L'humain au cœur du digital
Le parti pris était de se concentrer sur les aspects humains des mutations auxquelles sont confrontées les organisations. Cinq dirigeants et experts étaient venus partager leurs expériences et leur vision de ce sujet d'actualité.
Accueillir l’accélération
Pour Yves Le Gélard, directeur général adjoint et chief digital officer d’Engie, la transformation digitale implique de « baisser le centre de gravité et accélérer la vitesse de l’horloge ». Les décisions doivent se prendre le plus rapidement possible et pour ce faire, la suppression de certains niveaux hiérarchiques s’impose. Fini les plans à cinq ans, explique-t-il, « tous les 90 jours, on livre quelque chose de nouveau ».
Benoit Serre, directeur général adjoint en charge des ressources humaines du groupe Macif, le rejoint sur la question de l’accélération. Il relève que dans certains secteurs réglementés, comme celui de l’assurance, vitesse et écrasement des niveaux hiérarchiques apparaissent presque comme contraire à la culture de l’entreprise. Un constat qui induit de veiller à l’accompagnement des salariés dans ce changement. « À chaque fois que nous faisons une avancée technique, nous la combinons avec une avancée pour les collaborateurs. »
Inclusion et culture du questionnement
Président de Julhiet Sterwen, Marc Sabatier porte pour sa part un regard optimiste sur les défis qui attendent les organisations. « Les entreprises ont un peu peur de s’attaquer au chantier de la transformation numérique indique-t-il, mais les gens sont beaucoup plus prêts qu’on peut le penser car ils manient le digital de façon plus aboutie chez eux que dans l’entreprise. » Pour lui, une transformation réussie associe les trois piliers : stratégie de l’entreprise, évolution des business models et engagement des salariés, « La symétrie des attentions est un concept qui n’a jamais été aussi pertinent qu’avec le digital », conclue-t-il.
« Plus on développe le numérique, plus il faut développer la relation humaine », confirme Pierre-Marie Argouarc’h, directeur des ressources humaines et de la transformation du groupe La Française des jeux. Il expose avoir lancé un vaste chantier de refonte des modèles de management. L’ensemble des managers du groupe, y compris le comité de direction, a suivi une formation ad hoc intitulée « manager avec la posture de coach à l’ère du digital ». À ses yeux, le positionnement du coach est pertinent parce qu’il développe le questionnement et conduit la personne à trouver la réponse elle-même.
Cette notion de questionnement est également déterminante pour Muriel Politano, directeur général adjoint de Maileva, filiale de La Poste chargée de la dématérialisation des envois des documents professionnels. « On ne peut entrer dans une logique d’agilité sans accepter de se remettre en question en permanence », explique-t-elle. Si vous décrétez, cela ne marche pas. Il faut se questionner. »
Marie-Hélène Brissot