« Nous aurions la même recette d’IS avec une flat tax à 15 % sur les profits »
Décideurs. Quel regard portez-vous sur le rôle joué par la gauche et la droite sur l’attractivité fiscale de la France ?

Charles Beigbeder.
Cela fait trente ans que les prélèvements obligatoires se sont envolés, et pourtant le dernier budget « à l’équilibre » date de 1973 . Les années 1980 et la titularisation de nombreux agents travaillant dans les collectivités et les hôpitaux ont aggravé la situation. En une dizaine d’années, nous avons nationalisé de nombreuses entreprises françaises et sommes techniquement devenus un pays socialiste puisque l’activité aux mains de l’État était majoritaire dans le PIB national.
Avec la droite, il y a eu des baisses d’impôts en 1986-1987, en 1993-1995 et au début du mandat de Nicolas Sarkozy, mais nous n’avons pas réussi à ancrer ces efforts dans la durée.


Décideurs. Que faudrait-il faire selon vous aujourd'hui pour améliorer la situation ?

C. B.
La première des mesures serait le transfert au privé de toute une série de fonctions et de missions de service public ne relevant pas des pouvoirs régaliens. Nous devons réduire la part du public dans le PIB pour rejoindre les autres pays européens sous la barre des 50 %, ce qui représente un transfert de 130 milliards d’euros. Les organismes de sécurité sociale et l’éducation sont concernés par le propos, nous devrons simplement porter une attention particulière au cahier des charges.
Ensuite il ne faudra pas remplacer les titulaires dans les fonctions non régaliennes lors des départs à la retraite. Au besoin, il faudra remplacer ces emplois publics par des salariés sous CDI. C’est ce qui a très bien réussi chez France Télécom lorsque le statut du groupe a été changé en Epic, dans les années 1990. Cette stratégie en matière de ressources humaines a porté ses fruits sur le long terme puisqu’en 2020, près de la totalité des employés de France Télécom seront sous contrat privé.
Si l’on veut continuer à être solidaire avec les plus démunis et maintenir la cohésion de la société, on doit optimiser les dépenses et surtout créer de la richesse. Il faut améliorer l’efficacité du système et cela se fera avec la fin du « tout étatique ».


Décideurs. Pensez-vous que ces augmentations successives couplées à une instabilité latente puissent entraîner des délocalisations de sièges
sociaux ou d’équipes dirigeantes ?


C. B.
Arthur Laffer disait que trop d’impôt tue l’impôt, et je pense que la théorie du conseiller de Reagan trouve dans notre actualité une véritable démonstration grandeur nature.
On le dit depuis longtemps, un bon impôt est un impôt avec une assiette très large et un taux faible. Les impôts spéciaux et les niches fiscales handicapent l’État, troublent le message et favorisent le manque d’attractivité du territoire et les départs. Nous devons mettre à plat ce système vieillissant et repartir de zéro à l’aide d’une flat tax. La simplification du dispositif apparaît comme l’option la plus bénéfique. Si on établissait une taxe globale à 14 %-15 % pour les ménages, on sait aujourd’hui qu’on augmenterait les recettes tout en faisant de la France un paradis fiscal. 
Pour les entreprises, on aurait la même recette fiscale qu’actuellement avec une flat tax globale de 15 % sur les profits, en supprimant bien entendu toutes les niches fiscales existantes.
Enfin, il n’y a pas que le taux d’imposition qui entre en jeu dans l’attractivité d’un territoire. L’instabilité et la prolifération des taxes représentent un facteur nuisible qui freine la compétitivité des entreprises, exacerbe l’épargne et favorise les expatriations. C’est gênant pour la confiance, donc pour la croissance.

Crédits Photo Eugénie Martinez

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