Fondée en 2015 dans la région Hauts-de-France, Exotec connait une croissance fulgurante. Première licorne industrielle française en 2022, elle développe des solutions d’entrepôts automatisés alliant robotique et logiciel. Sa flotte de robots, capables d’opérer au sol comme à des hauteurs élevées, répond aux problématiques de densification des espaces et limite les coûts fonciers et logistiques, comme l’explique Thomas Genestar, directeur général pour l’Europe de l’Ouest.
Thomas Genestar (Exotec) : "L'Europe de l'Ouest est particulièrement active dans la recherche d'optimisation logistique"
Quels besoins les entreprises expriment-elles sur l'optimisation de leur logistique ?
Les problématiques que rencontrent les entreprises se concentrent sur trois aspects : une meilleure utilisation du volume des entrepôts doit composer avec la cadence de prélèvement en plus de la diminution des coûts de la chaîne logistique. Le contexte foncier est complexe. Trouver des surfaces logistiques est de plus en plus difficile et les entreprises, pour des raisons financières ou de qualité de service, souhaitent se rapprocher de leurs clients.
Les besoins varient selon les secteurs. Dans l’e-commerce ou le retail, l’enjeu repose sur le délai de livraison quand des secteurs plus spécifiques, à l’image du luxe, ont des exigences plus particulières, notamment la traçabilité.
Comment la robotique vient-elle bousculer les méthodes traditionnelles d’optimisation ?
Le recours à des robots, capables d’opérer au sol et sur des hauteurs élevées, permet aux entreprises de densifier leurs surfaces de stockage. Un autre avantage tient à la possibilité d’additionner des robots à la flotte déjà existante le temps d’opérations commerciales ponctuelles pour adapter le flux à la demande. Bien sûr, cette solution prend en charge la partie la plus pénible de la main-d’œuvre, c’est-à-dire le déplacement ou le transport. De cette manière, l’humain est maintenu sur les tâches à haute valeur ajoutée, comme le prélèvement de la commande ou sa préparation.
Quelles industries témoignent d’une forte adaptabilité en matière de logistique ?
Les secteurs de l’e-commerce et de l’alimentaire ont été parmi les premiers à se saisir de l’enjeu logistique. Leur besoin d'agilité est crucial, notamment pour les acteurs du e-commerce qui doivent gérer des flux en continu. Quant au secteur alimentaire, il est déjà très mature en matière d’optimisation. Il s’agit d’une industrie très concurrentielle et donc particulièrement portée sur la réduction de ses coûts. Ses besoins restent bien réels mais demandent un travail encore plus poussé pour « optimiser sur de l’optimisation. »
Observez-vous des secteurs qui gagneraient à adopter ces technologies ?
Dans certains secteurs, la difficulté réside dans la transition de leur système vers des technologies plus modernes. Les industries lourdes ou plus traditionnelles peuvent être moins enclines à adopter rapidement ces nouvelles technologies, car cela implique des changements importants dans les processus établis.
"Une meilleure utilisation du volume des entrepôts doit composer avec la cadence de prélèvement en plus de la diminution des coûts de la chaîne logistique"
Votre périmètre couvre l'Europe de l’Ouest. À quelles spécificités êtes-vous confrontés sur cette zone ?
L'Europe de l'Ouest est particulièrement active dans la recherche d'optimisation logistique. Parmi les forces, nous disposons d’ores et déjà de l’appareil normatif et de standardisation européen. Les entreprises n’ont pas besoin de s’adapter aux différents marchés dans lesquels elles s’implantent. Des pays comme la France, le Royaume-Uni ou le Benelux, poussés par leurs grands ports mondiaux, drainent déjà une activité logistique importante. Ces régions du monde continuent d’attirer des projets majeurs d’optimisation de la chaîne.
On observe ensuite quelques disparités dans les approches. Certains de nos clients optent pour une logistique intégrée au niveau continental. Ils vont réfléchir à un schéma directeur en traitant l'Europe comme un marché global. D'autres réfléchissent pays par pays et cherchent à optimiser au niveau local.
Existe-t-il des synergies entre Exotec et les cabinets de conseil en stratégie ?
Les cabinets de conseil font un travail de veille pour présenter les solutions à leurs clients et orienter leurs réflexions. Les consultants ne rentrent pas toujours dans les détails techniques de ces solutions. Nous travaillons à une collaboration plus étroite avec eux pour leur expliquer ce que nous faisons. Nous organisons des visites de sites. Par exemple, nous avons récemment mis en service un entrepôt avec Renault. Nous sommes capables de préparer 4 000 lignes de préparation par heure, ce qui est un chiffre parlant pour les logisticiens. Nous organisons aussi des événements pour que nos prescripteurs se rencontrent et qu’ils échangent entre eux.
Propos recueillis par Sasha Alliel