Bpifrance, l’un des tout premiers financeurs du non-coté français, souhaite accélérer le développement du growth capital et des Deeptech dans l'Hexagone. Et ce, malgré la crise sanitaire. Explications avec son président, Nicolas Dufourcq.

Le métier de Bpifrance est de contribuer à la croissance de l’économie française et de participer à l’organisation d’un écosystème de financement des entreprises efficace. Chaque année, nous investissons un milliard d’euros en fonds de fonds. En chiffres, Bpifrance a soutenu plus de 390 levées de fonds, menées par plus de 150 sociétés de gestion. En moyenne, notre participation dans ces véhicules s’établit autour de 16 %, une emprise qui a progressivement diminué en raison de l’augmentation de la taille des levées de fonds. C’est une bonne chose, cela signifie que le marché est dynamique, plus attractif.

Plus que le capital déployé dans l’absolu, c’est la granularité du soutien qui nous intéresse. Bpifrance se doit de couvrir toutes les étapes de développement d’une société, de sa création à sa transmission, de la start-up à l’ETI.

Au-delà de tickets unitaires supérieurs à 50 millions d’euros, ce sont en général des fonds étrangers qui prennent le relais

Au début du cycle, en matière de seed capital, nous avons mis en place le Fonds National d’Amorçage (FNA) que nous gérons dans le cadre du Programme d’investissements d’avenir (PIA). Nous sommes évidemment très actifs également sur le segment des Séries A et B, et du growth capital.

De plus, nous encourageons les GPs à lever plus de véhicules de capital-développement et à recruter les équipes d’investissement dédiées. L’offre de growth capital en France n’est pas encore suffisante. Nous avons un fonds Large Venture, doté d’un milliard d’euros et cela avait bien commencé avec quelques GPs, quatre ou cinq, qui pouvaient répondre à la demande des start-up les plus précoces, mais assez vite, le nombre et le besoin de ces pépites en hypercroissance ont dépassé la capacité d’investissement de la place. Au-delà de tickets unitaires supérieurs à 50 millions d’euros, ce sont en général des fonds étrangers qui prennent le relais.

C'est pourquoi, le plan Tibi, annoncé par le Président de la République Emmanuel Macron, prévoit l’investissement de 6 à 7 milliards d’euros, dans les cinq prochaines années, dans les fonds de fonds de growth capital et de late-stage venture. A l’intérieur de cette enveloppe, 500 millions d’euros seront gérés par Bpifrance à travers son fonds de fonds dédié. Ce sont notamment des compagnies d’assurance qui ont décidé de s’engager sur ce terrain-là.

Outre les moyens financiers, l’écosystème français du growth a besoin d’équipes d’investissement qualifiées et disponibles. Pour ce faire, je pense que les GPs souhaitant fertiliser ce marché doivent d’ores et déjà bâtir les plateformes humaines et opérationnelles qui leur permettront de réussir. Les profils seniors au sein d’entreprises technologiques en forte croissance ou dans de grands groupes d’investissement sont très sollicités. La tâche n’est pas simple et elles doivent redoubler d’efforts. Les GPs doivent se comporter comme des entrepreneurs animés par une vision. Et ce n’est qu’au respect de cette condition qu’ils pourront ériger de grandes maisons d’investissement.

Les GPs doivent se comporter comme des entrepreneurs animés par une vision

Aussi, alors que les medtech et les biotech se sont plutôt bien développées, l’accompagnement des deeptech tricolores est en retard par rapport à d’autres pays. Bpifrance a la volonté d’accélérer pour soutenir ces nids d’innovation se rapprochant davantage du monde d’Elon Musk que de celui de Mark Zuckerberg : physique quantique, intelligence artificielle, composants électroniques, chimie, big data… Des montants significatifs ont déjà été déployés depuis 2019 au travers notamment de notre plan Deeptech mais nous devons faire bien plus encore. L’objectif chiffré est de contribuer à la création de 2 000 start-up deeptech dans les quatre ans.

Enfin,il est important de rappeler qu’en cas de crise économique, les fonds et les entrepreneurs peuvent être rassurés : Bpifrance continuera à investir. Notre plan stratégique prévoit que nous pourrons alors augmenter notre taux d’emprise moyen. C’est crucial pour les sociétés de gestion qui construisent des plateformes sur le long terme. C’est d’ailleurs ce que nous avons fait lors de la dernière crise financière en ne réduisant pas notre exposition, bien au contraire.

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Une dymique d’investissement affirmée pour pallier la crise économique liée à la pandémie du Covid-19

Entre le 15 mars et le 30 avril, Bpifrance a investi directement dans 31 entreprises (Start-up, PME et ETI) pour un montant de 142 millions d’euros. Par ailleurs, via son activité de Fonds de fonds, la banque publique a souscrit 160 millions d’euros dans 8 fonds d’investissement.

Propos recueillis par Firmin Sylla lors de l'Ipem 2020.

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