Jean-David Haas nous présente NextStage Croissance, une unité de compte éligible au contrat d’assurance-vie et investie sur le secteur du private equity. Une nouveauté rendue possible grâce à la loi Macron.

Décideurs. Pour quelles raisons avez-vous lancé NextStage Croissance, une unité de compte investie en private equity éligible au contrat d’assurance-vie, en partenariat avec Axa ?
Jean-David Haas.
NextStage AM exerce ce métier depuis une quinzaine d’années et nous étions jusqu’à présent frustrés par la limite des véhicules d’investissement traditionnels. Nous sommes souvent contraints de céder nos participations trop tôt alors que ces entreprises disposent encore d’un potentiel de développement intéressant. La cession était rendue nécessaire pour liquider un fonds à durée de vie limitée et ainsi assurer à nos clients un retour sur leur investissement. Cette frustration, nous l’avions notamment ressentie dans le cadre de notre investissement dans la société aéronautique STPI dont le cash-flow générait 32 % de retour sur investissement ! Après des discussions avec nos principaux investisseurs (Artemis, Amundi, AXA), nous avons donc réussi à créer une société de long terme : NextStage SCA nous permettant de rester plus de cinq ans au capital d’une société.

 

Qu’en est-il de la liquidité du placement ?

Nous avions également à l’idée d’assurer une certaine liquidité aux investisseurs pour qu’ils puissent sortir ou entrer dans le véhicule d’investissement dès qu’ils le souhaitaient. Nous avons donc étudié les différentes pratiques initiées par les acteurs du capital-investissement : Eurazeo pour le LBO ou Altamir liée à Apax Partners. Or, les marchés financiers nous sont très rapidement apparus comme la solution pertinente pour nos investisseurs, assurant une liquidité à une valeur de marché quotidienne. Grace à la loi Macron, nous avons également pu rendre éligible ce véhicule au contrat d’assurance-vie en créant NextStage Croissance avec AXA. C’est une étape importante pour notre pays. Auparavant, les épargnants étaient tenus d’ouvrir un contrat d’assurance-vie au Luxembourg pour pouvoir se positionner sur du private equity.

Pour une personne déjà avertie, l’investissement en direct est plus concret et moins opaque

 

Comment se distingue votre offre vis-à-vis de celle proposée par la concurrence, et notamment Ardian ?
Notre offre se distingue car nous sommes investis directement au capital des PME et ETI françaises et européennes tandis que CNP assurances et Ardian ont fait le choix de se positionner sur la classe d’actifs du capital-investissement à travers un fonds de fonds diversifié. En ce sens, nous allons un cran plus loin. Pour un épargnant qui souhaite s’éveiller à la classe d’actifs du private equity, le fonds de fonds peut être un véhicule opportun. Pour une personne déjà avertie, qui cherche un intérêt économique et social à investir sur des entreprises, l’investissement en direct est plus concret et moins opaque. Les épargnants ayant choisi d’investir dans le secteur du capital-investissement ont également en tête de vivre des histoires de PME et d’entrepreneurs. En conclusion, je dirai que ces deux chemins d’accès au private equity me paraissent très complémentaires.

 

C’est à cette société de long terme baptisée NextStage SCA qu’est lié le nouveau véhicule dédié à l’assurance-vie. Quelles sont les conséquences de cette nouvelle configuration pour les entreprises sur lesquelles vous investissez ?
Notre nouveau véhicule d’investissement a été lancé en juillet 2015. Depuis cette date, sept investissements ont déjà été réalisés. Grace à cette société long terme, nous allons pouvoir garder nos belles PME plus longtemps, ce qui est un plus pour les entrepreneurs de long terme. Cette stratégie va également nous permettre d’intéresser des entreprises familiales qui, jusqu’ici, ne souhaitaient pas faire entrer un fonds de private equity à leur capital. Si des dirigeants ont besoin de réorganiser leur activité en vue de transmettre leur société, un fonds minoritaire pourrait être tout indiqué en vue de les accompagner dans leurs démarches. Un pas qu’ils n’auraient peut-être pas franchi si nous leur présentions un véhicule à plus court terme.

Nous sommes à ce titre investis sur ce que l’on appelle la troisième révolution industrielle

 

Quel est le profil des sociétés sur lesquelles vous vous positionnez ?
Concernant le profil de sociétés, cette société est dans la continuité des véhicules déjà lancés. Nous sommes amenés à soutenir des PME familiales et des entrepreneurs en investissant de quatre millions à vingt millions d’euros à leur capital. Il convient toutefois de souligner que nous sommes positionnés uniquement sur des projets de croissance dont le modèle économique est déjà éprouvé et des entreprises avec des niveaux de rentabilité intéressants. Nous sommes à ce titre investis sur ce que l’on appelle la troisième révolution industrielle. Cette approche vise entre autre à soutenir les business traditionnels dans leur développement sur l’aspect digital. J’ai notamment en tête notre accompagnement en 2004 d’une chaine de magasin de ski, qui a été le premier à disposer d’une boutique en ligne. Résultat : il réalise désormais plus de 30 % de ses ventes par ce biais. L’idée est d’être pragmatique et de donner les moyens aux entrepreneurs de réussir dans la durée.

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