Les enjeux climatiques ne cessent de se multiplier, prenant une ampleur qui nous dépasse. Adopté en 2015, l’objectif de l’Accord de Paris est de renforcer les engagements des pays du monde entier pour répondre à la menace du changement climatique et ce, en limitant l’augmentation de la température mondiale à 1,5 degré Celsius. Les entreprises s’adaptent et, pour les plus déterminées, prennent le sujet à bras-le-corps pour répondre au cri d’alarme lancé.

Le coût du changement climatique est estimé à 23 000 milliards de dollars d’ici 2050, selon une étude de Swiss Re. Et pour conduire les sociétés et institutionnels à une activité plus verte, nombre de réglementations sont mises en place. Il est alors urgent que les sociétés agissent pour réduire leur empreinte carbone.  

Une analyse des risques de plus en plus complexe 

L’activité des sociétés de gestion est basée sur la prise de risque d’investir ou non dans une entreprise. Les changements climatiques ainsi que les conséquences sur l’activité économique et sociale d’un pays constituent des risques nouveaux à intégrer dans leur stratégie d’investissement.  Les catastrophes naturelles, de plus en plus violentes, se traduisent par de lourdes conséquences financières. Néanmoins, les activités économiques d’un pays peuvent-elles subir également ces événements climatiques ? Ces problématiques représentent un risque pour la valeur d’un actif qui pourrait alors baisser, ce que cherchent à éviter les investisseurs. Leur analyse devient de plus en plus complexe du fait du nombre d’informations à mesurer et des nombreuses réglementations voyant le jour et auxquelles les sociétés doivent se référer. En premier lieu, l’article 173 de la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte spécifique aux investisseurs français reposait sur le devoir de transparence des sociétés de gestion en termes d’impact des investissements sur le climat. Puis est entré en vigueur le règlement dit "disclosure" imposant aux acteurs financiers la publication de rapports sur l’intégration des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance (ESG) et leur gestion du risque climat. La taxonomie a suivi en 2019 et plus récemment, la Sustainable Finance Disclosure Regulation (SFDR) qui a pour objectif d’encadrer la finance dans une transition écologique et durable, notamment par le biais des articles 8 et 9. Ces réglementations sont établies dans un seul et même but : pousser les acteurs de la finance à être plus exigeants en termes d’impact de leurs investissements mais également de résultats, grâce à un meilleur modèle d’analyse.  

L’émergence d’une prise de conscience 

Pour appréhender au mieux la crise climatique, certains acteurs de la place financière ont pris conscience des enjeux et ont revu leur stratégie pour respecter l’objectif des 1,5 degré. Par exemple, Mercer, leader de l’investissement durable à travers la recherche, le conseil et les solutions, s’est récemment engagé dans la réduction des émissions de carbone de son portefeuille d’au moins 45 % d’ici 2050 par rapport à son niveau de référence de 2019. À l’aide de son outil exclusif d’analyse pour la transition climatique (ACT), l’entreprise identifie les sociétés ayant une forte empreinte carbone et une faible prise en compte du risque de transition, et inversement. Cette évaluation lui permet alors de gérer le risque lié aux émissions élevées de carbone et de s’engager auprès des entreprises sur leur capacité à soutenir un objectif de zéro émission. Et Mercer est loin d’être un cas isolé. Nombreuses sont les compagnies qui s’efforcent de soutenir l’Accord mondial de Paris et des stratégies variées en matière de soutien au climat émergent. C’est le cas de Malakoff Humanis Gestion d’Actifs (MHGA) qui a conçu une politique de sortie de charbon afin de cesser tout financement de cette énergie d’ici 2030. De plus, leur stratégie climat intègre une politique de réduction de l’empreinte carbone grâce au développement des investissements portés sur des secteurs bas carbone, voire décarbonés. Les fonds thématiques et placements ISR, bien souvent considérés comme tendances, se développent jusqu’à détenir des gammes de gestion 100 % ISR, comme c’est le cas chez Invest AM pour sa gestion pilotée et sa gestion mandat. Les épargnants souhaitent rendre leur argent utile et le mettre au service d’une transition écologique nécessaire. Un pas encourageant pour l’avenir.  

Marine Fleury 

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