Stéphane Berlot, responsable France - Suisse et Benelux de MarkMonitor, détaille les enjeux de la protection des marques dans l'univers du numérique.
Décideurs. Quels sont les principaux leviers de la protection des marques en ligne ?
Stéphane Berlot. Aujourd’hui, quatre sujets sont incontournables. Tout d’abord, l’enregistrement des noms de domaines auprès des registrars (bureaux d’enregistrement en français) est indispensable pour toutes les marques qui souhaitent se développer à travers des plateformes en ligne et disposer d’adresses web réservées. Vient ensuite la protection de ces marques à travers une surveillance de l’utilisation des noms de domaine et des sites web où les entreprises pourraient voir leur image détournée et écorchée.
La protection des marques en ligne passe aussi par une surveillance des réseaux sociaux pour vérifier que les pages de fans par exemple ne sont pas constituées par des personnes malveillantes. Enfin, avec le développement de fausses applications mobiles créées par des fraudeurs, une nouvelle vigilance s’impose pour réduire les risques de ventes de produits contrefaits et de phishing, à savoir les récupérations de données bancaires des clients dupés.

Décideurs. Quels ont été les principaux défis à relever pour les marques soucieuses de leur sécurité et crédibilité sur le Net ?
S. B.
L’apparition des nouveaux noms de domaine a marqué un tournant significatif pour les activités digitales des grandes marques. Jusqu’à maintenant, les noms de domaine de premier niveau étaient omniprésents (les sites se terminant en .com, .fr, .org). Aujourd’hui, le nombre de ces extensions a explosé et MarkMonitor est un pionnier dans ce domaine. Si les États-Unis et le Royaume-Uni ont su saisir rapidement les enjeux de cette évolution, la conduite du changement en France a été plus lente. Quelques acteurs commencent à peine à se poser les bonnes questions comme « Est-ce que l’on devient propriétaire de notre .marque ? », « Est-il pertinent d’opter pour un site se terminant en .paris, .vin, .pharmacie ? ».
D’autres phénomènes récents sont venus souligner l’importance d’une protection efficace sur le Net. Citons le cas des sites corporates qui ont vu leur nom de domaine piraté et leur trafic détourné vers des pages malveillantes. Cette méthode a été médiatisée lorsque des hacktivistes syriens se sont attaqués à de nombreux sites français en début d’année. Je vous laisse imaginer les conséquences dramatiques pour un site marchand si le fonctionnement de sa plate-forme en ligne est interrompu pendant plusieurs minutes.

Décideurs : Dans ce contexte, quelles sont les préconisations concrètes des conseillers en protection de marques?
S. B. Notre premier objectif est de travailler sur la prise de conscience de nos clients à propos des risques qu’ils peuvent encourir. Une fois cette étape passée, nous insistons sur la mise en place de processus simples et très efficaces, comme le développement de doubles facteurs d’identification pour se connecter à l’application de gestion des noms de domaine. Au-delà de cela, la réactivité est un élément clé dans ce secteur et nous proposons des consultants dédiés à chacun de nos clients pour assurer un service de qualité et une réponse personnalisée à leurs demandes.

Décideurs. Comment mener cette lutte qui semble déséquilibrée sur les places de marché où les escrocs jouissent d’un certain anonymat pour leurs actions frauduleuses ?
S. B. Après la mise en place d’un portefeuille de noms de domaines équilibré dans une optique défensive, il faut mener des actions pour nuire aux fraudeurs. La détection et l’élimination des offres malhonnêtes sur les places de marché sont fondamentales pour la protection d’une marque en ligne. Il est impératif de communiquer régulièrement avec ces sites de commerce électronique pour supprimer rapidement les offres illégales. Le but de MarkMonitor est de faire en sorte que la transaction n’ait jamais lieu, et d’éviter à la fois la baisse de prestige de la marque victime d’usurpation d’identité mais aussi de protéger les clients de vols de coordonnées bancaires ou d’achats de contrefaçons. La constitution de dossiers sur les données des malfrats permet l’intervention accélérée des juristes. C’est un gain de temps considérable pour que les équipes chargées de la défense de la propriété intellectuelle puissent se concentrer sur leur cœur de métier et la création de valeur ajoutée.


Propos recueillis par Thomas Bastin

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