Depuis 10 ans, la directrice générale de Standard Chartered en France fait croître les effectifs mais surtout l’activité de la succursale parisienne. Spécialiste des pays émergents, l’établissement bancaire s’ouvre peu à peu à d’autres territoires et participe à la transition énergétique. Des sujets à caractère entrepreneurial qui ne sont pas pour déplaire à la dirigeante.

Arrivée en 2013 chez Standard Chartered pour prendre la tête de la succursale française de la banque à Paris, Caroline Eber-Ittel affiche un beau bilan après plus de dix ans d’exercice. D’une vingtaine de personnes à ses débuts, son entité va bientôt passer la barre des 100 collaborateurs. "Nous n’arrêtons pas de grossir. Nos équipes performent remarquablement bien, mais trouver les bonnes personnes demeure une vraie aventure humaine."

Outre la qualité de ses troupes, Standard Chartered a su tirer parti de ce qui aurait pu se transformer en épines dans le pied. En mars 2020, alors que la France est mise à l’arrêt par le gouvernement à cause du Covid-19, l’établissement décide de proposer rapidement et massivement des lignes de liquidités pour aider ses clients entreprises à éviter la crise. "Ils s’en souviennent, souligne Caroline Eber-Ittel. Cela participe à la qualité de nos relations." L’établissement a également, à l’instar de Paris, profité du Brexit, un certain nombre d’expertises ayant dû quitter Londres pour le continent européen, et ce, bien que le siège de Standard Chartered en UE reste Francfort.

La culture de l’autre

Géopolitique et brassage culturel : la banque anglaise connaît ces sujets depuis 170 ans. Spécialiste des pays émergents, elle opère notamment en Asie pour des clients de la zone ou pour ses clients français et d’Europe du sud sur les territoires en développement.  Les équipes ont dû s’adapter au ralentissement chinois, qui n’a toutefois pas empêché Standard Chartered de réaliser de bons résultats en Asie puisque d’autres États se montrent très attractifs. À commencer par l’Inde. "C’est un pays qui reste très compliqué mais il tire son épingle du jeu, notamment grâce à sa force démographique et sa soif de développement", explique Caroline Eber-Ittel qui y va une fois par an. La banquière note qu’il y a quinze ans ses interlocuteurs avaient fait leurs études aux États-Unis mais qu’aujourd’hui ils ont tous été formés au pays de Modi. Ce qui en dit long sur le chemin parcouru par le pays et la ferveur qui l’anime et sur laquelle les Français pourraient prendre exemple.

Esprit entrepreneurial

Standard Chartered y a notamment mené un projet pour Engie dans les énergies renouvelables, sujet cher à la banque. Elle a également travaillé avec le géant de l’énergie français au Moyen-Orient sur un programme d’électrification d’une route en Arabie saoudite l’an dernier. "Quand on parle de pays émergents, on parle forcément de projets d’infrastructures", rappelle Caroline Eber-Ittel. La banque est également et historiquement sur le marché d’Afrique sub-saharienne même s’il n’est pas le plus porteur. Plus récemment, Paris s’est développé sur le territoire français et Standard Chartered dans son ensemble sur le continent américain. "Nous n’aurions pas pu faire cela il y a sept ans, estime la dirigeante. Même si Standard Chartered est une ‘vieille dame anglaise’, nous évoluons et gardons un esprit très entrepreneurial." Une stratégie qui porte ses fruits puisqu’au premier trimestre, le groupe a enregistré un bénéfice 5 %, à 1,4 milliard de dollars, après une très belle année 2023.

Pour la suite, Caroline Eber-Ittel entend développer sa salle de marché parisienne ainsi que l'équipe de financement de projets et d’exportations. La banquière venue de Deutsche Bank se félicite de l’attractivité gagnée par la place parisienne même si cela durcit la guerre des talents, notamment féminins. Car le combat pour davantage de diversité en finance reste un engagement de tous les instants. "À chaque entretien d'embauche avec un homme, je vérifie l'ouverture à la diversité et en particulier au féminisme du candidat. Et j’ai de tout en guise de réponse !", constate Caroline Eber-Ittel. L’important est de montrer la voie. La patronne de Standard Chartered France le fait avec convictions.

Olivia Vignaud

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