Romain Noirault (Equitim) : "2024 est une nouvelle année record pour les produits structurés"

Décideurs. Quel est selon vous l’état du marché des produits structurés ?

Romain Noirault. Avec la tendance observée ces dernières années se matérialisant par un appétit accru du marché pour les produits structurés, nous nous attendions à ce que la demande se stabilise pour 2024. Force est de constater que cette classe d’actifs est toujours fortement plébiscitée par les investisseurs et que 2024 est une nouvelle année record pour l’industrie. Les typologies de produits restent similaires à celles des années précédentes, une part significative des produits offrant une garantie du capital à l’échéance. L’attrait reste également fort pour les produits présentant un risque en capital, et particulièrement pour les structures dites "autocall", qui offrent un mécanisme de remboursement anticipé du capital en fonction des conditions de marché, avec de légères modifications dans les paramètres de ces produits – barrière de remboursement abaissée ou dégressive, etc. En ce qui concerne Equitim, nous avons connu une année record, avec près de trois milliards d’euros de produits traités et une croissance à deux chiffres.

Comment vous y êtes-vous adaptés ?

En faisant ce que nous savons faire de mieux depuis la création d’Equitim : être agiles, réactifs et proches de nos partenaires, afin de les accompagner au mieux en leur proposant des solutions sur mesure, répondant à la fois aux attentes de leurs clients et adaptées aux conditions de marché. Notre équipe d’ingénierie financière a la capacité d’identifier très rapidement les tendances de marché et d’adapter l’offre en conséquence.

"La finance responsable a assurément sa place parmi les produits structurés"

Après dix-sept ans d’existence, nous avons pu prouver à nos partenaires que nous savions les accompagner efficacement sur le long terme. Il reste néanmoins primordial de savoir se remettre en question en permanence pour pouvoir continuer d’offrir ce haut niveau de service. C’est d’ailleurs dans cette optique que nous avons créé notre propre plateforme de reporting l’année dernière, Key-Ops, qui s’inscrit dans une volonté de fournir toujours plus de services et d’outils à nos clients.

Quels produits avez-vous mis en avant dernièrement ?

Depuis plus de deux ans maintenant, la hausse des taux permet d'offrir des solutions à capital garanti aux investisseurs les plus défensifs. Si, dans un premier temps, les produits traités étaient particulièrement simples, l’offre s’est diversifiée avec l'objectif d'atteindre des rendements potentiels plus attractifs tout en offrant une préservation du capital à l’échéance. Par exemple, les produits type "Phoenix CMS" ou "Phoenix TEC10" délivrent des coupons conditionnels bonifiés dans le cadre d’une stabilité/baisse des taux – en contrepartie d’une absence de coupon/rendement dans le cas contraire. Cette offre a été plébiscitée par toutes les typologies d’investisseurs. Côté sous-jacent actions, nous avons noté une augmentation des flux sur des thématiques spécifiques, telles que le luxe ou le secteur de la tech, offrant un potentiel de rebond ou de croissance attractive. L’idée est de rester réactif, diversifié et à l’écoute du marché.

La finance responsable a-t-elle sa place parmi les produits structurés ?

Oui, la finance responsable a assurément sa place parmi les produits structurés. De plus en plus d'investisseurs cherchent à intégrer des critères environnementaux, sociaux et de gouvernance dans leurs stratégies d'investissement. Si les indices actions ESG ont plutôt sous-performé ces dernières années en raison d’un contexte économique et politique compliqué – les filtres ESG entraînant souvent l’exclusion de certains secteurs, comme l’armement ou l’énergie par exemple –, nous considérons que nous pouvons y répondre différemment grâce aux émissions obligataires à impact proposées par certains émetteurs.