C’est un message d’ouverture qu’essaye de faire passer Dominique Bussereau. Figure emblématique de la droite « modérée », le président du département de Charente-Maritime, espère qu’un éclatement de sa famille sera évité au lendemain des législatives.

Décideurs. Que signifie l’appel à « répondre à la main tendue » d'Emmanuel Macron auquel vous avez souscrit avec d’autres personnalités de droite ?  

Dominique Bussereau. Nous avons estimé que certains de nos amis étaient un peu trop pressés de passer à la phase d’attaque et de critique envers Emmanuel Macron. D’autant plus que nous avons voté pour lui au second tour il n’y a pas si longtemps. Notre appel n’est en aucun cas un ralliement au Président, c’est un message d’ouverture et de bienveillance à son égard. Je ne suis pas d’accord avec le comportement consistant à s’opposer systématiquement alors même qu’aucune mesure n’a été votée.

 

Comment éviter un schisme entre la droite modérée, prête à collaborer avec Emmanuel Macron dont vous faites partie, et la droite plus radicale ? 

La primaire a permis de mettre en lumière plusieurs sensibilités au sein de notre famille. Nous nous retrouvons néanmoins sur un grand nombre de sujets. Nous verrons après les législatives si ces différents courants parviennent à cohabiter. J’ai participé au rassemblement de la droite en 2002, alors bien sûr, je ne souhaite pas assister à un nouvel éclatement de notre parti politique. Je crois que nous aurons surtout à analyser la situation au moment venu et à voir qui est majoritaire au sein de la famille.

« Je ne souhaite pas assister à un nouvel éclatement de norte parti politique » 

La campagne présidentielle a-t-elle coupé le lien entre la droite républicaine
et les Français ? 

Sur le terrain, nous voyons bien que nos électeurs ne sont pas dans une position d’attaque systématique envers Emmanuel Macron. Ils sont davantage dans une démarche d’écoute et d’attente. Ils n’ont pas envie de s’opposer à tout. Nous devons attendre les résultats des législatives avant de tirer toute conclusion. J’ai fait beaucoup de campagnes et je crois que, lorsque le vent souffle contre nous, nous devons nous concentrer sur les aspects locaux, et surtout s’efforcer de se montrer ouverts. 

 

Avec un peu de recul, quel regard portez-vous sur la campagne menée par votre famille pour la présidentielle??

Je suis partagé. La primaire s’est formidablement bien déroulée. Lorsque François Fillon a été désigné, nous avons joué le jeu et nous l’avons soutenu. Les événements ont néanmoins fait que nous ne pouvions moralement plus soutenir cette campagne, alors nous l’avons quittée. C’est une situation invraisemblable qui laisse un goût amer. Les primaires ont été une réussite à droite comme à gauche, et nos deux familles ont pourtant échoué à la présidentielle. C’est la preuve que les réponses que nous avons tenté d’apporter avec ces deux primaires ne correspondaient en réalité pas aux attentes des Français. Nous avons par ailleurs sous-estimé le phénomène Macron.

«  Je souhaite d’ailleurs qu’Emmanuel Macron puisse établir une majorité d’idées au Parlement »

Quels sont vos rapports avec Emmanuel Macron?? 

Je le connais en tant qu’ancien ministre. Nous avons également plusieurs amis proches en commun. J’ai de la sympathie pour l’homme et j’espère pour la France qu’il réussira. Je souhaite d’ailleurs qu’il puisse établir une majorité d’idées au Parlement, notamment sur les sujets européens, de défense et de sécurité.

 

Pourriez-vous accepter de rejoindre le gouvernement Philippe?? 

J’ai été ministre pendant neuf ans, j’estime avoir suffisamment donné. 

 

Capucine Coquand

@CapucineCoquand

 

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