A 32 ans, Cécile Galli est la plus jeune DAF de ce dossier spécial. Après un passage en audit et transaction services, elle intègre la direction financière de Veepee à la tête du département Entertainment, Voyage et Média. Curieuse et animée par la volonté de se renouveler, elle est aujourd’hui la directrice financière d’une jeune pousse de la tech, Modjo.ai, pour une nouvelle aventure dans ce domaine.

Décideurs. Quel est votre parcours avant votre arrivée à la direction financière d’une start-up comme Modjo ?
 
Cécile Galli. Après des études généralistes à Sciences Po Paris où j’ai obtenu un master en finance et stratégie d’entreprises, j’ai intégré le cabinet EY en audit pour des grands comptes dans les médias. Au bout de six ans, j’ai eu envie de sortir du conseil et de rallier le monde de l’entreprise. J’ai donc rejoint Veepee, en 2019, en qualité de directrice financière de l’Entertainment et Média, puis Voyage en 2020. En 2020, le Covid a mis un point d’arrêt aux offres de voyages et à la vente de billets de concerts qui constituaient le coeur de mon département. Au moment où le marché a repris, j’ai été approchée par Modjo, une jeune pousse dynamique d’une cinquantaine de personnes qui développe un produit d’analyse conversationnelle. L’outil m’a plu et j’avais envie de participer à la création d’un projet entrepreneurial.

 

Comment passe-t-on de l’univers des médias et du divertissement à celui de la tech et des solutions SAAS ?

C’était un saut dans l’inconnu mais je suis très curieuse, changer d’environnement me plaît et m’oblige à me renouveler et m’adapter. Il y a en fait beaucoup plus de points communs qu’on ne l’imagine : le secteur des médias et du divertissement, du fait de l’actualité des contenus et des formats, change en permanence ; c’est aussi le cas de la tech qui connaît une évolution fulgurante et une forte croissance. Enfin, il s’agit aussi d’actifs intangibles, qui recouvrent des valorisations de propriété intellectuelle, commercialisés sous forme d’abonnement, ou de services. Il n’y a ni usines ni marchandises, ce sont des business immatériels.

 

"C’est la seule fonction qui nous place à la confluence de toutes les autres dans l’entreprise"

Qu’est-ce qui vous plaît dans ce métier de CFO ?

J’ai choisi la finance pour les perspectives de ses environnements de travail. Aujourd’hui, je travaille dans une start-up à Paris, mais demain, je pourrais aller à l’autre bout de la terre dans une ONG. La finance est présente dans toutes les organisations humaines ; elle établit un lien entre elles et régit l’allocation des ressources en leur sein. C’est la seule fonction qui nous place à la confluence de toutes les autres dans l’entreprise : nous participons aux discussions aussi bien stratégiques qu’opérationnelles avec de nombreux interlocuteurs sur des problématiques diversifiées. Cette diversité me permet de ne jamais m’ennuyer dans ce métier.

Vous êtes jeune et avez l’habitude d’être à la tête de directions financières, qu’est-ce que cela représente pour vous ?

J’ai été habituée à être parmi les plus jeunes et les seules femmes, depuis mon passage chez EY, où je représentais les associés lors de conseils d’administration par exemple. Évidemment, je dénote peut-être un peu de l’image traditionnelle que l’on peut avoir d’un DAF, mais qu’il s’agisse de Veepee ou de Modjo, les équipes finances sont plutôt jeunes, il ne faut donc pas généraliser et j’espère être jugée prioritairement sur mes compétences. Aujourd’hui, dans un contexte de demande accrue de diversité au sein des directions, se démarquer peut aussi être un avantage.

Par ricochet, comment voyez-vous le DAF du futur ?

La période du Covid a repositionné le métier au sein de la direction générale, ce qui devrait se confirmer dans le futur au regard du contexte économique. En plus de leurs fonctions traditionnelles (planification et contrôle, reporting, déclaratifs fiscaux et réglementaires, entre autres), les directions financières doivent faire preuve d’agilité pour jouer pleinement leur rôle de business partner : d’un côté, faire preuve de pédagogie afin d’associer toutes les fonctions et les dirigeants aux enjeux financiers, de l’autre, mobiliser rapidement des données pour permettre la prise de décision. Ceci est d’autant plus renforcé par le fait d’avoir accès en temps réel à de nombreuses données financières – et extra-financières. D’ailleurs, la collecte et le traitement des données dans des délais plus courts sont un défi et un enjeu majeur pour le DAF d’aujourd’hui et du futur.

PARCOURS
o 2013 : diplômée de Sciences Po Paris
o 2013 : elle intègre EY en audit puis en transaction services
o 2019 : devient directeur administratif et financier "Entertainment, Voyage et Média" de Veepee
o 2022 : arrivée chez Modjo.ai en tant que DAF

Propos recueillis par Céline Toni

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