Partenariat avec Carrefour, stratégie e-commerce et accompagnement des annonceurs sur les différentes plateformes, conquête du métavers, Guillaume Cavaroc, directeur du retail et du e-commerce de Meta en France, revient sur les grands défis actuels et à venir pour le groupe.

Décideurs. Diplômé en stratégie, vous avez débuté dans le conseil, chez Roland Berger. Que vous a apporté cette expérience ?

Guillaume Cavaroc. Cette expérience m’a permis d’acquérir une bonne compréhension des enjeux business des annonceurs au-delà de leurs simples enjeux de communication et de marketing. Ils attendent aujourd’hui de Meta et de nos plateformes un accompagnement beaucoup plus business et non plus exclusivement publicitaire pour les aider à se développer. C’est tout l’enjeu de notre nouveau partenariat avec Carrefour.

Justement, comment ce partenariat répond-il aux nouveaux projets de Meta ?

Ce partenariat couvre l’ensemble de la proposition de valeur de Meta puisque Carrefour a choisi de collaborer avec plusieurs plateformes et services du groupe dont Facebook, Instagram, WhatsApp, Messenger et Workplace, un outil logiciel collaboratif. Ce dernier est déjà déployé entres autres, chez Walmart ou le groupe Adeo [ex-groupe Leroy Merlin, Ndlr]. Nous allons mettre des ressources particulières pour les accompagner sur le déploiement de Workplace auprès des 320 000 employés du groupe dont l’ambition est de devenir une « digital retail company », et cela passe avant tout par les employés eux-mêmes.

"Objectifs : faciliter la communication descendante de tous les managers et faire remonter toutes les voix du terrain"

La digitalisation de la communication et des méthodes de travail au sein de Carrefour était donc capitale, car la grande majorité d’entre eux se trouve sur le terrain, dans les magasins ou les entrepôts. Les deux objectifs de ce déploiement prévoient de faciliter la communication descendante de tous les managers via des post réguliers et des live et de faire remonter toutes les voix du terrain, ce qui est capital dans le retail.

Aujourd’hui, 1 acheteur en ligne sur 4 découvre un nouveau produit qu’il n’avait pas l’intention d’acheter sur l'une des plateformes Meta. Quels outils permettent de booster les ventes sur ces plateformes ?

Ce « commerce de découverte » est assez différent du commerce traditionnel et du commerce en ligne. Ce dernier consiste à venir chercher un produit. Le commerce de découverte ne vise pas uniquement à répondre aux besoins de recherche mais à les déclencher, voire les anticiper. Pour y parvenir la publicité personnalisée est une des clés pour bien cibler les besoins et points d’intérêts.

"Aujourd’hui 50% du temps passé sur Facebook concerne la vidéo, avec un fort plébiscite pour le format "Reels""

Les annonceurs les plus matures sont ceux qui travaillent l’intégralité du tunnel marketing en commençant par le haut, c’est-à-dire en développant la préférence de marque, et ce, en sortant d’une logique purement commerciale et « ROIste » pour miser sur les valeurs et développer une nouvelle manière de communiquer avec les consommateurs. La crise sanitaire a amplifié cela et multiplié notamment les supports vidéo pour diffuser ces messages. Aujourd’hui 50% du temps passé sur Facebook concerne la vidéo, avec un fort plébiscite pour le format « Reels » [vidéo au format vertical de 1980 x 1920 pixels, soit un ratio entre la largeur et la hauteur de 9:16 et d'une durée de 60 secondes maximum, Ndlr] sur Instagram. aujourd’hui, c’est une priorité pour Meta. Nous l’avons étendu à Facebook et le développons également en solution publicitaire.

Pour accompagner les annonceurs, et notamment les grands distributeurs alimentaires, à générer du trafic en magasin (drive-to-store) dans un contexte post Covid, nous les aidons dans la digitalisation de leurs catalogues commerciaux.

Par ailleurs, nous constatons que nos plateformes sont de plus en plus utilisées pour faire de la rétention, augmenter le panier moyen et améliorer la fréquence d’achat. En effet, parvenir à toucher un large public via les traditionnels e-mails est de plus en plus difficile. Nous travaillons d’ailleurs beaucoup avec les équipes data et CRM des annonceurs. Le développement de nos « shops » [mini site sur les plateformes Meta, Ndlr] participe à construire une offre autour du e-commerce de plus en plus native et fluide pour les utilisateurs. 1,2 million d’entreprises ont aujourd’hui mis en place des Shops.

Facebook a changé de nom en octobre dernier pour devenir Meta. Quelles sont les réelles opportunités de ce monde virtuel avec le métavers pour le e-commerce et les marques en général ?

Ce changement de nom pour Meta, un terme de grec ancien qui signifie « au-delà », annoncé par Mark Zuckerberg le 28 octobre 2021, traduit la nouvelle vision de l’entreprise pour les dix prochaines années. Après s’être développées sur ordinateur puis sur portable, les technologies sociales vont migrer dans ce métavers, considéré comme la prochaine grande évolution de l’internet.

Nous ne sommes qu’au début de ce qui va façonner les prochaines décennies et personne ne sait à quel rythme cet univers virtuel va se développer. Ce qui est certain c’est qu’il sera ouvert à tous et construit par tous. Au sein de Meta, nous allons développer nos propres expériences. La prévision de Mark Zuckerberg est d’atteindre 1 milliard d’utilisateurs en 2030 ! Nous avons d’ailleurs annoncé en octobre dernier le recrutement de 10 000 personnes uniquement en Europe, ce qui démontre l’importance d’investir dans les talents européens pour aider à construire le métavers.

"Pour la grande distribution, ce monde virtuel va amener deux choses : créer un e-commerce augmenté et développer un nouveau marché"

Côté marques, s’il y a beaucoup d’effervescence avec des innovations qui commencent à apparaître, 99% d’entre elles ne font pour l’instant qu’observer le phénomène avant d’envisager de développer de nouvelles stratégies. Il faut, dans un premier temps, commencer par créer de nouvelles briques technologiques, telles que la réalité augmentée. On le voit par exemple dans les secteurs de la mode ou de la beauté.  Sur les 3,6 milliards d’utilisateurs de nos plateformes, 700 millions utilisent tous les mois des expériences de réalité augmentée.

Pour la grande distribution, ce monde virtuel va amener deux choses : créer un e-commerce augmenté avec de nouvelles expériences et développer un nouveau marché, celui des produits virtuels. Car si, demain le temps passé dans ce métavers devient important, pourquoi ne pas imaginer des produits virtuels tels que des chaussures, produits cosmétiques ou encore des objets de décoration ?

Propos recueillis par Anne-Sophie David

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