Confronté à des tendances nouvelles et à une digitalisation massive, le monde de l’assurance connaît une transformation sans précédent. Olivier Requin revient sur plusieurs enjeux auxquels est confrontée la profession.

Décideurs : À quels nouveaux risques devez-vous faire face dans le cadre de vos activités ?

Olivier Requin : Un assureur accompagne les évolutions sociologiques, il ne les provoque pas. En lançant son offre d’assurance cyber à destination des entreprises, le groupe Matmut s’adapte à une époque de forte digitalisation de nos sociétés. Dans le domaine de l’assurance des particuliers, je préfère évoquer des évolutions sociétales et consuméristes plutôt que des nouvelles typologies de risques. L’automobile, notamment, est déjà et sera fortement touchée dans le futur par la bascule progressive de la propriété du bien vers son usage.

En assurance habitation, autre métier phare du groupe Matmut, le constat est-il similaire ?

Oui, les nouveaux outils digitaux et les tendances collaboratives de consommation transforment profondément le rôle de l’assureur. Les modes de vie évoluent et l’assurance habitation, dans le sens où elle concerne directement la cellule familiale, constitue un enjeu majeur dans notre relation aux sociétaires. Nous envisageons désormais globalement l’écosystème dédié à l’habitat, avec notamment des services complémentaires utiles en matière d’objets connectés, de services digitaux, mais aussi d’indemnisation…

La Matmut est partenaire du projet Rouen Normandy Autonomous Lab, un service de mobilité autonome partagé et à la demande. Pourquoi s’être associé à ce projet ?

Nous sommes fiers d’être partie-prenante de cette expérimentation, unique car elle intègre pour la première fois en Europe un service de transport public en véhicules autonomes dans un réseau de transport en commun. Tout d’abord, l’automobile est indissociable du fonctionnement de notre entreprise : l’assurance automobile est un produit proposé par la Matmut depuis plus de cinquante-cinq ans. Ensuite, l’expérimentation a lieu sur le territoire rouennais, berceau de la Matmut et lieu d’implantation du siège social. Enfin, ce projet s’inscrit parfaitement dans la démarche d’innovation du groupe, pragmatique et collaborative. Dans le cadre de l’expérimentation, nous sommes pilotes d’un groupe de travail sur les aspects réglementaires, juridiques…

« Un assureur accompagne les évolutions sociologiques, il ne les provoque pas »

Justement, comment analysez-vous l’impact des véhicules autonomes, demain, en matière de responsabilités ?

La réglementation actuelle est adaptée aux véhicules autonomes puisque, quoi qu’il arrive, l’assureur du véhicule impliqué dans l’accident est tenu d’intervenir en première instance. Les victimes sont ainsi indemnisées, sans avoir à attendre que la question des responsabilités soit tranchée, et c’est le plus important. Ensuite, bien évidemment, sont examinées les actions propres au véhicule autonome, aux technologies embarquées : recours auprès des constructeurs ? Des fabricants de radars ? Des pouvoirs publics ? En même temps, l’expérimentation menée sur la métropole rouennaise nous permet de poser les premières pierres de notre offre assurantielle de demain.

Le groupe a lancé en avril dernier Matmut Connect Auto, une expérimentation de télématique embarquée. Quel est l’objectif de ce dispositif ?  

J’évoquais la démarche de notre groupe en matière d’innovation. Nouvelle illustration avec l’expérimentation de télématique automobile embarquée issue de notre collaboration avec Michelin. Là encore, l’idée est d’anticiper les mobilités de demain, en travaillant sur l’utilisation des données, et ce, afin de proposer les meilleures couvertures assurantielles. En même temps, grâce à ce dispositif, nous permettons à nos assurés de bénéficier de conseils de conduite personnalisés, la prévention des risques routiers étant dans l’ADN même de la Matmut.

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