Beaucoup d’économistes et de politiques s’accordent pour percevoir le scénario du Brexit comme une catastrophe pour la vie des affaires. Et pourtant… toutes les entreprises ne semblent pas inquiètes. C’est le cas de Bonduelle. Entretien avec son directeur financier et son directeur trésorerie.

Décideurs. Comment appréhendez-vous le scénario du Brexit ?
Grégory Sanson.
Notre volume d’affaires avec le Royaume-Uni est limité. Néanmoins, l’affaiblissement de la livre sterling impliquerait nécessairement des conséquences sur nos perspectives de développement outre-Manche. Assez paradoxalement, je pense que la place de Paris pourrait tirer parti d’un Brexit. On peut imaginer que de nombreux fonds installés à Londres feraient le choix de s’y délocaliser. Ce qui serait une bonne chose pour des entreprises mid-cap françaises comme Bonduelle puisque l’appétence de ces fonds serait alors plus importante. Sur la partie financement, Londres est un poste avancé de nombreux investisseurs internationaux, notamment américains, en matière de placements privés. Mais le Brexit n’aura que peu d’impacts : nous pourrions continuer à emprunter par leur intermédiaire à Londres ou même directement depuis Paris ou aux États-Unis. Cela entraînerait tout de même un morcellement du marché financier européen.

 

Décideurs. Et celui du Bremain ?
G. S.
Ce serait « business as usual ». On poursuivrait nos réflexions de développement pour s’y implanter. De manière générale, c’est plus l’idée qu’un pays puisse sortir de l’Union européenne qui soulève une problématique. On l’a vu précédemment avec la Grèce, ainsi que l’Espagne et l’Italie.

 

Décideurs. Bien que nous ne connaissions pas encore le résultat, ce référendum a-t-il déjà eu un impact ?
G. S.
Les conséquences sont relativement limitées. Nous abordons cette échéance avec une certaine tranquillité. Finalement, ces scénarios « Brexit/Bremain » concernent principalement la sphère financière. C’est également un signal politique. Mais cela ne touche que très peu la vie des affaires en elle-même.  

Alexis Wattinne. Sur les aspects de trésorerie, nous avons anticipé quelques opérations de change en vue d'un risque de volatilité accru. Des banques nous ont d'ores et déjà prévenus qu'elles ne seraient pas en mesure de traiter des opérations en livre sterling (GBP) cette fin de semaine. Ce sont plus les risques collatéraux éventuels sur les autres devises qui nous préoccupent et, plus généralement, le signal négatif qu'un Brexit donnerait sur la force de lUnion européenne et sa légitimité.

 

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz et Charlotte Fabre

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