Selon le cofondateur du fonds sectoriel consacré aux services financiers, la spécialisation fait plus de bien que de mal.

Décideurs. Malgré un track record de plus en plus fourni, BlackFin est moins connu que d’autres fonds sur la place. Quelle est sa marque de fabrique ?

Paul Mizrahi. Il est vrai que le closing de notre premier fonds (220 M€) remonte seulement à 2011. Notre équipe fondatrice, composée de quatre associés, provient de l’industrie financière (banque, assurances, gestion d’actifs…) et non du private equity. Cette caractéristique nous assure une proximité naturelle avec les entrepreneurs que nous accompagnons. Par conséquent, BlackFin est un fonds sectoriel qui investit exclusivement au sein de PME européennes continentales de la finance.

 

Décideurs. Quel est le spectre exact des métiers qui vous intéressent ?

P. M. Actionnaire majoritaire très actif par conviction, nous étudions environ 200 dossiers par an pour un rythme d’investissement situé autour de trois acquisitions sur une même période, sans compter les opérations de build-up. Nous recherchons des activités en croissance dans le domaine des services financiers. De fait, BlackFin n’est pas intéressé par les métiers de bilan des banques mais plutôt par ceux de l’intermédiation (brokerage), de l’asset management, de la banque ou de l’assurance en ligne ou encore des services de paiement.

 

Décideurs. Vous êtes sur le point de boucler votre deuxième véhicule à 400 M€ ! Le modèle du fonds stratégique/spécialisé, bien que rarement adopté, est donc un modèle qui fonctionne ?

P. M. En France, rares sont les fonds sectoriels. BlackFin est d’ailleurs le seul en finance. Néanmoins, nous avons plusieurs confrères au Royaume-Uni, mais ces derniers ne nous concurrencent pas sur des tailles de deals relatives, de 20 M€ à 40 M€ par société. Nous avons ainsi réalisé les transactions Santiane, RBS Luxembourg et une autre bientôt annoncée avec le fonds de deuxième génération.

La spécialisation, si elle nous permet d’approcher plus facilement entrepreneurs et actionnaires, a été rendue possible car les banques se sont moins focalisées sur l’intégration de PME à succès que sur la solidification de leurs bilans depuis la dernière crise financière. Ces institutions ont donc laissé le champ libre aux investisseurs financiers stratégiques tels que BlackFin.

 

Décideurs. Et que répondez-vous aux détracteurs des fonds spécialisés qui estiment que leur positionnement nuit à la bonne dispersion du risque ?

P. M. C’est effectivement une remarque que l’on entend mais qui n’est pas tant justifiée en pratique. La finance est en réalité un secteur extrêmement vaste composé de métiers aussi différents les uns que les autres. La dégringolade d’un broker ne va pas nécessairement entraîner celle d’un comparateur d’assurances ou d’un concepteur de logiciels. Selon nous, c’est d’ailleurs notre faculté à diversifier notre portefeuille au sein d’un unique secteur qui plaît aux LPs ! Par ailleurs, nos partenaires institutionnels profitent de la sous-pondération globale des services financiers chez les GPs pour varier leurs investissements.

 

FS

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