Agrica, le Groupe de protection sociale complémentaire dédié au monde agricole pilote un encours d’actif de 8 Md€, avec une particularité : 85 % de leurs engagements de passif sont constitués en vue de la retraite. Stéphane Makowski, son directeur délégué aux investissements, nous éclaire sur ses process d’investissement.

Décideurs. Comment gérez-vous le risque au sein de votre allocation d’actifs ?

Stéphane Makowski. Du fait de l’encours piloté et de la volonté de stricte adéquation avec Solvabilité 2, le Groupe Agrica a mis en place en 2017 un process de suivi permanent du risque de marché. Nous avons donc alloué des outils spécifiques et des compétences dédiées. Cette approche ex-ante vient en complément du calcul ex-post du SCR déclaratif, mesurant le risque a posteriori. Grâce à cet outil, nous pouvons motiver toute décision de gestion au travers d’un double prisme : l’impact attendu sur le risque de marché et sur l’allocation d’actifs. J’insiste sur le fait que le pilotage des risques par anticipation suit un processus intégré au fonctionnement paritaire des institutions du Groupe Agrica. Comme vous le savez, s’il est toujours très difficile de vendre au plus haut du marché et d’acheter au plus bas, la gestion ajustée par les risques présente l’intérêt de pouvoir justifier de telles décisions qui peuvent sembler contracycliques alors qu’elles sont potentiellement une source de performance.

Sur quels critères choisissez-vous les OPCVM sur lesquels vous allez investir ?

Notre processus de sélection est quantitatif et qualitatif. Parmi nos critères figurent la performance, la volatilité, la conformité, la formalisation des process de gestion, le contrôle de risque, la qualité des reporting, la structure et les compétences des équipes de gestion, la solidité financière ou encore le niveau de frais. L’objectif est de sélectionner des gérants capables de générer de l’alpha. Les fonds désignés peuvent être souscrits en fonction des orientations de gestion et font l’objet d’un suivi régulier. Nous appliquons le principe de la transcendance de la politique d’investissement. Nos équipes sélectionnent des fonds qui correspondent aux orientations de gestion et non l’inverse. Nous fonctionnons aussi au travers de fonds dédiés. Cette stratégie présente l’avantage de retranscrire fidèlement notre politique d’investissement à un niveau de frais moindre en se dotant d’expertises identifiées au bénéfice de la performance. Ces fonds sont accessibles à partir d’un encours géré de 50 M€.

« Nous appliquons le principe de la transcendance de la politique d’investissement »

Vous déléguez la gestion de votre portefeuille dédié au private equity à des professionnels en investissant à travers des fonds spécialisés. Quels secteurs d’activité ont votre préférence ?

Cette classe d’actifs nous offre la possibilité d’investir sur des thématiques proches de notre sensibilité : le secteur agroalimentaire, de la santé ou de la silver économie. Au-delà de l’investissement en capital, nous sommes aussi positionnés sur de la mezzanine et de la dette privée. Le private equity est pour nous la classe d’actifs la plus performante depuis plusieurs années. Notre cible d’investissement a donc été portée de 2 % à 3 %. Cet univers nécessite cependant une approche particulièrement prudente, du fait du niveau d’expertise requis pour l’identification des risques sur cette classe d’investissements.

Et concernant les fonds infrastructures ?

C’est un vrai sujet pour nous. Notre commission des placements nous a missionnés pour proposer un positionnement structurel sur les infrastructures. Outre une durée d’engagement très longue (jusqu’à 25 ans), ce type de placements présente des risques spécifiques, notamment sur les aspects réglementaires et juridiques. Le travail que nous opérons porte en conséquence sur l’élaboration d’éléments de décision exhaustifs.

Propos recueillis par Aurélien Florin

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