« L’une des grandes tendances de ces dernières années a sans conteste été la montée en puissance des Exchange Traded Funds »
Décideurs. Sur quels critères repose la recherche qualitative réalisée par Morningstar pour évaluer les OPCVM ?

Thomas Lancereau.
Chaque fonds est analysé à l’aune de cinq grandes familles de critères.
Nous regardons, dans un premier temps, la composition des équipes de gérants et d’analystes qui pilotent le fonds. S’il nous paraît essentiel qu’une partie de ces équipes soit composée de professionnels expérimentés, qui ont déjà connu au moins un cycle de marché, leur stabilité est à notre sens, un élément tout aussi important.
Dans un second temps, nous mettons en perspective les objectifs d’investissement du fonds et les moyens mis en œuvre par le gérant et son équipe pour les atteindre. C’est à ce stade-là que l’on évalue le contrôle des risques.
Le troisième pilier de notre analyse concerne la société de gestion. Certes nous ne sommes pas chargés de la noter directement, mais de notre point de vue, nous ne pouvons pas avoir une opinion pertinente d’un fonds sans connaître la société qui le commercialise. Celle-ci aura, en effet, une influence prédominante sur un très grand nombre de décisions qui échappent de facto au champ d’action du gérant, les frais de gestions ou de la stabilité des équipes en sont les plus notables.
Le quatrième critère implique les performances passées du fonds. Si, comme le précise le célèbre adage, les performances passées ne présagent pas des performances futures, celles-ci demeurent cependant une variable majeure. Nous vérifions notamment qu’elles soient cohérentes avec le process d’investissement et les prises de risques du gérant.
Enfin, le cinquième et dernier critère concerne les différents frais qui peuvent être facturés aux investisseurs et qui viendront réduire d’autant les performances des OPCVM.
Précisions que ce n’est bien évidemment pas l’addition de ces cinq critères qui nous permettent de définir une note, mais leur interaction.


Décideurs. Comment a évolué le marché de la gestion d’actifs depuis la crise des subprimes ?

T. L.
L’une des grandes tendances de ces dernières années a sans conteste été la montée en puissance des Exchange Traded Funds (ETF) et donc des produits totalement indiciels.
Le succès de la gestion passive s’explique très simplement. En pratique, il faut savoir qu’un pourcentage considérable, c’est-à-dire plus de 50 %, des fonds gérés activement sous performent leur indice de référence. Or, deux choix se présentent aux investisseurs : soit ils optent un OPCVM géré activement et dont les frais sont, le plus souvent, fixés à deux cents points de base tout en sachant que ce fonds aura plus d’une chance sur deux d’être moins performants que son indice de référence. Soit ils privilégient un ETF dont les frais sont divisés par dix par rapport aux fonds classiques. Le constat est sévère, mais cela ne veut toutefois pas dire qu’il faille abonner la gestion active. Bien au contraire ! Seulement le travail de sélection des fonds relève encore plus d’importance car il va permettre de cibler ceux qui surperforment les indices.


Décideurs. Les acteurs du marché font-ils preuve d’assez de transparence ?

T. L.
L’affaire Madoff a clairement fait naître un plus grand besoin de transparence. Les investisseurs attendent désormais des sociétés de gestion qu’elles communiquent plus souvent encore leurs inventaires de portefeuilles. Sur ce sujet, la France est clairement en retard par rapport à d’autres pays. Aujourd’hui, les sociétés de gestion ne communiquent ces informations qu’avec parcimonie et aux seuls porteurs de parts.
Il me semble également qu’un effort pourrait être fait concernant la transmission de l’information relative aux changements de gérants et à leurs dates de prise de fonction. J’entends certains arguer sur le fait que communiquer sur ce sujet favoriserait le « star system ». Ce raisonnement me paraît pour le moins spécieux. Connaissez-vous un investisseur qui va aujourd’hui acquérir des parts d’une société sans connaître le nom de la personne qui la dirige ? Moi non !

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