À la tête de la direction fiscale France de Coca-Cola, Frédéric Gourlot a bouclé la fusion complexe de trois embouteilleurs en une seule entité. L’expert revient sur cette opération et détaille les enjeux plus généraux de sa fonction au sein d’un groupe d’envergure mondiale.

Décideurs. Quel est votre périmètre de fonction chez Coca-Cola Entreprises ?

Frédéric Gourlot. J'ai rejoint CCEP il y a cinq ans, et je suis actuellement directeur fiscal France. Je couvre également les aspects fiscaux liés aux opérations de financement du groupe. Il s’agit à la fois d’un rôle local et corporate. Mon périmètre est très large, puisqu'il couvre notamment la gestion des problématiques de compliance fiscale, le reporting fiscal et les contrôles fiscaux pour la France. À cet égard, je m'assure que toutes les décisions sont bien pesées et documentées. J’interviens aussi en qualité de business partner efficace, opérant de manière proactive et collaborative pour fournir des services de qualité soutenant des initiatives clés, au niveau local ou corporate. Enfin, mes attributions incluent une mission de conseil et d’assistance du service trésorerie sur les aspects fiscaux des activités de gestion de trésorerie et de financement, y compris les opérations de couverture, l'émission de nouvelles dettes ou le refinancement.

  

Quelle était votre dernière mission d’envergure ?
La mission la plus importante à laquelle j'ai participé était, bien entendu, la fusion entre trois embouteilleurs pour former Coca-Cola European Partners, le plus grand embouteilleur indépendant de Coca-Cola, et toutes les opérations d'intégration ultérieures. En effet, les sociétés Coca-Cola Enterprises, Coca-Cola Iberian Partners et Coca-Cola Erfrischungsgetränke ont fusionné en 2016 pour devenir le plus important embouteilleur indépendant de Coca-Cola au monde en termes de chiffre d'affaires. C'était un projet très complexe, impliquant de nombreuses parties prenantes, sur lequel toute l'équipe fiscale a été fortement impliquée. Plus récemment, je me suis pleinement impliqué dans des projets de diversification de notre portefeuille, tels que l'intégration de divers nouveaux produits dans notre portefeuille de marques.

  « La fusion entre trois embouteilleurs, pour former Coca-Cola European Partners, fut un projet complexe »

Pourquoi avoir rendu publique votre stratégie fiscale ?

En tant que société cotée au Royaume-Uni, CCEP est dans l’obligation de procéder à cette publication sur notre site Web. Nous y voyons une source d’opportunités : cela permet de fournir de manière transparente des informations à nos parties prenantes sur notre approche en matière de fiscalité. Cette publication est l’occasion de souligner le faitd’affirmer que nous nous conformons aux lois fiscales de manière responsable et que nous alignons notre stratégie fiscale sur notre stratégie commerciale. De cette façon, nous rassurons les parties prenantes sur le fait que les affaires fiscales sont sous contrôle et que les risques sont gérés. De plus, cela nous permet d’expliquer que les impôts et taxes que nous payons ont un impact économique pour notre entreprise et pour la société.

 

Que pensez-vous du projet de réforme du régime d’intégration fiscale en France ?
Le régime français d'intégration fiscale doit être mis en conformité avec le droit communautaire et, par conséquent, certaines modifications sont nécessaires. Cependant, les modifications proposées par le projet de loi de finances rendent le régime d’intégration fiscale moins neutre, car cette harmonisation se fait par le bas. En effet, certaines transactions intragroupes ne seraient plus neutralisées : je ne suis pas certain que c’était un effet recherché par cet amendement dont l’objet était d’assurer le respect de la législation de l'union européenne.

 

À quoi ressemblera la fonction fiscale dans quinze ans ?

La fonction fiscale aura une importance stratégique. L'équipe de demain devra maintenir une orientation stratégique et contribuer à la valeur de l'entreprise, tout en protégeant sa réputation et en garantissant l'exactitude de ses comptes. Les prochains défis seront, bien sûr, très difficiles : le passage à l’ère digitale et à un environnement post BEPS.

Sybille Vié

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