Jean-Philippe Bescond est associé-gérant chez Lazard. Pur produit de la banque d’affaires, celle-ci l’a vu grandir et s’épanouir au cours des dix-huit dernières années.

Décideurs. Au cours de votre carrière, quelle a été l’opération qui vous a le plus marquée ? Et pour quelles raisons ? 

Jean-Philippe Bescond. Il y en a évidemment plusieurs mais si je ne devais en choisir qu’une, j’opterais pour une récente. Celle-ci se détache des autres par son originalité, sa complexité mais aussi parce que j’ai pris beaucoup de plaisir à la mener. Il s’agit de la Ligue de Football Professionnel (LFP) que nous avons conseillée sur un deal annoncé au printemps de cette année. Nous avons eu la chance d’intervenir aux côtés de Vincent Labrune, son président, et toute son équipe pour les conseiller et réaliser une opération totalement innovante amenant à la création d’une société commerciale et à l’entrée du fonds d’investissement CVC à son capital à hauteur de 13 % pour 1,5 milliard d’euros, valorisant ainsi cette entité commerciale à 11,5 milliards d’euros. 

Le contexte était alors très particulier pour l’univers du football français mais aussi pour le monde en général, car la transaction a été annoncée au début de la guerre en Ukraine au printemps 2022. Nous avons travaillé 18 mois pour mettre en œuvre ce deal et j’étais au cœur de tout le processus grâce à mes relations auprès de la LFP et des fonds de Private Equity afin de réaliser cette opération très complexe. Par ailleurs, l’ambiance était fantastique entre le client, l’équipe et tous les conseils.

Je ne peux pas non plus ne pas citer toutes les opérations que nous avons réalisé pour Danone, client historique de Lazard et que je suis depuis mes premiers jours au sein de la banque. L’acquisition de Numico, la vente des biscuits LU, ou encore le rachat de WhiteWave, sont autant de transactions transformantes qui ont marqué le groupe. Elles sont ainsi très valorisantes en qualité de banquier conseil.

Quel est votre pire souvenir professionnel ? Et le meilleur ? 

Les meilleurs souvenirs sont lorsque des opérations au long cours se finalisent et que les clients sont très satisfaits. Les mauvais, nous nous efforçons de les évacuer très vite. Nous ne sommes que des conseils et notre métier est un perpétuel recommencement. 

Nous avons parfois pu perdre des opérations pour des raisons réglementaires ou juridiques, ce qui engendre une grande frustration. Forcément, nous n’aimons pas perdre, par définition, mais sur des points externes au prix, cela laisse toujours un petit goût encore plus amer.

"La vertu d’avoir toujours travaillé chez Lazard, c’est d’avoir été au contact de personnes extraordinaires"

Qui était votre mentor ? 

J’ai eu la chance d’en avoir plusieurs. La vertu d’avoir toujours travaillé chez Lazard, c’est d’avoir été au contact de personnes extraordinaires à tout niveau et toutes classes d’âge confondues. Encore aujourd’hui présentes au sein de la banque, des personnalités comme Jean-Louis Girodolle ou François Guichot-Pérère sont très inspirantes et j’ai toujours beaucoup de plaisir à échanger avec eux. Mais aussi Stéphane Droulers, Alexandre Benais, désormais directeur général de Téthys Invest, ou encore Nicolas Constant qui a rejoint l’aventure Centerview, ont marqué ma carrière et m’ont permis de grandir. Je leur en suis très reconnaissant.

En dehors de votre métier, avez-vous des passions en particulier ? 

J’essaye d’en avoir, il est important de sortir la tête du boulot. J’aime beaucoup voyager, j’ai grandi au bord de la mer, à Saint-Malo, ce qui a fait de moi un passionné de voile et de nautisme en général. J’aime aussi le football, le deal de la Ligue m’a donc particulièrement porté. 

Quelle musique écoutez-vous avant de closer un deal ? 

Cela dépend vraiment du moment. Je suis très bon public en matière musicale avec des gouts très éclectiques. Je peux passer de Léonard Cohen au dernier tube de rap du moment, avec des playlists très variées. En ce moment je suis très rétro et j’écoute pas mal de Pink Floyd. Ça date d’il y a trois jours et ça changera sûrement demain. 

Parcours

  • 2004 : sort diplômé de l’ESCP
  • La même année : intègre Lazard où il travaille depuis plus 18 ans
  • 2020 : nommé associé-gérant 

Propos recueillis par Béatrice Constans

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