Ancienne avocate spécialisée en private equity, Pauline Chau a fait le choix de passer de l’autre côté de la barrière en rejoignant la société de gestion Breega. Aujourd’hui à la tête de la direction financière, elle considère son poste comme une tour de contrôle.

Décideurs. Comment passe-t-on d’avocate à directrice financière ?

Pauline Chau. J’ai un petit côté couteau suisse et mes études n’ont pas été sans rebondissements. Après hypokhâgne khâgne, ne me voyant pas devenir agrégée de lettres comme prévu initialement, j’ai passé les concours d’écoles de commerce. Une fois à HEC Paris, ne me sentant pas non plus l’âme d’une banquière, j’ai poursuivi en parallèle des études de droit et présenté le Barreau. Sur cet heureux malentendu, j’ai été avocate durant cinq ans chez Gide au sein de l’équipe Private Equity et Venture Capital, une expérience qui m’a beaucoup plu et au cours de laquelle j’ai énormément appris. C’est sur cette base que j’ai été recrutée chez Breega que j’avais conseillé sur un deal. L’ambition de ce qui alors n’était encore qu’un petit fonds était d’avoir une seule et même personne pour gérer à la fois les sujets légaux et fi nanciers. Désormais, après cinq belles années, je supervise 500 millions d’euros sous gestion.

Quelle est l’étendue de votre action ?

Mon action s’étend sur tout ce qui touche de près ou de loin à la fi nance, au juridique et à l’administratif de Breega en tant que société de gestion, ses fonds sous gestion, son portefeuille et ses souscripteurs. Une société de gestion, même de 40 personnes, reste une petite entreprise, de sorte que la finance implique de gérer n’importe quelle problématique d’un DAF de PME en plus de la finance des fonds et tous leurs flux. En tant que société de gestion agréée par l’AMF, nous sommes sous une surveillance très étroite. De même par nos prestataires (dépositaire, délégataire conformité) et nos commissaires aux comptes, et bien sûr nos investisseurs. Je fournis beaucoup de reportings. Pour nous aider à aller plus vite, nous recrutons à la rentrée un Tech Manager qui va automatiser de nombreux process.

"L’automatisation des process va continuer à s’intensifier"

Quels sont les aspects de votre métier qui vous portent au quotidien ? Quel visage va prendre la direction financière de demain ?

Un CFO est au cœur du comité de pilotage, dans le cockpit. J’aime l’aspect tour de contrôle de toutes les activités opérationnelles de la société. Cela permet de très bien comprendre comment fonctionne notre métier mais aussi ce que recherchent nos LPs et les directeurs d’investissements lorsqu’ils identifient des entreprises. C’est aussi quelque chose que je n’avais pas du tout mesuré en venant du monde du conseil. Par ailleurs, je m’estime chanceuse de travailler dans une société de gestion qui connaît une très belle croissance – multipliée par dix en cinq ans – et d’en être la porte-parole.

L’automatisation des process va continuer à s’intensifier. Le temps des tableaux Excel et de la saisie manuelle est révolu. D’ailleurs, nous investissons au sein de notre portefeuille dans des fintech qui facilitent le paiement et tous les sujets comptables. Ainsi, le métier de comptable va beaucoup changer et, par extension, celui de financier également.

DAF d’une société de gestion, n’êtes-vous pas un peu aussi celle de toutes les sociétés en portefeuille ?

Forcément, une grosse partie du métier est de regarder ce qui se passe en dessous. C’est d’ailleurs un impératif de notre régulateur. Il ne faut cependant pas se faire d’illusions, nous ne pouvons pas tout voir en détail. En revanche, il est important de pouvoir détecter les problèmes en avance de phase.

Quelles sont vos passions en dehors de votre vie professionnelle ?

Elles sont nombreuses même si depuis que j’ai un petit garçon, de deux ans maintenant, j’ai moins de temps pour les assouvir. Je suis très manuelle, qu’il s’agisse de bricolage, de cuisine ou de jardinage. Je pense d’ailleurs que cela se ressent dans ma manière de travailler, car j’essaye de mettre en place beaucoup de nouveaux outils et process. Je répète souvent que ce n’est pas parce qu’on ne sait pas faire qu’on ne va pas faire. Avant tout j’aime m’entourer de personnes qui ont la même approche « Do it yourself ».

PARCOURS

  • 2008-2012 : double cursus HEC Paris & M2 Droit des affaires
  • 2014 : obtient le diplôme d’avocate
  • 2013-2017 : début de carrière comme collaboratrice PE/M&A chez Gide
  • depuis 2017 : Head of legal & finance, CFO chez Breega

Propos recueillis par Béatrice Constans

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