Cofondatrice de la fintech française Origin Investing, Audrey Stewart nous explique comment son produit phare, le MiniPP, va élargir les solutions de financement des PME et offrir des taux d'intérêt avantageux aux investisseurs privés.

Dealmakers. Origin Investing se présente comme un nouvel acteur du financement des PME. Pouvez-vous résumer ce projet original ?

Audrey Stewart. Origin Investing a été créé il y a deux ans. Nous avons d’abord fait les démarches réglementaires nécessaires afin d’obtenir un agrément de prestataire de services d’investissement (PSI) auprès de l’AMF et de l’ACPR. Début octobre, nous avons lancé, à l’attention des PME, une offre de financement alternatif, constituée sous forme de produit : le « MiniPP », ou mini-placement privé, à l’instar de l’Euro PP qui existe déjà pour les grandes entreprises. Nous avons levé 2 M€ il y a plus d’un an et finalisons actuellement un autre tour de table auquel de nouveaux souscripteurs peuvent se joindre.

 

Vous avez donc observé une vraie demande de financement alternatif de la part des PME ?

Oui. Les banques font bien leur travail avec les TPE, en garantissant leurs prêts avec des sûretés, covenants, et autres cautions personnelles… Cela fonctionne bien. En haut de la pyramide des besoins de financement, les ETI et les grandes entreprises ont à peu près tous les outils bancaires, obligataires et equity à leur disposition. En revanche, les PME sont totalement dépendantes des banques. Hors auto financement, la PME moyenne dépend à 99 % sur le crédit bancaire. Or, comme les établissements financiers ne sont pas les rois du sur-mesure pour les PME, ces dernières ont souvent du mal à financer certains investissements, notamment lorsqu’il s’agit de projets immatériels ou de refinancements. C’est là qu’Origin Investing intervient et leur propose une solution de diversification.

 

Êtes-vous aujourd’hui prêt à passer à l’offensive et avec quels moyens ?

Nous ne sommes pas là pour faire un coup. Nous préférons parler de notre produit, le MiniPP, plutôt que de notre société, Origin Investing. Demain, l’objectif est qu’il devienne la référence sur le marché du financement des PME par la dette. Nous allons soutenir les sociétés de tous secteurs, hors bancassurance et immobilier. Le mini PP a l’avantage de proposer un remboursement in fine, ce qui laisse le temps à l’entreprise de percevoir ses retours sur investissement.

Le mini PP a l’avantage de proposer un remboursement in fine, ce qui laisse le temps à l’entreprise de percevoir ses retours sur investissement.

 

On sait que certains fonds de private equity/debt sont friands de PME à la recherche de solutions financières, pour des projets immatériels par exemple. Cela ne vous fait pas peur ?

C’est un argument oui, mais qui a surtout une valeur dans le microcosme parisien. La PME familiale du Tarn, qui conçoit des circuits électroniques, n’a pas le réflexe d’aller voir un fonds. Elle pense intuitivement au crédit bancaire. Sans parler des sociétés qui ne veulent pas ouvrir leur capital. Le capital-développement est souvent une solution de dernier recours pour ce type d’acteur. Pas d’intrusion des créanciers dans les affaires de la société avec le MiniPP puisque Origin devient son seul interlocuteur.

 

Qui investit ? Pour combien ? Et comment vous rémunérez-vous ?

Les financements vont de 1 à 5 M€ avec un ticket minimum de 100 K€ par investisseur professionnel au sens de l’AMF. Il s’agit d’institutionnels, de family offices ou d’individus très fortunés oeuvrant par le biais d’une holding. À terme, nous voulons créer un fonds de dette dédié à Origin en partenariat avec une société de gestion existante. Aujourd’hui, notre rémunération se compose des success fees versés par les sociétés financées (4 % à 5 % du MiniPP), et des frais de gestion pris sur les intérêts.

 

Quant aux entreprises, elles doivent produire des reportings que nous analysons et mettons en ligne sur notre plate-forme digitale à l’attention des créanciers concernés. Nous gérons le paiement des coupons et, en cas de défaut, le recouvrement. Nous avons étudié 90 dossiers jusqu’ici dont treize ont été pré-selectionnés et seront présentés devant un comité indépendant. Le premier deal sera conclu vers la fin du mois de janvier et trois ou quatre autres devraient sortir dès le premier trimestre 2017.

 

Vous ne prenez pas de garanties. Votre sélection des dossiers est donc très rigoureuse ?

Oui, c’est risqué. Mais là où la banque prend entre 1,5 % et 2 % d’intérêts, nous offrons des taux entre 4 % et 8 % sur des entreprises nécessairement rentables. Notre méthode de sélection est pour moitié technologique et moitié humaine. D’une part, nous utilisons un scoring quantitatif de l’entreprise sur la base de ses performances financières afin de calculer une probabilité de défaut. D’autre part, nos analystes se penchent aussi sur la qualité du management, le secteur et les produits, afin de déterminer les meilleures opportunités d’investissement.

 

FS

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