Jules Robert-Le Hérissé (Unibail-Rodamco) : « La refonte de notre académie a créé un changement de mentalité »
Décideurs. Quelle mission vous a été confiée à votre arrivée au sein du groupe ?
Jules Robert-Le Hérissé. Mon recrutement accompagnait un souhait marqué de la direction de donner un nouveau souffle au pôle formation du groupe. L’académie d’Unibail-Rodamco vivotait et plusieurs constats avaient été faits : un fort absentéisme, une déconnexion du pôle carrières, une absence totale de digital… Nous avons lancé un plan d’action dénommé « UR Academy 3.0 » qui comprenait quatre grands axes. Le premier d’entre eux était intitulé « redesigner ». Il s’agissait de travailler le contenu, le parcours, l’ingénierie pédagogique. Le deuxième chantier était celui de l’individualisation, avec une action prioritaire sur les jeunes managers. Le troisième axe, dénommé « professionnalisation », visait à créer une véritable communauté de formateurs, les évaluer, les faire monter en compétences. Dernier chantier : celui de la modernisation. Celle des contenus en premier lieu bien entendu, mais pas seulement. Il nous fallait créer une nouvelle identité, un nouveau graphisme.
Le projet a été une réussite. Quelles sont les clés de son succès ?
Effectivement, en un an à peu près, nous avons livré une nouvelle académie avec une équipe restreinte. C’est un succès car la refonte a créé un changement de mentalité. Auparavant, nous étions dans une logique de « push », aujourd’hui nous sommes dans une démarche de « pull » : nous donnons aux collaborateurs les informations nécessaires sur tous les cursus, mais c’est à eux de s’inscrire et de sélectionner les dates. Une véritable autonomisation de l’apprenant est en marche : les collaborateurs s’approprient leur gestion de carrières. L’une des clés du succès est d’adopter une méthode agile. Moi-même je suis du milieu du consulting, j’ai utilisé mes connaissances de la démarche lean, et même de la méthode du « scrum » dans ma façon d’aborder le projet. Autre élément déterminant : être intégré à un écosystème. Notre équipe est très tournée vers l’extérieur.
Quelles sont les prochaines étapes du déploiement de l’académie ?
Nous devons veiller à maintenir l’engagement des collaborateurs sur la plate-forme. Notre prochain grand chantier est celui de travailler à l’internationalisation de la formation, pour qu’il y ait le même niveau dans chaque pays d’implantation du groupe.
Un projet de la nature de l’Academy UR est-il réservé aux groupes du CAC 40 ?
Oui et non… C’est avant tout une question de méthodologie et les cadrans marchent pour tout le monde. « Moderniser » et « individualiser » en particulier sont deux axes qui demandent du temps, pas de l’argent. Un exemple avec la gamification de la formation : si on n’a pas le budget pour utiliser la réalité virtuelle, on peut arriver au même résultat avec un jeu de plateau.
Quel serait votre conseil à l’attention de ceux qui commenceraient un projet de refonte de leur académie ?
Ma première préconisation serait de rester ouvert, de se rendre dans des événements pour s’inspirer des pratiques des autres. Autre conseil : faire beaucoup d’itérations et alterner les phases de réflexion et d’expérimentation.
Propos recuellis par Marie-Hélène Brissot