Le président du groupe Devoteam, à la tête de CroissancePlus, vante les mérites de l'actionnariat salarié. 
Décideurs. Quels sont les bénéfices de l’actionnariat salarié ?

Stanislas de Bentzmann.
L’actionnariat salarié consiste à associer les collaborateurs à la création de richesse de l’entreprise et ainsi à rémunérer la performance sur le long terme. Une entreprise ne doit pas, quelles que soient sa taille et son activité, avoir peur d’ouvrir son capital. Ce dispositif peut être un accélérateur de croissance et d’investissement.
Impliquer ses collaborateurs dans une aventure palpitante et développer l’actionnariat salarié avec différents modes d’association aux performances constitue un véritable levier de motivation pour les salariés. En France, nous constatons que les PME n’atteignent pas le stade d’entreprise de taille intermédiaire (ETI) car les outils de partage manquent de souplesse et sont peu adaptés pour attirer et retenir les talents.

Décideurs. Dans une tribune que vous consacrez à la relance de l’économie par l’actionnariat salarié, vous parlez d’un dispositif « gagnant-gagnant ». Pour quelles raisons ?

S. de B.
En période de crise plus encore, nous avons besoin d’entreprises dynamiques. L’actionnariat salarié est un moyen efficace de demander des efforts aux collaborateurs et surtout de leur donner l’occasion de s’investir sur le long terme. L’objectif est de sortir par le haut de cette phase dans laquelle les entreprises se trouvent aujourd’hui, où elles travaillent plus durement avec des marges réduites dans un environnement très difficile.
Prenons un exemple témoignant de l’importance de mettre en place ce système. En 2003, Volkswagen a dû adopter un plan très strict en augmentant le temps de travail des salariés et en diminuant les rémunérations. Dix ans plus tard, le groupe est en passe de devenir le numéro un mondial, avec des profits et des montants d’intéressement records. L’effort ne pouvait être rémunéré sur le moment mais sur le long terme.

Décideurs. Les start-up sont-elles concernées ?

S. de B.
Les start-up ne sont pas réticentes à l’instauration de l’actionnariat salarié, mais l’application des dispositifs est différente et la fiscalité qui s’y rapporte particulièrement complexe. Cela peut aussi poser des problèmes de gouvernance dans ces petites structures. Ainsi, il est impératif qu’une start-up se fasse accompagner pour mettre en place un montage juridique et fiscal adapté. En amont, la réflexion du ou des dirigeants doit se porter sur l’association des salariés clés au capital de l’entreprise, tout en mesurant le poids de ce pacte d’actionnaires dans les décisions stratégiques. Même si probablement, ces salariés viendront chercher une plus-value, pas forcément du pouvoir.

Décideurs. Pourquoi les petites entreprises n’y recourent-elles que rarement ?

S. de B.
Le législateur a considéré qu’il s’agissait là d'une rémunération déguisée. Suite à une réforme fiscale pénalisante, l’actionnariat salarié est devenu de moins en moins intéressant. Par exemple, les stock-options peuvent être taxées jusqu’à 67 % ! Aujourd’hui, peu de salariés acceptent d’intégrer une start-up et de prendre le risque d’investir sans savoir si un jour ces options vaudront quelque chose. Du côté de l’entreprise également, la fiscalité est devenue confiscatoire, l’obligeant ainsi à payer 30 % de charges sur la distribution d’actions. Il n’est donc pas étonnant de constater que de nombreuses entreprises ont préféré distribuer des bonus plutôt que d’ouvrir un plan d’actionnariat salarié. C’est pourquoi CroissancePlus et le Syntec Numérique ont fait des propositions au gouvernement pour mettre en place un nouveau cadre juridique plus clair et davantage fondé sur la confiance entre les parties prenantes.

Décideurs. Qu’en est-il chez Devoteam ?

S. de B. Chez Devoteam, nous avons distribué à nos collaborateurs des stock-options depuis la création de l’entreprise. Cet investissement est en parfaite adéquation avec notre métier qui tire sa valeur ajoutée des femmes et des hommes qui travaillent chez nous. Aujourd’hui nous peinons à trouver les moyens d’attirer et de conserver les talents. Il est donc indispensable de revoir les outils et la fiscalité associée à l’actionnariat salariés, pour le relancer.

Propos recueillis par Julie Atlan

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