Essai, roman, business, cuisine : voici quatre ouvrages pour les férus de lecture ou ceux qui veulent s’y mettre pour respecter une bonne résolution.
4 livres pour bien commencer 2024
La fin des Trois mousquetaires
Les trois mousquetaires reviennent à la mode, en témoigne le beau succès de Milady, toujours en salle en ce début 2024. Pour l’occasion, les prestigieuses éditions de La Pléiade éditent enfin Le Vicomte de Bragelonne, dernier volet de la célèbre épopée d’Alexandre Dumas. Le temps passe, nos héros vieillissent et s’amollissent. Aramis est évêque de Vannes, Porthos est devenu gras et riche, Athos voit grandir son fils Raoul de Bragelonne, d’Artagnan monte en grade. Politiquement, Louis XIV conforte son pouvoir, écarte Fouquet, fait monter Colbert.
Le monde s’assagit, la technique prend le dessus sur le panache. La science tactique de Vauban devient plus précieuse que le côté casse-cou d’un d’Artagnan déchiqueté par un boulet. On retrouve ce qui fait le sel de Dumas : intrigues, trésor, mystère du Masque de fer, duels. Mais avec un côté mélancolique qui, finalement, ne manque pas de charme. Profitez de l’air du temps en vous plongeant dans cette œuvre trop peu connue.
Le Vicomte de Bragelonne, d’Alexandre Dumas, La Pléiade, 2112 pages, 69 euros
Noblesse entrepreneuriale
Professeur d’histoire à la Sorbonne, spécialiste des élites aristocratiques dans la France contemporaine, Éric Mension-Rigau s’est attaché à rendre compte dans son dernier ouvrage de la manière dont la noblesse appréhende le monde des affaires. Pour ce faire, l’écrivain est allé à la rencontre de nombreuses figures entrepreneuriales issues des plus anciennes familles : Henri de Castries (ex-Axa), Philippe de Chanville (Manomano), Augustin de Romanet (ADP) ou encore Nicolas deTavernost (M6).
Objectif ? Comprendre comment ils articulent leurs valeurs traditionnelles avec la nécessité de gagner de l’argent. S’il existe autant de manières d’être noble et dirigeant d’entreprise que de personnalités, tous ses interlocuteurs sont marqués par une éducation aristocratique qui tranche parfois avec celle du commun des mortels : injonctions contradictoires (respect de la hiérarchie mais en gardant une assurance inébranlable en soi), sens du devoir envers son pays ou encore volonté de faire perdurer l’histoire collective de leur groupe social. Le thème est peu banal et le résultat éclaire sur ce qui meut une partie du capitalisme français.
Rester noble dans le monde des affaires – De l’utilité des anciennes élites, d’Éric Mension-Rigau, Passés/Composés, 288 pages, 22 euros
Et moi et moi et moi !
En 2021, dans La civilisation du cocon, l’essayiste Vincent Cocquebert frappait un grand coup en démontrant comment le confinement avait accéléré le repli sur soi, son foyer, sa famille, ses certitudes. Deux ans, plus tard, il revient avec un nouvel ouvrage, Uniques au monde. De manière audacieuse, l’auteur analyse la façon dont les individus se considèrent eux-mêmes comme des produits uniques pour qui tout doit être sur mesure. Un "rêve" rendu possible par le marketing et les algorithmes ou encore les tatouages.
Si ce nouveau monde baptisé égocène peut être séduisant pour certains, il a tout du cauchemar. Si chacun est unique, plus rien n’est commun, plus rien n’est à partager et la société se fragmente. Chaque découverte ou ouverture à l’autre est perçue comme une menace. Il est possible que les stratèges écologistes aient lu l’ouvrage. Leur nouveau slogan "venez comme vous êtes" et les spectacles de booty therapy (où le corps seul permet de s’améliorer en s’affranchissant du collectif) en meeting sont la preuve d’un parti qui célèbre le côté pacifique de l’égocène. Mais l’auteur suggère qu’à terme pour protéger leur confort sur mesure, les citoyens seront prêts à tout. Même à un pouvoir coercitif. Un essai remue-méninges à lire absolument.
Uniques au monde, de l’invention de soi à la fin de l’autre, de Vincent Cocquebert, Arkhê, 137 pages, 17 euros
Gastronomie nomade
David Sabatier a vécu plus de vies qu’un chat. Avocat d’affaires, ouvrier sur des chantiers, réalisateur de podcasts notamment pour Le Chasse-Marée, la revue du monde maritime, il est également chef cuisinier à domicile ou en restaurant solidaire, et convoyeur de bateaux. Ses passions pour la gastronomie et la mer l’ont conduit à expérimenter la gastronomie nomade pour nourrir ses compagnons de voyage. Connaître les ustensiles indispensables, les règles d’hygiène incontournables, les aliments qui se conservent le mieux, les petits riens qui font toute la différence en bouche mais aussi savoir consommer responsable et gérer ses déchets… Dans son ouvrage destiné aux "marins, vanlifers et autres aventuriers", l’auteur vous propose des recettes savoureuses que vous pourrez reproduire loin de tout. Et, pour les moins téméraires d’entre nous, les réaliser chez soi afin de partager des moments avec ceux que vous aimez fonctionne tout aussi bien
Gastronomie nomade, la cuisine des marins, vanlifers et autres aventuriers, de David Sabatier, Éditions Zeraq, 176 pages, 24,90 euros
Olivia Vignaud, Lucas Jakubowicz