Le président du cabinet Asterès nous livre son point de vue sur la politique fiscale orchestrée par le gouvernement et nous dévoile ses propositions pour redresser le pays.
Nicolas Bouzou (Asterès) : « Il est possible d’augmenter la productivité de la dépense publique »
Décideurs. L’objectif de ramener le déficit public sous la barre des 3 % a, de nouveau, été repoussé, cette fois-ci en 2017. Est-ce un choix judicieux de la part du gouvernement ?
Nicolas. Bouzou. La politique du gouvernement a conduit à mettre en place un choc fiscal dont les répercussions se sont avérées désastreuses pour notre économie. Je pense que nos objectifs devraient désormais être différents. Il ne faut plus s’intéresser prioritairement à la baisse du déficit public mais à celle des dépenses publiques. Pour réduire la pression fiscale, il faut d’abord réduire les dépenses. Et cela ne pourra passer que par la mise en place de réformes profondes et une réorganisation de l’État plutôt que par de simples coupes budgétaires.
Une question comme celle du financement des retraites est assez simple, au demeurant. Pour résoudre cette équation, il suffit, en effet, d’augmenter à 44 le nombre d’années de cotisations et à 64 ans l’âge de départ minimum en retraite tout en veillant à ce que cette réforme soit effective en 2024. Il en est de même pour le secteur de la santé. L’un des principaux postes de dépenses est lié aux nombres de nuits passées par les patients à l’hôpital. Or, avec le développement de la chirurgie non invasive, il sera de plus en plus facile d’hospitaliser directement les patients à leur domicile.
Autre réforme souhaitable, la fusion entre fonction publique d’état et territoriale ; celle-ci pourrait permettre de redéployer les effectifs en fonction des besoins des différentes administrations.
Contrairement à certaines idées reçues, il est possible d’augmenter la productivité de la dépense publique !
Décideurs. Quel regard portez-vous sur la politique fiscale du gouvernement ?
N. B. La politique fiscale mise en place depuis le début du quinquennat est dramatique. Un seul chiffre suffit à démontrer l’étendu des dégâts : le taux de prélèvement obligatoire a progressé de plus de 4 points de PIB, plus que dans tous les autres pays de l’OCDE.
Cette hausse est néfaste pour notre économie, aussi bien sur le court terme que sur le long terme.
À court terme, car cela a entraîné une baisse de la consommation et des investissements et eu un impact négatif sur le moral des agents économiques.
À Long terme, car une telle augmentation provoque une baisse mécanique des incitations à produire et à investir.
Preuve de l’absurdité de cette politique, le gouvernement vient de faire marche arrière.
Il est désormais nécessaire de baisser les dépenses publiques, pour retrouver les marges de manœuvre qui nous permettront de diminuer les taux des prélèvements obligatoires. Entendons-nous bien, la question n’est pas de supprimer la première tranche de l’impôt sur le revenu qui, en réalité, ne fait qu’accroître la progressivité de l’impôt. Un impôt dont 75 % des ressources est payé par 10 % de la population. Le véritable enjeu est de diminuer la pression fiscale pesant sur ceux qui produisent le plus, c’est-à-dire les entreprises et les classes moyennes ou aisées.
Décideurs. Quelles ont été les conséquences, sur le plan économique, de l’instauration de la taxe dite « à 75 % » ?
N. B. j’ai demandé aux différents ministres du Budget de mettre en place un observatoire permettant d’évaluer les conséquences d’une telle fiscalité sur les contribuables et le nombre de départs à l’étranger que cela a pu entraîner. Jusqu’à présent aucun ne l’a fait. Il est cependant certain que cette politique a eu un effet désastreux. La combinaison des trois éléments suivants : la taxe à 75 %, la hausse de l’ISF et celle de la fiscalité frappant les revenus du capital forment un cocktail qui pousse les personnes qui réussissent à quitter notre territoire. Les incidences sur le plan économique pourraient être dramatiques. Pour quelles raisons ? Tout simplement parce qu’en période de mutation économique la compétitivité d’un territoire vient de sa capacité à retenir et à faire venir les talents. Or cette politique a eu l’effet inverse.
