Le nouveau président de l'Afic nous dévoile son plan de route pour le private equity.
Décideurs. Vous venez de prendre vos fonctions à la tête de l’Afic. Quels sont vos objectifs ?
Michel Chabanel.
Notre ambition est de participer à l’élaboration d’un environnement politique, réglementaire et fiscal suffisamment attractif pour permettre aux acteurs du capital-investissement de participer pleinement au développement de nos entreprises, et donc de notre économie. Mes actions seront donc placées dans la continuité de celles qui avaient été réalisées par mes prédécesseurs. Il me paraît ainsi essentiel de poursuivre nos efforts de pédagogie vis-à-vis des pouvoirs politiques et économiques, des entrepreneurs et des investisseurs internationaux. C’est un travail de longue haleine qui est rendu difficile par la morosité ambiante. Les mesures fiscales prises par le gouvernement il y a maintenant deux ans ont freiné les levées de fonds auprès des investisseurs étrangers. Heureusement le track record de nos fonds d’investissement est excellent et le terreau économique français reste favorable.

Décideurs. Après une année 2013 décevante, quel regard portez-vous sur l’évolution du marché du capital-investissement ?
M. C.
L’évolution du marché du capital-investissement peut s’analyser sous deux angles différents.
Concernant les levées de fonds, 2013 a marqué un début d’embellie à 8,2 milliards d’euros. Pour la première fois depuis cinq ans, la levée a été supérieure aux investissements. Un chiffre encourageant qui masque toutefois de fortes disparités entre quelques très grands acteurs qui ont accès aux investisseurs étrangers et le plus grand nombre des sociétés de capital-investissement qui peinent à lever des fonds. L’Afic mène une action vigoureuse auprès des investisseurs institutionnels étrangers pour les convaincre du bien-fondé d’investir en France, et auprès des institutionnels français pour les sensibiliser à l’intérêt de la classe d’actifs.
S’agissant des investissements, ils sont dans la continuité de ce que l’on observe en moyenne depuis 2009, de 6, 5 milliards d’euros.

Décideurs. Le président François Hollande semble avoir pris conscience de la nécessité de soutenir les entreprises. Qu’attendez-vous de lui ?
M. C.
Mon prédécesseur à la tête de l’Afic, Louis Godron, a pris ses fonctions alors qu’une vague hostile au monde de la finance grondait : nous étions assimilés aux fonds dits « spéculatifs ». Or notre rôle est d’apporter des fonds propres aux entreprises afin qu’elles puissent financer leurs projets de croissance. Ce travail d’explication est un chemin au long cours, et nous sommes sur une pente positive.
Nous sommes sensibles à toutes les mesures qui renforcent la compétitivité de nos entreprises et qui simplifient notre environnement administratif et juridique. Nous souhaiterions également que l’épargne abondante en France soit plus incitée à venir financer l’économie.

Décideurs. Si le mur de la dette semble écarté, doit-on toutefois craindre de nouvelles restructurations de LBO ?
M. C.
Ce que certains ont appelé « le mur de la dette » reste un mythe. Certes, les montants en jeu sont importants, mais l’intérêt des parties prenantes est de réaménager la dette en bonne intelligence. D’ailleurs, la quasi-totalité, pour ne pas dire la totalité des acteurs qui en a eu besoin a réussi à se refinancer. De surcroît, le schéma de LBO à la française est très protecteur de l’activité et de l’emploi puisque la dette est placée dans des holdings.

Décideurs. Le gouvernement ne souffre-t-il pas de schizophrénie en critiquant d’un côté le monde de la finance et en soutenant, de l’autre, l’action de la BPI ?
M. C.
Beaucoup d’amalgames perdurent. La finance est essentielle au développement de l’économie. Au travers des banques, elle est le premier soutien aux entreprises. L’intervention de l’État par l’intermédiaire de la BPI est très utile. Nous Afic, investisseurs privés en capitaux propres, avons signé l’an passé avec la BPI une charte de bonnes pratiques qui précise les modalités d’intervention de la BPI en co-investissement et sans faire de surenchère aux offres du marché.

Décideurs. Ces dernières années ont été marquées par l’émergence du crowdfunding. Quel regard portez-vous sur le phénomène ?
M. C.
Il faut être réaliste, le financement des entreprises de croissance est un métier qui nécessite une expertise technique approfondie. À l’Afic nous sommes réservés à l’idée d’ouvrir ce placement en direct à des particuliers qui risquent à terme des déconvenues. En revanche nous soutenons le développement des FIP (fonds d’investissement de proximité) et des FCPI (fonds communs de placement dans l’innovation) qui permettent d’investir dans une sélection d’entreprises innovantes détectées par des professionnels de l’investissement en capital qui ont mutualisé le risque dans des fonds diversifiés sur plusieurs entreprises.

Retrouvez la suite de cette interview dans le guide capital investissement 2014 à paraitre 

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