Les élèves magistrats rendent hommage à un juge disparu le 10 mai dernier. La promotion 2024, la plus dense depuis la création de l’ENM, portera le nom du juge Renaud Van Ruymbeke.

Renaud Van Ruymbeke. C’est le nom de la promotion 2024 des élèves magistrats de l’École de la magistrature. L’ENM souligne que ce choix constitue "le signe d’une magistrature garante de la liberté individuelle, protectrice des droits de l’Homme, pilier de l’État de droit, respectueuse des justiciables comme de leurs Conseils". La magistrate Valérie Dervieux a applaudi cette décision qui "incarne les valeurs d’indépendance et de neutralité de la justice, le travail, la pugnacité, le respect… Bref, une certaine idée de la justice. Celle qui inspire, celle qui guide".

La liste de noms proposée par la promotion à dominante féminine (76 % de femmes parmi les 459 auditeurs) avait provoqué quelques crispations au sein de l’école des juges. À côté de propositions classiques (noms de la juriste Mireille Delmas-Marty, de Charlotte Béquignon-Lagarde, la première femme à avoir intégré la magistrature, ou du juge anticorruption Renaud Van Ruymbeke), deux détonnent : celle de Karim Khan, le procureur de la Cour pénale internationale qui a requis des mandats d'arrêt contre le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou, son ministre de la Défense Yoav Gallant et plusieurs dirigeants du Hamas, et celle de "Gaza". "Une telle politisation, chez des étudiants qui ont prêté serment et sont engagés dans une profession où la neutralité et l'indépendance sont des valeurs cardinales, pose une difficulté majeure", avait réagi un magistrat, intervenant intermittent à l'ENM auprès du journal Le Point. Tradition estudiantine sans valeur juridique, le choix du nom de la promotion vise à illustrer les valeurs qu’elle souhaite porter. La promotion 2022 s’était donné pour nom la "Tribune des 3 000" en référence à la tribune publiée dans Le Monde le 23 novembre 2021, cosignée par un collectif de juges, substituts et greffiers à la suite du suicide d’une jeune magistrate. Le texte dénonçait la dégradation des conditions de travail du personnel judiciaire, la perte de sens de leurs fonctions et le manque de moyens de l’institution.

Anne-Laure Blouin

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