Le fonds d’investissement spécialisé dans les technologies de l’éducation vient de closer son deuxième fonds. Un véhicule de 100 millions d’euros qui lui permettra de soutenir le développement de futurs leaders français et européens.

Vous connaissez peut-être les Fintech, les Legaltech, les Greentech ou encore les Biotech, mais avez-vous déjà entendu parler des Edtech ? Les start-up spécialisées dans le secteur de l’éducation et de la formation sont en plein boom. Rien que l’an dernier, trente-deux d’entre elles ont atteint le statut de licorne. Sur la même période plus de 20 milliards de dollars ont été investis dans le domaine (contre 16 milliards en 2020) dont 3 milliards en Europe. Afin de soutenir le développement de leaders français et européens, le fonds d’investissement hexagonal Educapital vient de closer un fonds de 100 millions d’euros, le plus grand du Vieux Continent sur le segment.

Vaste secteur

Educapital n’en est pas à son coup d’essai. En 2017, la société levait 47 millions d’euros. Une somme depuis investie dans vingt entreprises dont l’objectif consiste à transformer la manière d’apprendre et d’enseigner de la petite enfance à l’âge adulte. Jouets éducatifs, formations continues, coaching, soutien scolaire : le terrain de jeu est vaste. Educapital a notamment soutenu Lunii qui s’est fait connaître avec sa Fabrique à histoires, une conteuse audio interactive sans ondes et sans écran pour les enfants de 3 à 8 ans. Le fonds a également pris des parts dans Digischool qui propose du soutien scolaire, des parcours d’apprentissage complet de langues ou encore des cours de code de la route. Dans un autre style, Educapital accompagne Wecandoo, une start-up qui permet de fabriquer des objets dans des ateliers d’artisans.

En 2021, trente-deux Edtech ont décroché le statut de licornes

Le fonds d’investissement intervient en grande partie sur des levées de fonds de série A afin d’aider des sociétés ayant déjà fait la preuve de leur modèle mais devant passer à la vitesse supérieure pour conquérir leur marché ou de nouveaux pays. Dans le cadre de son nouveau fonds, Educapital envisage de prendre des tickets plus importants qu’il ne l’a fait jusqu’ici. "Le marché de l’Edtech a explosé avec la crise de la Covid, explique Marie-Christine Levet, cofondatrice et directrice du fonds. Du jour au lendemain, les gens ont découvert ce secteur. Selon les experts, on aurait gagné entre cinq et dix ans en termes d’adoption des usages."

Enjeux sociaux et de souveraineté

Pour la dirigeante, le développement de technologies de l’éducation en France et en Europe est un enjeu de souveraineté : "Il faut éviter que les Gafam ne pénètrent dans nos salles de classe. Ce qu’on a pu voir pendant les confinements avec des cours dispensés via des plateformes américaines dont l’enjeu n’est pas de faire du numérique éducatif." L’enjeu est également social. Les processus de formation peuvent s’adapter à la manière d’apprendre de chacun sont un moyen de lutter contre le décrochage scolaire. "Les technologies et l’utilisation de l’intelligence artificielle permettent d’offrir des parcours personnalisés en s’adaptant le plus possible à la manière dont le cerveau retient les informations", insiste Marie-Christine Levet. Les tarifs des cours sur internet sont également moins élevés que des cours particuliers en présentiel réservés aux foyers qui peuvent se le permettre. Ces nouveaux moyens d’apprendre s’adressent au public comme au privé. En France, la réforme de la formation professionnelle a donné un coup de boost aux formations mais beaucoup reste encore à faire, notamment dans les outils à destination des professeurs. Educapital entend bien porter la bonne parole sur le sujet, financer les initiatives et partager son expérience.

Olivia Vignaud

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