Autodidacte, le Suédois de 37 ans a créé Spotify à partir de deux de ses passions : la musique et le code. Aujourd’hui, la plateforme de streaming aux 124 millions d’abonnés payants souhaite devenir incontournable dans le marché des podcasts.

Alors qu’il n’a que quatre ans, Daniel Ek – patron et fondateur de la plateforme de streaming musical Spotify – se voit offrir par ses parents une guitare. Un an plus tard, le petit garçon reçoit un ordinateur. Conditionnement ou révélation ? Quoi qu’il en soit le père et la mère du jeune Suédois ont tapé en plein dans le mille avec leurs présents. Tout en apprenant à gratter son instrument, Daniel Ek se met au code. À 14 ans, il lance sa société de création de sites internet. D’abord facturées à très bas prix, les prestations passeront à 5 000 dollars pièce. Un véritable petit business qui, quatre ans plus tard, regroupera près de 25 collaborateurs, des camarades de classe rémunérés en jeux vidéo. Salaire du jeune patron: 15 000 dollars par mois environ.

Autodidacte

Entre-temps, et alors qu’il n’est âgé que de 16 ans, Daniel Ek postule chez Google. Mais le moteur de recherche lui conseille de revenir avec un diplôme universitaire. Ce qu’il tentera un peu plus tard en intégrant l’école d’ingénieurs KTH Royal Institute of Technology, où il ne tiendra que… huit semaines. Bien plus tard, dans une interview télévisée, Daniel Ek confiera, non sans humour, au sujet de son expérience avec le géant américain : "Je me suis dit : qu’ils aillent se faire voir. Je vais construire un meilleur moteur de recherche. Ça ne doit pas être si compliqué. Hum… Il s’est avéré que c’était très compliqué !" Cet échec ne l’empêche pas de devenir millionnaire à 23 ans grâce à la vente d’un de ses programmes à une entreprise suédoise.

À 23 ans, il devient millionnaire grâce à la vente d’un de ses programmes à une entreprise suédoise.

La période qui s’ensuit pourrait s’intituler "grandeur et décadence". Daniel Ek s’offre ce dont il a toujours rêvé: une Ferrari rouge. Propriétaire d’un immense appartement à Stockholm et fréquentant la jet-set, il sombrera dans la dépression au bout d’un an. Daniel Ek se sépare alors de ses biens et part vivre dans une cabane en bois chez ses parents. Il retrouve sur son chemin Martin Lorentzon, un autre entrepreneur suédois à qui il a cédé son logiciel et qui, comme lui, traverse une remise en question. De leurs longues journées à regarder des films et écouter de la musique leur vient l’idée de Spotify. Une plateforme de streaming en ligne – gratuite avec de la pub ou payante – qui, à l’heure où l’industrie du disque est mise à mal par le téléchargement illégal, prend tout son sens. "Ça ne doit pas être trop difficile", se dit une nouvelle fois Daniel Ek, qui ignorait alors qu’il fallait obtenir l’autorisation des maisons de disques pour diffuser leur musique. Spotify attendra deux ans avant de voir le jour en 2008, le temps de convaincre l’industrie.

L'avenir, les podcasts

La suite, on la connaît. Spotify, c’est en 2019, 6,8 milliards d’euros de chiffre d’affaires (en hausse de 29 % sur un an) 124 millions d’abonnés payants. Soit bien plus qu’Apple Music qui en comptait à la même période 61 millions. Si l’entreprise enregistre une perte nette, sous l’effet d’éléments financiers et fiscaux négatifs, elle tente de rassurer en indiquant accélérer sa croissance dans les régions européennes, d’Amérique du Nord et d’Amérique du Sud. Introduite en Bourse en 2018, la plateforme souhaite développer les podcasts. Le contingent d’heures consacrées à leur écoute étant en hausse de 200 % au quatrième trimestre 2019. D’où notamment l’acquisition l’an passé de la société de production Gimlet pour environ 230 millions de dollars. Comme le dit lui-même Daniel Ek : la réussite d’un projet tient à 5 % dans l’idée qui le compose et à 95 % dans son exécution. Jusque-là la recette semble opérer. 

Olivia Vignaud

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