Après un premier semestre morose en comparaison des années fastes post-Covid, le marché des fusions-acquisitions commence à se redresser. Les problématiques liées à l’ESG et à la digitalisation pourraient continuer à bénéficier aux transactions dans les mois qui viennent.

Cela aurait pu être pire. Après un début d’année morose, les fusions et acquisitions reprennent quelques couleurs en ce deuxième semestre, permettant de limiter la casse à l’approche du bilan 2023. Entre le 1er janvier et le 5 décembre, à l’échelle mondiale 30 083 deals ont été annoncés pour un montant total de 1 882 milliards de dollars. Sur l’année 2022, 39 283 opérations avaient été enregistrées pour une valeur de 2 975 milliards, selon les chiffres du Boston Consulting Group. Cette chute
fait suite à une année 2021 exceptionnelle (43 067 deals). Des niveaux records avaient alors été enregistrés sur fond de rattrapage de l’activité post-Covid. Le vent avait commencé à tourner fin 2022 notamment aux États-Unis, au Canada, en France et en Allemagne tandis que l’Inde, Taïwan, l’Italie et la Roumanie affichaient des marchés plus résilients.

Un cocktail chagrin

"Cette année, les dealmakers ont été confrontés aux défis les plus importants depuis la crise financière de 2008-2009, explique le BCG. La hausse des taux d’intérêt, les tensions géopolitiques et les craintes de récession ont entraîné un ralentissement durable de l’activité de transaction qui a atteint son point le plus bas au premier trimestre 2023." Depuis, les acteurs commencent à revenir à la table des négociations. "L’activité de fusions et d’acquisitions semble se stabiliser, certaines régions et certains secteurs se redressant plus rapidement que d’autres."

Le Vieux Continent à la peine

En Europe, l’année n’a pas été belle. Le premier semestre a vu la valeur cumulée des deals baisser de 55 % par rapport à 2022, soit davantage que les 45 % de baisse mondiale. Mais le Vieux Continent a aussi sauvé les meubles en deuxième partie d’année. "Les grandes transactions (celles dont la valeur est supérieure à 500 millions de dollars) ont été le principal moteur de cette reprise, explicite Jens Kengelbach, managing director au sein de BCG en Allemagne. Malgré cela, l’activité reste inférieure aux moyennes de long terme." Les technologies vertes, les matériaux et le software ont toutefois tiré leur épingle du jeu, particulièrement sur les deals d’envergure.

"La hausse des taux d’intérêt, les tensions géopolitiques et les craintes de récession ont entraîné un ralentissement durable de l’activité de transaction"

De son côté, l’Amérique du Nord suit la dynamique globale (-37 % de valeur pour les deals). Le deuxième trimestre a vu une baisse des grandes et petites transactions. Malgré tout, la santé, l’énergie et les matériaux restent des secteurs relativement actifs. Parmi les plus gros deals de 2023, on notera l’acquisition par Pfizer de la biotech Seagen pour 43,8 milliards de dollars, le rachat de l’entreprise de cybersécurité Splunk par Cisco Systems pour une opération à 28 milliards de dollars, ou encore le rachat de Magellan Midstream Partners par Oneok pour 18,8 milliards de dollars.

Dans les mois qui viennent, les objectifs ESG et la digitalisation des sociétés continueront à alimenter le marché. "La rareté des capitaux devrait stimuler les opérations de transformation afin de permettre aux entreprises de remodeler leur portefeuille ou d’entrer dans des secteurs à plus forte croissance." Et faciliter la reprise pour 2024 ?

Olivia Vignaud

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