Tiffany, la grande bleue
Tout commence en 1837, lorsque Charles Lewis Tiffany lance Tiffany & Company. Il a à peine 25 ans, 1 000 dollars en poche donnés par son père, lorsqu’il ouvre un magasin à New York au 550 Broadway avenue. Sa philosophie est simple : « Un bon design pour de bonnes affaires ». Il invente un nouveau style « américain ». On dit alors de ses modèles qu’ils sont « exquis de simplicité, d’harmonie et de clarté ».
Lorsque Tiffany publie son premier « Blue Book » en 1845, celui-ci n'est autre que l'un des premiers catalogues de vente américains. Le joaillier profite de ce nouveau support de diffusion pour faire connaître ses créations.
Trois décennies plus tard, Tiffany s’est imposée aux États-Unis. Mais il faut attendre 1867 pour que la maison soit pour la première fois reconnue au niveau international à l’occasion de l’Exposition universelle de Paris où elle remporte le Grand prix de l’Art de l’Argent. Dès lors, plus rien ne pourra freiner le fabuleux destin de Tiffany & Co.
En 1886, le concept de la bague de fiançailles tel qu’on le connaît aujourd’hui est introduit et reste l’un des piliers créatifs de la maison, quasi mythique. Le fameux « serti Tiffany » représente en fait une véritable révolution qui pose le diamant au-dessus de l’alliance grâce à six griffes de platine, permettant une réflexion maximale de la lumière.Au tournant du XXe siècle, la société compte plus de 1 000 salariés, des filiales à Londres, Paris et Genève.
La boîte bleue
Le second mythe, sans lequel Tiffany ne serait pas non plus ce qu’elle est, est celui de la boîte bleue. Personne ne sait exactement quand elle a été créée mais en 1906, on peut lire dans les colonnes du New York Sun : « Tiffany possède dans son magasin une chose qu’elle refusera de vous vendre, qu’importe la somme d’argent que vous pourrez lui proposer. Cette chose, et elle insistera pour vous l’offrir, est une de ses boîtes ». Ce bleu devient l'emblème de la compagnie.
Le XXe siècle montre combien Tiffany sait capturer l’esprit du temps, de l’extravagance des années 1920 à la modernité des années 1930, puis au style aérodynamique des années 1940-1950…De Jackie Kennedy, à Babe Paley en passant par Diana Vreeland, les femmes les plus glamours n’y résistent pas.
Plusieurs grands designers de renommée internationale contribuent à son succès. Des noms comme Jean Schlumberger engagé en 1956, Elsa Peretti dès 1974, Paloma Picasso en 1979, Franck Gehry en 2003 font de Tiffany & Co. l’une des plus grandes enseignes américaines. La boutique de la 5e avenue ne désemplit pas et Truman Capote publie sa nouvelle « Breakfast at Tiffany ».
Aujourd’hui, les collections Tiffany & Co. sont distribuées dans plus de 300 points de vente à travers 28 pays dont, bien entendu, la France. À Paris, en plus de l’adresse historique de la rue de la Paix, Tiffany est installé sur les Champs-Élysées mais également dans les grands magasins au premier étage du Printemps du luxe et au Printemps Haussmann. Autant d’adresses incontournables pour découvrir les trésors de la maison.
L’institution est très investie dans la protection des « merveilles du monde » avec la collection Save the Wild dont 100 % des bénéfices sont reversés à Wildlife et Conversation Network, et destinés à protéger trois espèces africaines en danger : le rhinocéros, le lion et l’éléphant. L’action menée par la Fondation Tiffany créée en 2000 a déjà permis de récolter plus de 70 millions de dollars dédiés à la conservation, notamment, des coraux marins ou à une extraction minière responsable.
Aujourd’hui, la marque de luxe continue de traverser les époques. La joaillerie se renouvelle avec la récente ligne Paper Flowers créée par Reed Krakoff, directeur artistique : « Ici, les pierres précieuses et les matériaux d’exception sont mis au service de bijoux conçus pour être portés au quotidien ». Ou encore avec la haute joaillerie sur le thème des quatre saisons et de la couleur, dont Blue Book 2018 est un exemple, mettant en majesté la remarquable capacité d’innovation de Tiffany.
Hervé Borne