Hisser Boursorama au rang de numéro un des banques en ligne était l’ambition de Marie Cheval, P-DG du groupe, lors de son arrivée en 2013. Mission réussie pour cette femme discrète mais efficace.

 

Trois ans après son arrivée, Boursorama prospère?: avec 800?000 clients, la banque en ligne a conforté, en 2015, sa place de numéro un en France. À l’international, la filiale de la Société générale détient désormais 100?% de l’espagnol Self Bank et de l’allemand OnVista. Une stratégie gagnante qui place désormais Boursorama parmi les acteurs clés en Europe. Modeste, Marie Cheval refuse de s’en attribuer tout le mérite?: «?Je suis arrivée au bon moment. La mentalité des gens est en train de changer.?» Toutefois, pour ses collaborateurs, il ne fait aucun doute qu’elle a joué un rôle majeur dans cette success story. Ses principaux atouts?: une vision du marché et une capacité de travail colossale. Quant à son style de management, proche et direct, il a convaincu les salariés.

 

La meilleure de sa génération

 

La clé de sa réussite?? Axer sa stratégie sur le client. Pour Marie Cheval, la notion de service est essentielle pour attirer et fidéliser les utilisateurs. Son objectif final?: construire la relation bancaire du futur. Elle mène ainsi une veille poussée sur les fintechs. Courant 2015, elle acquiert d’ailleurs Fiduceo, une start-up spécialisée dans les solutions de gestion de finances personnelles. Autre axe de développement, l’ergonomie du site. Début 2016, Boursorama lance une nouvelle version. «?Nous avons cherché à optimiser le parcours client. Par exemple, toutes les opérations les plus courantes sont accessibles dès le premier clic?», explique-t-elle. Pour le futur, la P-DG de Boursorama mise tout sur le big data en vue de personnaliser la relation pour fidéliser les clients. «?L’utilisation des données nous permet de transmettre le bon message au bon moment?», estime-t-elle.

 

Cette approche, centrée sur le service, a séduit Frédéric Oudéa lorsqu’il la débauche de La Banque postale en 2011. Selon lui, c’est la personne la plus douée de sa génération dans la banque de détail. Pourtant, rien ne la prédestinait à s’imposer dans ce milieu. Après avoir terminé l’ENA, cette fille de viticulteurs dans le champagne depuis douze générations choisit l’Inspection des finances sans idée de carrière précise. Elle estime que c’est la spécialité qui lui ouvrira le plus de portes. Très vite, elle se passionne pour le sujet. Douée et travailleuse, elle se fait remarquer par Patrick Werner qui lui propose de rejoindre son équipe pour créer La Banque postale. Il deviendra rapidement son mentor même si elle préfère ne pas employer ce terme. «?Il y a eu trop de personnes importantes dans ma carrière, je ne voudrais pas en froisser certains en n’en citant qu’un?», se justifie-t-elle. Pourtant, durant neuf ans, Marie Cheval gravira un à un les échelons de la banque à ses côtés. À seulement 35 ans, elle dirige alors une entité composée de 15?000 collaborateurs.

 

Inconditionnelle de George Clooney

 

Quand on la questionne sur ses hobbies, cette inconditionnelle de George Clooney sourit, gênée, et cite sans trop de conviction, «?le piano, l’opéra, le running et le ski?». Car en réalité, le peu de temps libre dont elle dispose, elle préfère le passer avec ses deux enfants. L’occasion pour elle d’aborder un sujet qui la touche?: la place des femmes dans les entreprises. «?Même si j’ai conscience de leurs limites, je suis pour l’instauration de quotas. Pour moi, c’est un mal nécessaire, juge Marie Cheval. Chez Boursorama, je suis vigilante à ce qu’il y ait une parité à tous les niveaux de management de l’entreprise.?» Mais elle a conscience que tout ne peut se régler au sein des entreprises?: «?Il faut arrêter de demander en permanence aux femmes comment elles font pour gérer enfants et carrière. C’est une question qui n’est jamais posée aux hommes.?» Pour arriver à concilier les deux, la patronne de Boursorama s’est seulement fixé des limites en refusant les offres qu’on lui proposait dans les conseils d’administration. À une exception près?: depuis 2013, elle siège au sein du conseil de surveillance de Laurent Perrier, l’un des rares groupes de maisons de champagne cotés en Bourse. «?Vu mes origines, je ne pouvais pas refuser?», plaisante-t-elle.

 

Vincent Paes

 

Marie Cheval en cinq dates :

 

1974 : Naissance

1999 : À sa sortie de l’ENA, elle rejoint l’Inspection générale des finances.

2002 : Elle intègre les services financiers de La Poste. Avec Patrick Werner, elle participera à la création de La Banque postale avant d’en prendre la tête.

2011 : Elle rejoint la banque pour prendre en charge les transactions et les services de paiement.

2013 : Marie Cheval est nommée P-DG de la banque en ligne.

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