Directeur général adjoint de Verspieren (troisième groupe de courtage en France), François Leduc accorde une importance capitale aux produits d’assurances qu’il conçoit et distribue. Selon lui, couvrir ses risques est le meilleur moyen de laisser pleinement s’exprimer sa liberté d’entreprendre. Un vaste projet dans un univers qui ne cesse d’évoluer.

Décideurs. Quelles sont aujourd’hui vos principales missions auprès de vos clients ?

François Leduc. Notre travail, en tant que courtier, est de trouver les solutions pour que le risque ne survienne pas ou alors de limiter les effets néfastes que la survenue d’un risque pourrait provoquer. Ces étapes correspondent à du conseil pur. Ensuite, le financement du risque est absolument essentiel. S’il est impossible d’éradiquer la menace, il faut transférer au meilleur prix les potentialités de coûts et de pertes. Ce sont nos relations avec les assurances qui sont alors primordiales.

 

Quels sont les nouveaux risques auxquels sont confrontées les entreprises ?

Plusieurs tendances se détachent dans les récentes analyses des risk managers. D’abord, l’univers cyber paraît particulièrement exposé. Tout le monde a encore à l’esprit les attaques dont ont été victimes Sony ou France 24. Le secteur est émergent et les enjeux ne sont pas encore bien identifiés par les entreprises. Cela se lit à travers les faibles taux de souscription enregistrés dans ce domaine, même si ces chiffres évoluent très vite. D’autre part, les risques climatiques ne sont pas qu’un effet de mode et mettent en lumière la météo-sensibilité de nombreuses activités. Les événements naturels peuvent avoir de terribles conséquences sur la chaîne logistique alors que les ventes de nombreux produits sont directement affectées par des événements climatiques. Ainsi, nous avons pu mettre en place des produits d’assurance innovants où certains acteurs reçoivent une indemnité forfaitaire dès que certains indices (pluviométrie, sécheresse etc.) sont atteints. Dans ce contexte, le préjudice réel n’est même pas calculé. Ce type d’offres reste aujourd’hui très marginal sur le marché. Enfin, l'amplification de la fraude, mis en avant dans l’actualité récente, cristallisent certaines craintes des entreprises. Fraude au président, fraude à l’administration, ou encore fraude aux fournisseurs : les menaces sont nombreuses.

 

Qu’en est-il du risque terroriste ?

En matière d’assurance, la législation française fait que les entreprises sont obligatoirement couvertes contre le risque de terrorisme à partir du moment où elles souscrivent à une garantie de dommages. Le problème peut en revanche se poser à l’étranger. Le sujet reste une préoccupation des entreprises mais des solutions existent pour couvrir efficacement les risques qui planent sur leurs biens. Le marché de l’assurance est déjà bien équipé pour ça. Autre vulnérabilité en pointe : les risques de supply chain par exemple. La dépendance auprès d’un panel réduit de fournisseurs peut être désastreuse si ces derniers sont affectés par des catastrophes, même à l’autre bout du monde. Les inondations de 2011 en Asie du Sud-Est ont eu de graves répercussions sur une multitude d'industriels de l'informatique ou de l'automobile qui ont vu leur production ralentir, voire même s’arrêter.

 

Nous connaissons la onzième année de baisse tarifaire consécutive sur le marché des assurances d’entreprise. 

 

Le monde de l’assurance avait accumulé un certain retard sur les nouveaux usages du numérique. Avec les moyens colossaux des acteurs de cet univers, ce retard est en passe d’être comblé. Comment participez-vous à ce mouvement de fond ?

Les start-up émergentes entraînent dans leur sillage de nouveaux besoins de couvertures. Les risques cyber sont ainsi essentiels pour bon nombre d’acteurs dont la valeur ajoutée repose sur l’usage de nouvelles technologies. Le groupe Verspieren souhaite s’imprégner de l’état d’esprit de ces structures légères et souples. Notre organisation, nos outils et notre mentalité : tous ces éléments sont déjà influencés positivement par notre attachement aux valeurs entrepreneuriales mais pourraient encore être améliorées grâce à l’influence de brillantes start-up. Notre programme Verspieren Smart Up répond à cette aspiration. Ce programme a pour ambition d’investir 500 000 euros par an dans des sociétés innovantes qui développent des outils répondant à nos besoins ou qui sont fortes d’une culture pouvant nous inspirer. Lancé au printemps 2016, ce fonds devrait finaliser ses premiers investissements dans les prochains mois.

 

Certains ingénieurs font partie de vos équipes. Cela semble étonnant pour un courtier. Quel est leur rôle ?

Depuis toujours, le risque incendie est au cœur des préoccupations de nos clients. Même aujourd’hui, cette partie traditionnelle de notre métier reste décisive en valeur. Dans ce contexte, les ingénieurs conseillent notre clientèle sur les meilleurs moyens de réduire les risques. Ces conseils en prévention et protection se sont depuis étendus à d’autres domaines comme les événements naturels, l'intrusion ou, avec nos partenaires, le cyber. Un diagnostic des vulnérabilités, dressé par des ingénieurs de formation, peut mener à la mise en place d’actions correctives. En portant le bilan de ces actions jusqu’à l’assureur, nous pouvons obtenir de meilleurs prix pour nos clients. Notre travail de conseil peut donc se doubler d’un travail de représentation.

 

Alors que les prix des produits d’assurance sont stables, à l’avantage des assurés, comment votre société de courtage parvient-elle à poursuivre sa croissance ?

Nous connaissons la onzième année de baisse tarifaire consécutive sur le marché des assurances d’entreprise. Ce mouvement obéit à une logique très simple : l’offre s’accroit bien plus vite que la demande. Les taux bas sont à l’origine de problèmes de rentabilité chez les principaux assureurs. Les acteurs de l’assurance vie développent leur offre dans l’IARD [Incendie, accidents et risques divers] dans l’espoir de trouver de nouveaux relais de croissance. Si ce marché est donc difficile, notre société reste bien outillée. Nos relations avec nos clients s’inscrivent dans la durée et notre indépendance capitalistique nous offre une stabilité sans commune mesure. Pour continuer de grandir, nous misons sur les nouveaux risques et sur nos investissements en France et à l’étranger. Sur ce marché atone, nos opérations de croissance externe nous sont très utiles. Notre stratégie de développement commercial ainsi que notre politique d’innovation restent malgré tout nos deux principaux piliers pour progresser dans cet univers en pleine évolution.

 

 

Propos recueillis par Thomas Bastin

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