James Cameron : Hollywood à ses pieds
En repoussant ses propres limites, James Cameron a révolutionné le cinéma. Avec Terminator 2, Titanic et Avatar, il a battu par trois fois le record du plus gros budget. Sa vision du cinéma a permis de redynamiser un secteur en perte de vitesse. Dans les grands studios, d’Hollywood, la parole de James Cameron vaut de l’or. Son secret ? Une utilisation des dernières technologies, des histoires universelles et des mondes imaginaires à couper le souffle.
Douze ans après Titanic, James Cameron a reçu de nouveau le Golden Globe du meilleur film. Une récompense qui ne devrait pas lui échapper lors de la prochaine cérémonie des Oscars. Pour le réalisateur canadien, 2010 commence aussi bien qu’avait fini 2009. Quelques jours après la sortie d’Avatar, James Cameron recevait finalement son étoile, la 2 396e du Walk of Fame, le boulevard de la gloire d’Hollywood.
Récompense méritée tant il aura marqué le cinéma américain de son empreinte. À son palmarès quelques uns des plus gros succès du box office. Avec 128 millions de spectateurs à travers le monde, Titanic est le film le plus vu au monde. Et alors que tout le monde pensait ce chiffre imbattable, James Cameron s’apprête à exploser son propre record.
Sa nouvelle arme : Avatar. Pour le produire, il lui aura fallu pas moins de quatre ans et demi. Mais James Cameron travaille lui-même sur ce projet depuis plus de dix ans. Selon le réalisateur, Pandora, la terre des Na’vis, héros d’Avatar, mûrit dans sa tête depuis son enfance. Période durant laquelle il se passionne pour le cinéma et la science-fiction.
À 17 ans, il quitte sa ville natale d’Ontario au Canada et part s’installer à Brea en Californie où il décrochera son diplôme de physique. Mais pour lui, l’important est ailleurs. Fan de science-fiction, il rêve de devenir réalisateur. Il réussit à convaincre un consortium de dentistes de financer son premier court métrage, Xenogenesis, en 1978. Une histoire dans laquelle hommes et robots s’affrontent dans le futur, six ans avant Terminator.
Cet essai est concluant puisque Roger Corman, fameux producteur de films de science-fiction l’engage en 1980 dans sa compagnie New World Picture pour s’occuper de la fabrication de modèles réduits pour effets spéciaux.
La technologie au service de son imagination.
Grâce à ce premier travail, James Cameron mesure toute l’importance des effets spéciaux dans la composition des films. Depuis, pour donner vie à ses mondes imaginaires, le cinéasre ne recule devant rien. Il utilise les dernières technologies pour rendre ses films toujours plus réalistes. Quitte à repousser les limites du 7e art.
En 1993, il fonde, avec Stan Witson, un collaborateur de longue date, Digital Domain, une compagnie spécialisée dans les effets spéciaux numériques. Elle a notamment contribué à la réalisation de films comme Apollo 13, Armageddon, Le jour d’après ou encore I, Robot. En mai 2006, James Cameron revend sa société à la firme d’investissement WyndCrest.
Pour Abyss, le réalisateur canadien introduit des effets spéciaux révolutionnaires. Les conditions de tournage sont éprouvantes. Pourtant, Abyss ne fait pas l’unanimité à sa sortie en 1989. Plus tard, il deviendra cependant un des films cultes du genre.
Cette stratégie l’oblige donc à prendre de gros risques financiers. Depuis 1990, le budget de ses films n’est pas descendu au-dessous de 100 millions de dollars. Avec une enveloppe de 300 millions de dollars, Titanic a révolutionné la façon de penser le cinéma. Pour obtenir les financements, James Cameron a réussi à allier deux studios considérés comme les frères ennemis d'hollywood : 20th Century Fox et Paramount. Avant la sortie du film en salle, la pression des studios était telle, que James Cameron aurait scotché une lame de rasoir et un papier sur son ordinateur de montage. Sur le papier était écrit : « À utiliser uniquement si le film craint ».
Dix ans plus tard, James Cameron remet ça avec Avatar. Cette fois-ci, le budget avoisine les 500 millions de dollars. Ce qui en fait le film le plus cher de tous les temps. Un gros risque donc quand on sait que l’industrie du cinéma est frappée de plein fouet par la diffusion massive de la HD et des home cinemas.
Mais James Cameron a un argument de taille : la 3D. Selon lui, c’est un moyen de faire revenir les spectateurs dans les salles obscures. En 2003, il avait été le premier à utiliser la technologie dans son documentaire Les fantômes du Titanic. Ce qui lui a valu de travailler avec la NASA pour la mise au point d’une caméra à envoyer sur Mars. Sept ans plus tard, la 3D commence déjà à se généraliser. « Si Avatar remporte un grand succès, cela pourrait signifier l'avènement au cinéma de la technologie 3D arrivée à maturité. On prendrait la 3D relief au sérieux, en tant que nouvelle forme de cinéma, et non plus comme un simple gadget commercial », explique James Cameron.
J. C : le messie du cinéma américain.
Mais cette attention au moindre détail ne se limite pas à la technologie. James Cameron applique la même précision à ces scénarios qui savent être universels. Il fournit aux spectateurs ce qu’ils recherchent : une histoire d’amour, de l’aventure et de l’imaginaire.
