Voilà plus d’un an que Média-Participations rachetait La Martinière. Depuis, le troisième groupe éditorial de l’Hexagone gère de front une phase de consolidation et de croissance externe avec l’intégration de nouvelles maisons comme les éditions Anne Carrière. Vincent Montagne, son PDG, détaille les défis d’un groupe en plein développement et livre sa vision du secteur.

Décideurs. Près d’un an après la fusion, quel bilan tirez-vous de l’opération ?

Vincent Montagne. Au cours de ce premier exercice nous avons analysé et comparé nos différentes organisations. Il s’agissait de créer à partir de deux groupes de maisons d’édition, tous deux chapeautés par une holding, un seul nouveau groupe. C’est désormais chose faite. Nous avons mis en œuvre la fusion des deux entités, l’unification des fonctions supports, toutes désormais intégrées dans une même société. Enfin, le Seuil et La Martinière et deux cents salariés viennent de rejoindre au nouveau siège de Média-Participations toutes nos autres filiales parisiennes.

En accélérant son entrée dans la littérature générale (le Seuil, l’Olivier, Métailié, Points…) et en renforçant son ancrage dans la jeunesse, le pratique et les beaux-livres (La Martinière, Le Seuil Jeunesse, Delachaux et Niestlé…) Média-Participations confirme son rôle de groupe d’édition généraliste, présent dans tous les domaines à l’exception de l’édition scolaire. Avec désormais plus d’un quart de notre chiffre d’affaires réalisé à l’étranger nous consolidons aussi une ambition internationale déjà largement à l’œuvre dans nos activités de droits dérivés, de production audiovisuelles ou de jeu vidéo.

 

Avez-vous rencontré des difficultés dans la gestion sociale de la mise en œuvre du projet ?

La mise en commun des fonctions supports a nécessité un plan social négocié avec les partenaires sociaux. L’évidence de cette restructuration et les conditions du plan ont fait qu’il a été compris et accepté. De même, le déménagement et l’emménagement des équipes du Seuil et de La Martinière s’est opéré dans le calendrier prévu et dans des conditions d’accueil et d’installation qui ont été saluées par tous. Il existe cependant encore des différences de culture sociale et de conditions de travail. Leur harmonisation est en cours et prendra naturellement un peu plus de temps.

« Il existe encore des différences de culture sociale et de conditions de travail. Leur harmonisation est en cours et prendra naturellement un peu plus de temps. »

Quels sont vos projets en matière croissance ? Vous concentrez-vous sur l’intégration post-fusion ou envisagez-vous déjà de la croissance externe ou organique ?

La reprise du groupe La Martinière a coïncidé avec l’arrivée des Éditions Anne Carrière, des Éditions 365 et d’Ediser (Code de la route et simulateurs). Nous devons en priorité gérer l’intégration de ces nouvelles maisons et l’optimisation des échanges dans le nouveau groupe. Ceci suppose de se concentrer d’abord sur la croissance organique, ce qui est dans la nature même du métier d’éditeur.

La fusion administrative est faite. Il reste maintenant à réussir les déploiements commerciaux et marketing en saisissant toutes les opportunités de coopération éditoriale. C’est la fréquentation quotidienne des équipes entre elles qui permettra la construction de projets communs. À terme le grand chantier qui nous attend concernera la mise en commun de nos outils commerciaux. Mais nous avons plusieurs années pour le préparer.

 

La consolidation du secteur de l’édition est-elle la condition sine qua non pour gagner des parts de marché hors de France ?

C’est surtout la maturité du marché de l’édition qui provoque la consolidation du secteur de l’édition. La seconde conséquence de cette contraction structurelle de ce marché est la nécessité de l’ouverture à l’international. Et sur ce point l’arrivée d’Abrams, un des très beaux éditeurs américains est un atout exceptionnel sur lequel nous allons beaucoup nous appuyer. La présence de Knesebeck, notre filiale allemande, vient renforcer notre capacité à agir sur les marchés importants de l’édition.

Propos recueillis par Sybille Vié

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