Rawane Tadros, la force tranquille

Rawane Tadros est de celles qui poursuivent leurs objectifs avec un naturel désarmant. Enfant, elle rêve déjà d’exercer dans le milieu de la santé et d’élire domicile à Paris : "Cette ville toujours active à l’architecture sublime". Après deux ans dans la capitale, elle ne se lasse toujours pas de "prendre un cliché de la Tour Eiffel, chaque fois qu’elle scintille". Mais loin des réflexes touristiques, elle accomplit en France l’un de ses grands desseins, embarquer "un pays où l’innovation en santé a une place de choix". À l’évidence, elle se trouve exactement là où elle doit être.

Regard multiculturel

C’est au Liban que Rawane Tadros grandit, là où jongler entre l’arabe, le français ou l’anglais n’est qu’une simple formalité. Les différentes langues qu’elle maîtrise reflètent le multiculturalisme qui la berce depuis son plus jeune âge. Pourtant loin d’évoluer dans une famille de soignants, elle s’imagine déjà travailler au profit de la bonne santé des personnes. Une fois diplômée en pharmacie, Rawane Tadros entame sa carrière dans les filiales libanaises de différents laboratoires américains puis à Abu Dhabi, aux Émirats arabes unis, avant de suivre un MBA en management international entre Paris et Madrid à l’ESCP Business school. Une façon d’assouvir sa soif de connaissances tout en baignant dans l’environnement hétéroclite qui lui est cher : "J’ai toujours eu l’habitude de côtoyer des personnes venues des quatre coins du monde".

À leur contact, elle trouve toujours "des valeurs et des points communs à chacun d’entre nous". Cette fibre multiculturelle s’impose comme un "atout" pour "ouvrir son esprit et comprendre les singularités et les modes de fonctionnement de ceux qu’[elle] côtoie". Un environnement qu’elle retrouve également à son poste actuel. C’est aussi le pari de Siham Vidard, ancienne présidente de l’organisme de certification SGS ICS, de "considérer la richesse des parcours multiculturels mais aussi des carrières construites au-delà du domaine de la certification". De quoi enrichir les missions de SGS ICS grâce à des visions transversales.

Au bénéfice du patient

"L’innovation n’a pas lieu d’être si elle n’arrive pas jusqu’au patient", revendique Rawane Tadros. Son fer de lance ? "Toujours agir au bénéfice du patient". À cet égard, ses anciens postes dans le secteur pharmaceutique lui permettent d’établir un pont entre des médicaments très innovants et les patients cibles. Désormais, le besoin de contribuer concrètement à la mise sur le marché de ces traitements se fait sentir. Si les innovations pharmaceutiques et cosmétiques constituent son fort, Rawane Tadros relève le défi d’élargir son périmètre aux dispositifs médicaux au sein de SGS ICS. Une extension de ses missions qu’elle voit plus comme "une opportunité qu’un obstacle". Elle s’attache ainsi à gérer les sujets réglementaires, de qualité et de certification qui lui permettent de "jouer un rôle clé dans les innovations". "Certaines personnes n’ont pas la chance de faire ce qu’elles aiment, moi, je me sens bénie de faire ce qui m’inspire", témoigne-t-elle, "en santé, le plus petit DM ou médicament peut avoir de grands bénéfices".

Adoucir les mœurs

Si l’audit de produits de santé s’impose comme une tâche délicate, pas de quoi perturber Rawane Tadros. "Je suis calme de nature, y compris lors de situations compliquées. Il m’arrive de m’énerver mais ça ne dépasse pas quelques minutes", sourit-elle. En toutes circonstances, "il faut savoir revenir au calme pour prendre du recul, mieux comprendre les enjeux et éviter de prendre les choses pour soi". Pour aiguiser cette introspection, elle part à la découverte du monde, et "ne rate jamais une occasion de partir en week-end y compris en région, c’est une bonne façon de se recharger", estime-t-elle. Elle explore les frontières de l’Europe. La Belgique, l’Italie, l’Espagne ou encore la Suisse comptent d’ailleurs parmi ses dernières destinations.

Pour répondre à ses exigences et celles du métier, le rythme de la musique augmente sa concentration. Toujours à travers ses écouteurs, le RnB américain ou, plus récemment, quelques airs typiques libanais la transportent : "Peut-être une façon de me reconnecter à mon pays natal". Une distance du Liban parfois difficile mais "dans la vie, il faut garder le sourire, rester optimiste et propager son énergie positive", clame-t-elle. Une positivité de fond qui va de pair avec une fine organisation et une persévérance sans faille : "Je garde en tête qu’il faut savoir prioriser et accepter de déléguer". Car dans tous les cas, "aucune mission ne se porte tout seul".

Léa Pierre-Joseph