« Ce qui distingue James des autres réalisateurs c'est sa foi passionnée dans le public, dans notre goût pour les histoires, pour les personnages, pour les aventures qui ne s'arrêtent jamais et pour les mondes imaginaires. C’est un perfectionniste visionnaire qui donnait le meilleur de lui-même tous les jours » confie Sigourney Weaver qui a travaillé avec lui sur Aliens le retour et Avatar.
Résultat, le réalisateur passe souvent pour un tyran. Lors du tournage d’Aliens le retour, il se heurte aux techniciens qu’il traite de « syndicalistes fainéants » et à son directeur de la photographie qu’il finit par renvoyer. Malgré ces relations tendues, les studios continuent d’encenser James Cameron. Il faut dire que ses films continuent de plaire au public.
Titanic, dont il assure l’écriture et la réalisation, est le plus grand succès de l’histoire du cinéma. Les recettes du film atteignent 1,8 milliard de dollars dont 600 millions sur le seul sol américain. En France, le film a attiré plus de 20 millions de spectateurs. En 1998, il rafle 11 Oscars, égalant au passage la performance de Ben Hur.
Pour atteindre de nouveau les sommets, James Cameron a pris son temps. Après le succès de Titanic, « Iron Jim », comme le surnomme son entourage, a préféré se consacrer à d’autres projets. En 2000, il s'engage dans la production de la série télévisée Dark Angel qui lancera la carrière de Jessica Alba. Par la suite, il enchaîne la réalisation de documentaires en relation avec le monde marin dont Expedition: Bismarck en 2002, Les fantômes du Titanic en 2003, Volcanoes of the deep sea (2003), et Aliens of the deep en 2005.
Cinéma américain, cinéma commercial.
James Cameron sait transformer ses films en or. Tourné en 1984 avec un budget de 6 millions de dollars, Terminator en rapportera 80. Soit une rentabilité de plus de 500 %. Des résultats forcément éloignés des standards tricolores. Selon une étude du Cerna, entre 2004 et 2006, seuls 15 films atteignent ou dépassent l’équilibre. Le taux de recouvrement moyen d’un film français est de seulement 64 %.
Il faut dire qu’aux États-Unis, le cinéma est plus commercial qu'ailleurs. Les grands studios imposent une obligation de rentabilité. Ainsi, c’est le producteur, et non le réalisateur comme en France, qui possède la décision finale. C’est pourquoi, tous les grands réalisateurs sont également producteurs de leurs films.
James Cameron connaît la chanson. En 1981, lorsqu’il s’essaie pour la première fois à la réalisation d’un long-métrage, Piranha 2 - les Tueurs volants, il se heurte à la prodution qui remet en cause une partie de son travail. Le réalisateur canadien reniera plus tard ce film qui est omis de sa filmographie officielle.
Mais les producteurs américains savent tirer profit du succès d’un film. La vente des produits dérivés (DVD, figurines, jeux vidéo…) peut rapporter jusqu’à 50 % des recettes. Avatar n’échappe pas à la règle. Avant même la fin de la production, James Cameron avait conclu un partenariat avec Ubisoft afin de développer un jeu vidéo. Le jeu, créé avec le réalisateur, est conçu comme un prolongement du film. Le joueur pourra choisir d’incarner un marine ou un Na’vi.
Avatar : le jackpot.
Mais Avatar n’aura pas besoin de cela pour être rentable. Après seulement sept semaines d’exploitation, le film a déjà dépassé la barre des 2 milliards de dollars de recette. Résultat qui permet au film, malgré son budget colossal, d’être rentable. Toutefois, si l'on prend en compte l'inflation, Titanic aurait amassé près de 2.5 milliards de dollars.
Le succès financier d’Avatar est en grande partie dû aux séances 3D et à la majoration généré par la location d’une paire de lunettes. Au niveau mondial, ces séances représentent 65 % des recettes. Avec un billet au prix moyen de 15 dollars, les séances en Imax, écran de 22 mètres de long et de 16 mètres de hauteur minimum, ont également participé au succès. En un mois et demi, elles auront rapporté près de 134 millions de dollars dans le monde entier. En France, plus de 11 millions de spectateurs sont allés le voir.
Le nouveau film de James Cameron semble donc bien parti pour battre les records de Titanic. Devant le succès mondial du film, les studios se sont rangés à l'avis du réalisateur qui entend déployer l'univers Na'vi sur une trilogie. Avatar 2 et 3 sont d'ores déjà en préparation. Les dates de sortie ne sont pas encore communiquées. Cela pourrait prendre beaucoup de temps tant on prête de projets au réalisateur canadien.
Parmi les rumeurs les plus récurrentes, on retrouve une adaptation du manga Gunnm dans laquelle l’héroïne serait en image de synthèse. Il pourrait également réaliser un nouveau film sous-marin. Il porterait à l’écran l’histoire d’Audrey Mestre, une plongeuse décédée en tentant de battre un nouveau record. Une histoire qui devrait inspirer le cinéaste habitué à repousser ses limites.