Christian Kroll, le geek vert
Nous sommes en 2007. Christian Kroll vient de décrocher son diplôme en business administration à l’université de Nuremberg. Comme de nombreux jeunes de son âge, il s’accorde une année pour parcourir le monde avant d’entrer pleinement dans la vie active. Que ce soit au Népal, en Argentine ou au Brésil, le jeune Allemand est frappé par les conséquences de la déforestation. Il passe à l’action début 2009… en lançant un moteur de recherche.
Cliquer, c'est planter
Son nom ? Ecosia. Sa mission ? « Cultiver un monde plus durable sur le plan environnemental, social et économique », explique la charte du groupe. L’internaute effectue sa recherche. Comme sur n’importe quel service concurrent, des publicités sont présentes et, en naviguant, l’utilisateur fait entrer de l’argent dans les caisses de l’entreprise basée à Berlin. 80 % des bénéfices du groupe sont ensuite reversés à des associations luttant pour préserver les forêts du monde, notamment celles situées dans les zones équatoriales qui sont les plus menacées. Très concrètement, en naviguant sur Ecosia, en cliquant sur les bannières publicitaires qui y sont présentes, l’internaute permet de récolter des fonds pour planter des arbres. Si le moteur est moins précis que Google dont la domination n’est plus à démontrer (90 % de parts de marché à l’échelle mondiale), il est toutefois fonctionnel et en pleine croissance.
L'effet Amazonie
Début 2020, Ecosia revendique 8 millions d’utilisateurs dans le monde et la plantation de 75 millions d’arbres. Les incendies qui ont ravagé l’Amazonie à l’été 2019 ont permis au moteur de recherche d’accélérer sa croissance. C’est ainsi qu’entre le 22 et le 23 août, le nombre de téléchargements d’Ecosia passe de 20 000 à 250 000, soit une hausse de 1 150 %. De quoi, théoriquement, planter un arbre toutes les 0,8 seconde. Dans l’Hexagone, durant le même mois, l’appli Ecosia est la plus téléchargée sur IOS. Ce qui ne ravit pas tant que cela
Christian Kroll : « D’un côté, nous sommes très heureux des chiffres, de l’autre, nous sommes aussi tristes de voir les forêts en feu. C’est à la fois excitant et tragique. »
Un fondateur très discret
Malgré la croissance et l’actualité, Christian Kroll reste discret. Il fait peu parler de lui dans la presse et sur les réseaux sociaux et ne cherche pas à se mettre en scène comme un « gourou vert » ou un « entrepreneur nouvelle génération ». Habitué à déléguer, le patron passe une partie de son temps à mettre la main à la pâte et à aider à planter des arbres sur tous les continents. Ecosia est la première entreprise allemande à avoir été (sans difficulté) labellisée B Corp.
Lucas Jakubowicz