertation permettant aux comités d'organiser des ateliers de réflexion, fait penser à un passage en force », estime le collectif qui a obtenu un prolongement du scrutin jusqu’au 16 août. « Nous avons participé activement à la création du mouvement et nous ne le regrettons pas, peut-on lire sur la page Facebook de la Démocratie en marche. Nous pensons que pour préserver En marche! de toute dérive oligarchique, il est absolument nécessaire de refuser les nouveaux statuts qui nous sont proposés. » Un comportement à la marge selon les leaders du parti. « Vous trouverez toujours des gens qui contesteront le système, qui se sentiront un peu à côté », confie Christophe Castaner, porte-parole du gouvernement, sur RMC. Les fortes têtes de LREM devront néanmoins rapidement sortir de cette de période de flou et veiller à réintégrer les comités locaux dans la prise de décision nationale, faute de quoi la majorité présidentielle risque de perdre son socle militant.
Capucine Coquand