L’industrie du sport est un terrain de jeu fertile pour l’innovation technologique. Dans les équipements ou les stades, l’IA s’immisce dans les moindres recoins au service de la performance.

"L’enjeu n’est plus dans le recueil de données", nous a déclaré Julien Piscione, à la tête du département des Sciences du sport et de la performance de la Fédération française de rugby (FFR), lors de la dernière édition du salon Big data & AI. Il estime que : "Désormais, il faut analyser la donnée pour avoir un avantage concurrentiel dans la prise de décision". Pour cela, vidéos et objets connectés sont des alliés de choix.

Sportif augmenté

Si le football rassemble des foules, ce n’est pas le seul sport à être en mesure de miser sur l’intelligence artificielle. À la Fédération française de rugby, environ 360 000 données sont analysées par match. Les protège-dents, protège-tibias, ballons et gilets connectés représentent d’importantes sources d’informations. Le XV de France bénéficie ainsi d’outils d’analyse, fignolés par un data scientist interne, au service de la trentaine de membres du staff.

À la Fédération française de rugby, environ 360 000 données sont analysées par match

Au-delà de la performance, les données médicales et psychologiques sont observées de près. Julien Piscione détaille notamment les évaluations qui permettent de déterminer l’état de confiance des joueurs en fonction de leur jeu sur le terrain. À l’avenir, la fédération envisage de muscler ses actions pour anticiper les commotions cérébrales et donc renforcer la santé des rugbymen. Les projections des scénarios possibles, les statistiques individuelles et collectives restent toutefois autant d’éléments à intégrer dans les étapes de préparation. Dans le secteur, l’IA représente davantage un assistant à la décision qu’un concurrent. Ce qui ne vaut pas pour toutes les activités.

Parier intelligemment

Betclic, Parions sport ou Winamax n’ont qu’à bien se tenir. Créée en 2019, la start-up française Datawin assure sa contre-offensive. Fondée par deux ingénieurs, la société propose aux parieurs un outils clés en main basé sur l’IA. Le principe ? Les résultats de matchs sont décortiqués pour offrir des pronostics au plus près de la réalité. Pour l’heure, le pronostiqueur étudie des rencontres de football, tennis, basketball ou de la NFL. Les 300 000 membres de la plateforme capitalisent ainsi sur un algorithme qui affiche un taux de succès de 78%.

Sécuriser les événements sportifs

C’est un fait, sport et données font bon ménage. Le ministère de l’Intérieur l’a bien compris. Celui-ci se fixe pour objectif une sécurité sans faille pour les événements sportifs. Un défi d’envergure quand on se remémore les dernières émeutes aux entrées et à l’intérieur des stades à la suite des tentatives d’intrusion ou des falsifications massives de billets. Pour assurer le bon déroulé des JO 2024, le Centre national de commandement stratégique (CNCS) a été créé. Cet organe interministériel aidera les forces de sécurité dans leurs missions à plusieurs égards. À titre d’exemple, l’IA facilitera la classification d’une arme à feu quand elle leur est inconnue. IA générative et large language models (LLM) sont les nouveaux équipiers du gouvernement. En outre, le Hub rattaché au CNCS permettra de rassembler mains courantes, visualisations de données et informations sur les événements pour détecter les signaux faibles de potentiels incidents. Déjà expérimenté lors de la Coupe du monde de rugby, le dispositif entend garantir l’ordre pour les spectateurs français ainsi que des 15 millions de visiteurs attendus lors des JO 2024. De quoi profiter d’expériences sportives augmentées en toute sécurité.

Léa Pierre-Joseph

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