Propos recueillis par Aurélien Florin
Retrouvez la suite de cet entretien dans l'édition 2015 du supplément « gestion de patrimoine & gestion d'actifs » du magazine décideurs
Nicolas. Bouzou. La politique du gouvernement a conduit à mettre en place un choc fiscal dont les répercussions se sont avérées désastreuses pour notre économie. Je pense que nos objectifs devraient désormais être différents. Il ne faut plus s’intéresser prioritairement à la baisse du déficit public mais à celle des dépenses publiques. Pour réduire la pression fiscale, il faut d’abord réduire les dépenses. Et cela ne pourra passer que par la mise en place de réformes profondes et une réorganisation de l’État plutôt que par de simples coupes budgétaires.
Une question comme celle du financement des retraites est assez simple, au demeurant. Pour résoudre cette équation, il suffit, en effet, d’augmenter à 44 le nombre d’années de cotisations et à 64 ans l’âge de départ minimum en retraite tout en veillant à ce que cette réforme soit effective en 2024. Il en est de même pour le secteur de la santé. L’un des principaux postes de dépenses est lié aux nombres de nuits passées par les patients à l’hôpital. Or, avec le développement de la chirurgie non invasive, il sera de plus en plus facile d’hospitaliser directement les patients à leur domicile.
Autre réforme souhaitable, la fusion entre fonction publique d’état et territoriale ; celle-ci pourrait permettre de redéployer les effectifs en fonction des besoins des différentes administrations.
Contrairement à certaines idées reçues, il est possible d’augmenter la productivité de la dépense publique !
Décideurs. Quel regard portez-vous sur la politique fiscale du gouvernement ?
N. B. La politique fiscale mise en place depuis le début du quinquennat est dramatique. Un seul chiffre suffit à démontrer l’étendu des dégâts : le taux de prélèvement obligatoire a progressé de plus de 4 points de PIB, plus que dans tous les autres pays de l’OCDE.
Cette hausse est néfaste pour notre économie, aussi bien sur le court terme que sur le long terme.
À court terme, car cela a entraîné une baisse de la consommation et des investissements et eu un impact négatif sur le moral des agents économiques.
À Long terme, car une telle augmentation provoque une baisse mécanique des incitations à produire et à investir.
Preuve de l’absurdité de cette politique, le gouvernement vient de faire marche arrière.
Il est désormais nécessaire de baisser les dépenses publiques, pour retrouver les marges de manœuvre qui nous permettront de diminuer les taux des prélèvements obligatoires. Entendons-nous bien, la question n’est pas de supprimer la première tranche de l’impôt sur le revenu qui, en réalité, ne fait qu’accroître la progressivité de l’impôt. Un impôt dont 75 % des ressources est payé par 10 % de la population. Le véritable enjeu est de diminuer la pression fiscale pesant sur ceux qui produisent le plus, c’est-à-dire les entreprises et les classes moyennes ou aisées.
Décideurs. Quelles ont été les conséquences, sur le plan économique, de l’instauration de la taxe dite « à 75 % » ?
N. B. j’ai demandé aux différents ministres du Budget de mettre en place un observatoire permettant d’évaluer les conséquences d’une telle fiscalité sur les contribuables et le nombre de départs à l’étranger que cela a pu entraîner. Jusqu’à présent aucun ne l’a fait. Il est cependant certain que cette politique a eu un effet désastreux. La combinaison des trois éléments suivants : la taxe à 75 %, la hausse de l’ISF et celle de la fiscalité frappant les revenus du capital forment un cocktail qui pousse les personnes qui réussissent à quitter notre territoire. Les incidences sur le plan économique pourraient être dramatiques. Pour quelles raisons ? Tout simplement parce qu’en période de mutation économique la compétitivité d’un territoire vient de sa capacité à retenir et à faire venir les talents. Or cette politique a eu l’effet inverse.
Propos recueillis par Aurélien Florin
Retrouvez la suite de cet entretien dans l'édition 2015 du supplément « gestion de patrimoine & gestion d'actifs » du magazine décideurs