Le Syctom, traite et valorise chaque année 2,3 millions de tonnes de déchets ménagers produits par 6 millions d’habitants de 85 communes d’Île-de-France, ce qui en fait le premier acteur public européen du secteur. Rencontre avec Jacques Gautier, son président, également maire de Garches.

Décideurs. Quels sont aujourd’hui les enjeux du Syctom, l’agence métropolitaine des déchets ménagers ?

Jacques Gautier. Le Syctom est aujourd’hui confronté à une équation compliquée. D’une part, des objectifs réglementaires ambitieux de réduction des déchets, à l’origine du choix du Syctom de réduire de 50 % la capacité d’incinération de sa future unité de valorisation énergétique à Ivry/Paris XIII. Et d’autre part, l’augmentation régulière de la population de son territoire se traduisant par une augmentation continue des déchets produits. Le Syctom s’est également donné pour objectif de mettre fin à l’enfouissement des ordures ménagères sur son territoire à l’horizon 2025.

Comment faire évoluer les mentalités sur la gestion et la valorisation des déchets ?

Malgré les efforts déployés sur la prévention et la sensibilisation depuis de nombreuses années, les résultats stagnent. Pour répondre à cette problématique, nous lançons avec l’ensemble des parties prenantes, collectivités, citoyens, associations et entreprises, le Grand Défi. C’est une démarche innovante et participative, développée par l’université technologique de Compiègne visant à résoudre des problèmes complexes. Nous partons de la question simple… et clé : comment diminuer les ordures ménagères et améliorer le geste de tri ? Chacun partage sa vision, énonce ses freins et exprime son intérêt. Le leitmotiv est de travailler sur les représentations et de les faire évoluer. Cette mise en commun doit aboutir à des préconisations et à un plan d’action partagé par l’ensemble des acteurs.

Comment voyez-vous votre mission évoluer dans le temps ?

Aujourd’hui, la compétence du Syctom porte uniquement sur la partie traitement. Cela nous limite et offre peu de prise sur les mesures nécessaires à prendre, tant sur l’aspect réduction des déchets que sur le versant amélioration du geste de tri de nos concitoyens. Je suis pour ma part favorable à une rationalisation dans l’organisation de la compétence déchets. Un coordonnateur en charge pourrait assurer la cohérence de l’ensemble des actions de prévention, collecte et traitement. Le Syctom pourrait assurer ce rôle avec efficacité. Une autre évolution, que j’appelle de mes vœux, est la fongibilité des déchets. Le Syctom traite des déchets ménagers et assimilés, à l’exclusion des déchets d’activité économique. Si l’on veut être plus efficace, il faut revoir cette stricte séparation des périmètres. Cette distinction n’existe pas dans des villes comme San Francisco ou Milan, ce qui leur permet d’être particulièrement performantes.  

Propos recueillis par Laetitia Sellam

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