Gestionnaire d’actifs engagé dans la transition énergétique et acteur majeur de la gestion thématique en Europe, CPR Asset Management revient sur la genèse de sa stratégie basée sur l’économie de l’hydrogène lancée en 2021.
A. Mossetto (CPR AM) : "L’hydrogène vert sera nécessaire pour décarboner les secteurs difficiles à électrifier"
Décideurs. Pouvez-vous nous parler de la stratégie d’investissement de votre fonds Hydrogen ?
Andrea Mossetto. Nous avons réfléchi très longuement à la thématique de l’hydrogène pour créer un fonds de gestion active qui pourrait investir dans l’ensemble de sa chaîne de valeur, alors que la plupart des supports d’investissement disponibles étaient des ETF très concentrés. L’hydrogène vert sera crucial dans la transition énergétique : 40 % des émissions de CO2 sont produites par l’industrie et les transports, et si nous souhaitons atteindre l’objectif zéro carbone d’ici à 2050, il faut réussir à décarboner ces deux industries en priorité. De nombreux chantiers sont déjà en cours sur l’électrification et les infrastructures, l’entreprise suédoise SSAB produit de l’acier vert par exemple. Il y a tout un mouvement autour de l’hydrogène qui se met en route, aussi bien de la part des entreprises que des gouvernements, accéléré par le conflit russo-ukrainien et le besoin de trouver un substitut au gaz russe. Sur ce point, l’hydrogène a son rôle à jouer.
Quel est l’univers d’investissement ?
Notre philosophie est d’investir dans la filière de l’hydrogène d’amont en aval. Nous avons un premier pilier qu’est l’énergie verte (éolien, solaire…). Ensuite, un second porté sur la technologie regroupant les producteurs de piles à combustible ou d’électrolyseurs par exemple. Dans un troisième pilier nous nous intéressons également à tout ce qui est distribution et stockage et enfin, dans notre dernier pilier, aux utilisateurs. Nous sommes principalement exposés aux trois premiers piliers. Mais il est à prévoir que les utilisateurs de l’hydrogène vert occuperont une plus grande place dans le portefeuille à mesure que cet écosystème se développera.
Est-ce un fonds labellisé ou classé selon la SFDR ?
Notre stratégie Hydrogen est un fonds à impact. Compte tenu de l'évolution de la réglementation avec la mise en œuvre prochaine du niveau 2 de SFDR, nous travaillons actuellement avec les principales parties prenantes pour classer ce fonds au 1er janvier 2023. Globalement, nous envisageons d’adopter une position prudente, le cadre réglementaire évoluant rapidement et des clarifications supplémentaires ayant été demandées par plusieurs organismes européens sur certains points clés, tels que la définition même de ce qui est "Sustainable Investment".
Comment cette thématique a-t-elle été reçue par les investisseurs ?
À ce jour, un an après le lancement du fonds, nous avons collecté 800 millions d’euros.
"Le biais value de cette stratégie étonne"
Cette solution a été très bien reçue par toutes les typologies de clientèle : retails, institutionnelles, privées et même les gérants de fonds de fonds, et ce pour la simple et bonne raison qu’un grand nombre de personnes aujourd’hui s’intéresse à cette thématique qui est notre futur. De plus, les clients ont compris que c’est un fonds très diversifié et qui peut être intégré à une allocation de moyen-long terme, avec un risque contrôlé. Le biais value de cette stratégie étonne et justifie sa capacité à surperformer le marché actions net depuis le début de l’année.
Pourquoi intégrer des fonds thématiques au sein d’une allocation globale ?
D’un point de vue holistique, les portefeuilles thématiques viennent diversifier une allocation globale et nous avons pu démontrer par le passé que nos univers d’investissements génèrent de l’alpha, ce que nous appelons la « prime thématique ». Une allocation de thématiques peut être un investissement en cœur de portefeuille. De plus, dans une optique de marchés, nous allons entrer courant 2023 dans une période de récession économique. Il faudra être plus sélectif dans l’investissement en actions, ce que permet la gestion thématique.
Propos recueillis par Marine Fleury