F. Crot (AFFO) : "L’appellation de family office, qui a tendance à être galvaudée, doit être redéfinie"
Décideurs. Pouvez-vous présenter la genèse de votre élection ?
Frédérick Crot. J’ai intégré l’Affo en tant que membre de la famille Cosserat, actionnaire de la société Perial, active dans la gestion immobilière pour compte de tiers et de promotion. Je fais donc partie de la branche single family office aux côtés des multi-family offices et des professionnels des familles (avocats, fi scalistes, notaires...).
Quelles seront vos missions principales en tant que président de l’Affo ?
L’association qui vient de fêter ses vingt ans doit continuer à être la référence du métier des family offices. Durant toutes ces années, elle a constitué de nombreuses commissions (gouvernance familiale, éducation et formation, philanthropie, investissement durable...) qui ont donné lieu à la publication de Livres blancs mis à jour régulièrement. Par ailleurs, je souhaite développer la présence régionale de l’association. L’Affo est déjà présente à Lyon et Marseille mais elle va également rechercher des délégués dans d’autres régions afin de contrer l’image purement parisienne et accompagner les familles en province.
"Développer notre présence régionale afin d’être reconnus comme une association nationale et pas seulement parisienne"
De plus, nous avons lancé depuis trois ans avec l’Association universitaire de recherche et d’enseignement sur le patrimoine (Aurep), un certificat du métier de family office qui doit gagner en visibilité afin de mieux définir le métier. En effet, le family officer a un rôle de chef d’orchestre qui accompagne en toute transparence les familles dans la gestion de leur patrimoine dans la durée.
Souhaitez-vous également développer votre présence auprès des entrepreneurs ?
Bien sûr ! Nous souhaitons nous adresser à toute la clientèle potentielle de jeunes entrepreneurs, que ce soit à travers des single ou multi-family offices. Ils se distinguent des familles ayant des patrimoines constitués depuis plusieurs générations. Ils ont des besoins et des approches spécifiques auxquels nous devons répondre. En effet, l’une des évolutions les plus marquantes pour la profession est l’arrivée de patrimoines entrepreneuriaux. Ils ont besoin des services d’un family officer pour la structuration et l’organisation de leur patrimoine, notamment pour sa sécurisation.
Quelles sont les interrogations des familles qui reviennent fréquemment cette année ?
Nous percevons des inquiétudes relatives au retour de l’inflation et la hausse des taux d’intérêt d’une manière générale. De nombreuses familles repensent leurs allocations d’actifs après la période de crise sanitaire et les bouleversements induits par celle-ci. Dans le contexte actuel, une réflexion générale s’impose et le conseiller a tout son rôle à jouer pour accompagner et conseiller ses familles.
"Une réflexion générale s’impose et le conseiller a tout son rôle à jouer pour accompagner et conseiller ses familles"
Les rôles de préparation, d’analyse puis du pilotage de la mise en place des allocations d’actifs du family officer ont été essentiels dans la préservation du patrimoine des familles. Celles-ci se posent également la question de la proportion de private equity dans leurs allocations d’actifs et de leurs investissements potentiels dans les cryptomonnaies.
Comment l’année 2022 se déroule-t-elle pour l’Affo ?
De manière générale, la profession se porte bien. L’Affo a engagé une vaste réflexion sur l’évolution du métier de family officer afin de s’adapter à l’environnement actuel, élargir ses missions à l’ensemble de l’écosystème et accueillir de nouveaux membres. Nous souhaitons regrouper tous les intervenants afin d’échanger sur les bonnes pratiques à adopter et les problématiques de chacun. L’appellation de family office, qui a tendance à être galvaudée par certaines structures, doit être redéfinie.
Finalement, quel est le portrait type du family officer de demain ?
Le family officer est et doit rester le partenaire de confiance et stratégique auprès des familles. Il permet d’accroître sa visibilité et continuer à assurer sa formation professionnelle pour être en mesure de répondre à la complexité des nouvelles classes d’actifs, notamment dans un contexte de plus en plus complexe et international.
Propos recueillis par Juliette Woods