Mercedes Erra (Euro RSCG Worldwide) : « Un leader doute parfois, mais il conserve toujours la foi »

 

 

Décideurs. Tous les managers possèdent- ils du leadership ? Peut-on le développer ?

Mercedes Erra. Le leadership est une notion complexe ! Je ne crois pas que tous les managers en possèdent. Certains sont d’excellents professionnels sans avoir de leadership. C’est avant tout le fruit d’un ensemble d’aptitudes, presque innées. C’est difficile de dire à une personne : « On va maintenant développer votre leadership ».

 

Décideurs. Quelles sont selon vous les compétences clés d’un leader ?

M. E. Il ou elle doit être capable d’entraîner les gens, c’est un « orientateur ». Le leadership est différent de la notion de charisme qui est, elle, plus personnelle, s’apparente à une influence naturelle, et qui n’est pas obligatoirement susceptible d’entraîner les autres. Je crois que l’on peut aider les gens à développer leur leadership, mais pas à le créer. Il faut préalablement disposer d’une compétence : le leadership s’appuie sur le développement de cette dernière. Mais on ne peut pas être un leader sur un ensemble de compétences. Il faut de la générosité, une vision et la capacité de trouver du sens en soi. Un leader doute parfois, mais conserve toujours la foi.

 

Décideurs. Jobs, Gandhi, De Gaulle… Quels leaders vous ont marqué ? Quelle inspiration en avez-vous tiré ?

M. E. J’ai beaucoup de mal à choisir. Vous citez le général De Gaulle dans votre question : je crois qu’il s’agissait plus de charisme, mêlé cependant à du leadership, à quelque chose qui le dépassait et qu’il souhaitait partager. Le leadership correspond à une capacité de vision qui dépasse l’ego personnel. Les leaders politiques, par exemple, parlent avant tout de sujets précurseurs ou qui dépassent tout le monde. Le leader a un point de vue, un regard sur les autres êtres humains qui n’a rien d’un technicien. Des personnes qui emmènent et inspirent les autres travaillent dans de nombreuses entreprises : les leaders ne sont pas forcément médiatiques et/ou connus.

 

Décideurs. Comment votre organisation développe-t-elle des compétences de leadership ?

M. E. Chez BETC EuroRSCG, des sessions sur ce thème sont organisées : il s’agit d’ateliers sur le leadership proposé  à nos collaborateurs, basés sur deux axes, la personnalité et les relations. Il est nécessaire de prendre soin des leaders comme des plantes. Cela dit, et comme vu précédemment, une compétence, conjuguée à une part d’inné, est toujours nécessaire avant de pouvoir prétendre à du leadership. Un leader se détecte facilement : il ou elle a cette capacité de penser à des buts et d’orienter, lui-même et son entourage, vers ces enjeux, avec une sensibilité humaine. Le leadership peut prendre un aspect dur ou tendre, mais la meilleure façon de développer des compétences et de former ses collaborateurs au leadership, c’est encore de montrer l’exemple. Cependant, je trouve parfois que certains leaders, et l’univers autour d’eux, manquent de simplicité. Je suis convaincue que tous ces termes – leadership, managers – vont laisser place à beaucoup plus d’humanité.

 

Décideurs. Dans une entreprise, faut-il des leaders d’un côté, des managers de l’autre ? Comment organiser les deux types de talents ?

M. E. J’espère bien que les leaders managent ! Je trouve ces répartitions trop radicales. Certaines personnes excellent dans le domaine opérationnel, d’autres moins. Mais dans de toutes petites équipes, un des membres joue forcément le rôle de leader. Certaines personnes donnent envie de les suivre. Un leader a une vision et se lève le matin en sachant comment il va mener ses équipes vers quel but. C’est un créateur d’énergie. Dans notre agence, les fondateurs, dont je fais partie, ont fait preuve de leadership : nous avons essayé de développer une agence selon notre vision, nos idées. Nous savons où nous allons et comment emmener nos équipes vers cet objectif.