Si 60 % des dirigeants souhaitent transmettre leur entreprise à la génération suivante, seulement 30 % y parviennent. Pour réussir à passer le cap, il faut anticiper la passation de pouvoir et la problématique fiscale.

Alors que la nouvelle génération rêve de tracer sa propre aventure entrepreneuriale, les sociétés familiales sont à la peine. Seules 30  % d’entre elles arrivent à la seconde génération, 15 % sont transmises à la troisième et seulement 5 % à la suivante. Il est loin le temps où le flambeau se passait fièrement de père en fils. Pourtant, 60 % des dirigeants jugent «  important  » de transmettre leur entreprise à la génération suivante, selon une étude réalisée par KPMG. Car, si les entreprises familiales souffrent de problèmes de transmission, leurs performances sont meilleures que celles des entreprises à capital diffus. Les études quantitatives montrent des ratios de performance supérieurs de 1 % à 2 %.

 

Évolutions sociétales

 

« Pour assurer une bonne transmission, il faut trente ans d’éducation, dix ans d’ancienneté et trois ans de passage de témoin  », explique Charles Darbonne, président de Darégal et fils de Luc Darbonne, président du Family Business Network France. Les héritiers doivent ainsi être prêts à consacrer une partie de leur vie à l’édifice familial. De son côté, la génération en place doit accepter à la fois de passer le flambeau, de cerner les attentes et de faire confiance. Des notions a priori évidentes. Pourtant, 64 % des membres de la jeune génération considèrent que les anciens auront du mal à céder les rênes de l’entreprise, selon l’étude Family Business « Bridging the gap », réalisée au niveau mondial par PWC. Les évolutions sociétales – indépendance croissante des enfants vis- à-vis de leurs parents, familles recomposées – expliquent aussi l’intérêt en berne pour les entreprises familiales. Le dirigeant actionnaire doit également se soucier de la problématique fiscale avec le paiement des droits de succession ou de donation sur les titres de l’entreprise. Dans certains cas, les montants en jeu peuvent conduire à la cession contrainte de l’entreprise. Conscient de l’importance des sociétés familiales dans le paysage économique français, l’État a, en 2003, instauré un mécanisme d’exonération partielle. Dénommé pacte Dutreil, il permet de bénéficier d’un abattement de 75  % de la valeur des parts qui sont transmises. En contrepartie, un engagement collectif de conservation doit être mis en place au moment de la transmission. Ce dernier doit porter sur un minimum de 34 % des titres et comprendre, parmi les signataires, au moins un dirigeant. Lors de la transmission, les héritiers s’engagent à conserver les titres reçus jusqu’au terme de l’engagement collectif en cours, puis pendant une durée minimale de quatre ans au titre de l’engagement individuel.

 

V. P.

 

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