Après Criteo, quelle est la prochaine pépite du fonds de capital venture Idinvest ?
Décideurs. Vous avez franchi fin 2014 la barre des cinq milliards d’euros d’encours. Un seuil symbolique ?
Christophe Bavière. Oui, et un cap important. Cela fait à peine cinq ans que nous avons changé de statut et que nous sommes devenus indépendant. La transformation n’allait pas de soi. L’indicateur qui montre qu’Idinvest marche est simple : avons-nous de nouveaux clients ? Oui, sur tous nos segments de métiers : equity, dette, etc. Notre credo, c’est de financer les entreprises et plus particulièrement les PME en Europe continentale.

Décideurs. Comment abordez-vous cette nouvelle année 2015 ?
C. B. Avec une conviction de fond : notre univers d’investissement est très large – nous avons financé plus de 3 500 sociétés à ce jour –, on est de loin l’avoir saturé. Le venture capital est, par exemple, un marché très prometteur. En revanche, l’environnement macroéconomique général reste morose. Les "trente glorieuses" sont loin derrière nous. Il faut donc, dans les opportunités, faire preuve d’une sélectivité extrêmement poussée. Ce travail ne m’a jamais semblé aussi nécessaire.

Décideurs. Vos critères de sélectivité ont-ils changé en conséquence ?
C. B. Oui. L’industrie du private equity est là pour financer les entreprises qui le méritent le plus. Nous croyons à deux scénarios principaux. Le premier, celui d’une entreprise petite et jeune très innovante. L’innovation, c’est le facteur clé d’accélération de la croissance. Une certaine forme d’innovation ne peut se produire que par des fractures importantes. Blablacar en est un exemple. L’Europe a un rôle à jouer. Il faut en finir avec l’autoflagellation permanente où la France excelle. Elle n’a aucune raison de le faire. Carmat, je le rappelle, c’est français. Le deuxième scénario, c’est une entreprise de taille moyenne non cotée avec laquelle nous allons travailler sur une stratégie de croissance externe. L’horizon de temps doit être suffisamment long : cinq à sept ans. Je pense que nous sommes aujourd’hui au tout début d’un big bang de consolidation de PME à l’échelle européenne.

Décideurs. Criteo, Deezer, Meetic… Comment avez-vous déniché toutes ces pépites ?
C.B. Ce sont autant elles que nous qui nous trouvons… et choisissons. Cela ne se résume pas à une simple affaire financière. L’entrepreneur cherche aussi à s’entourer de personnes compétentes et qui s’inscrivent dans une relation de longue durée. Les expériences réussies dans le passé suscitent l’intérêt. Aujourd’hui, nous avons défini plusieurs axes : les objets connectés, l’économie du sharing, la santé ou encore les clean tech.

Décideurs. Le crowdfunding constitue-t-il un moyen de sourcer ces entreprises ?
C. B. Oui. Le crowdfunding est l’antichambre du private equity. Notre avis est clair : tout ce qui contribue à allouer l’épargne des Français au financement des PME est bon. Aujourd’hui, elle ne l’est pas suffisamment. Pour autant, le crowdfunding n’est pas la même industrie que le venture capital. Eux, ils apportent des fonds. Nous, nous soutenons nos PME dans la durée avec 50 % de fonds, 50 % d’accompagnement.

Décideurs. Quelle est votre prochaine pépite ?
C. B. Il y en a plein ! (rires). J’en citerais une : Pretty simple. C’est elle qui édite le jeu Criminal Case. C’est le numéro deux mondial sur Facebook derrière Candy Crush.

Propos recueillis par Mathieu Marcinkiewicz

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