Keren Finance fut l’une des premières sociétés de gestion à proposer des contrats luxembourgeois (FID, FIC). Outre sa gamme d’OPCVM, ses équipes ont développé leur notoriété en élaborant des portefeuilles sur mesure investis en ligne directe, notamment en titres obligataires. Son président nous explique sa stratégie de gestion et les spécificités de son positionnement.

Décideurs. Quels sont les atouts d’une gestion obligataire investie directement sur des titres vifs ?

Raphaël Elmaleh. L’intérêt d’une gestion obligataire en titres vifs est de pouvoir déterminer, hors défaut, un rendement donné sur une période déterminée. Une bonne connaissance des risques ainsi qu’une diversification des émetteurs sont des éléments constitutifs d’une stratégie « buy & hold » qui s’avère être une réponse à la volatilité croissante des marchés. Par ailleurs, depuis les récentes crises financières, le besoin de transparence et d’information est grandissant.

 

Décideurs. Pouvez-vous citer un exemple de placement privé sur lequel vous vous êtes positionnés ?

R. E. Nous avons notamment souscrit au placement privé obligataire de 45 millions d'euros réalisé par La Foncière Verte participations, une société foncière propriétaire des terrains utilisés par le groupe Paprec. Nous avons ainsi financé la SCI détenue par le spécialiste du recyclage. Nous sommes là sur une valeur d’actifs ce qui compense la faible liquidité de l’obligation et la taille relativement modeste de l’entreprise. Lorsque l’on est positionné sur ce type de titres, il faut prendre en compte l’absence de liquidité. C’est pourquoi il convient d’accepter d’aller jusqu’à son échéance. Par ce biais, nous retrouvons le sens premier des marchés financiers : financer les entreprises et l’économie. Un élément qui est pour nous un réel point de différenciation.

 

Décideurs. La BCE a renforcé ses investissements sur le marché de l’investment grade. Cette politique monétaire très incisive a-t-elle modifié votre stratégie d’investissement ?

R. E. Les entreprises présentes sur le marché du high yield bénéficient mécaniquement de la réduction des spreads sur l’investment grade. Aujourd’hui, il y a presque un plancher de verre. Le marché recèle cependant de nombreuses opportunités. Si cela entre dans nos critères, nous pouvons prendre des positions fortes sur certains titres au contraire de beaucoup de gérants qui pondère leurs lignes. C’est ce que nous avons fait pour les titres obligataires Vallourec 2017. Notre volonté est de réduire le risque en réduisant la maturité de nos titres. Nous mettons ainsi en œuvre une stratégie short duration. Ne perdons pas de vue que le marché du high yield demeure très volatil et reste par nature très corrélé aux marchés actions.

 

Décideurs. Comment appréhendez-vous les mois qui viennent ?

R. E. Il y a une raréfaction de titres et les opportunités restantes comportent un risque embarqué non négligeable. Par ailleurs, plusieurs émissions, comme Rallye et Jaccar, arrivent à échéance ou sont rappelées, ce qui génère des liquidités dans nos portefeuilles. Un grand nombre de sociétés, comme Darty, pourraient faire l’objet d’une reprise par des corporates ou des fonds d’investissement. Ces acquisitions ne sont pas pour nous déplaire. Prenons l’exemple du placement privé réalisé par le promoteur immobilier Pitch Promotion à hauteur de quarante millions d’euros auquel nous avions souscrit. Le taux de rendement proposé était de 5,8 % pour une maturité à 2019. La société a fait l’objet d’un rachat de la part d’Altarea Cogedim. Celle-ci a décidé de ne pas racheter la dette. Et cela nous va très bien. Cette société bénéficie d’un rating nettement meilleur. Altarea Cogedim étant, en effet, en capacité d’emprunter à un taux proche de 2,25 %.

 

Propos recueillis par Aurélien Florin

GUIDE ET CLASSEMENTS

> Guide 2024

Newsletter Flash

Pour recevoir la newsletter du Magazine Décideurs, merci de renseigner votre mail

{emailcloak=off}