Cédric Mendes : "Nous préparons nos campagnes de recrutement comme des campagnes d’achat"
Décideurs. Quelle a été l’approche de Colas pour moderniser ses méthodes de recrutement??
Cédric Mendes. L’équipe devait s’ouvrir à l’approche digitale et se professionnaliser. Dès l’origine, nous sommes partis du constat suivant?: il est facile de mettre en place des outils mais tant que l’on n’a pas trouvé son attractivité, on ne peut pas correctement recruter. C’est cette attractivité qui permet d’alimenter les canaux de sourcing et surtout d’intervenir le plus en amont possible, de manière à préparer nos recrutements très en avance. Nous avons donc décidé de nous concentrer avant toute chose sur la définition et la diffusion de notre marque employeur. Nous avons travaillé main dans la main avec la direction de la communication. Aujourd’hui, notre marque employeur est très performante. Et nous avons installé dans la durée cette coopération avec la direction de la communication, notamment en ce qui concerne le community management sur nos réseaux sociaux. Nous préparons désormais une campagne de recrutement exactement comme nous préparerions une campagne d’achats?: en nous fixant des objectifs concrets et en mesurant le retour sur investissement.
Décideurs. Quels sont les résultats des efforts réalisés sur la marque employeur ?
C. M. Le premier résultat évident est le fait que nous arrivons à attirer d’avantage de compétences. Mais nous ne nous sommes pas arrêtés à ce constat et avons souhaité tester l’authenticité de notre marque. Nous avons mandaté une société qui a mesuré sa cohérence en procédant par voie de questionnaires auprès des salariés récemment recrutés. Les résultats ont été très positifs… heureusement?! Mais notre démarche a des effets qui vont bien au-delà. Travailler sur ce nouveau concept de marque employeur constitue pour Colas une opportunité historique. Jusqu’à il y a quelque temps, notre entreprise et ses métiers étaient un peu méconnus. Nous avons pu dépasser ce relatif déficit de notoriété par l’action réalisée sur notre marque employeur. Lorsque l’on demande à des étudiants d’identifier les acteurs principaux de notre secteur d’activité, ils positionnent Vinci, Bouygues et Eiffage avant Colas. En revanche, lorsque l’on effectue des sondages de satisfaction des collaborateurs débutants ou des stagiaires, Colas est citée en numéro un, devant tous ses concurrents.
Décideurs. Comment concevez-vous l’impact des réseaux sociaux??
C. M. Au-delà des impacts sur le sourcing et la marque employeur, les réseaux sociaux ont réinventé la candidature spontanée et la « candidature réseau ». La preuve en est?: lorsque nous sommes approchés par un candidat de manière spontanée, nous nous apercevons que la personne a très souvent une connexion avec l’un de nos salariés. La prochaine étape consiste à trouver comment nous pourrions travailler avec les ambassadeurs volontaires que sont nos collaborateurs présents sur les réseaux sociaux professionnels pour attirer les talents. Aujourd’hui nous avons 24?000 followers sur Linkedin, qui sont presque autant de candidats prospects. Je pense réellement que presque tous nos recrutements de cadres pourraient être faits à l’intérieur de ce réseau.
Décideurs. Quelle est la place accordée à l’innovation dans votre stratégie??
C. M. Il est évident qu’il faut avoir les meilleurs outils possible et qu’il vaut mieux faire partie de ceux qui innovent que de ceux qui se contentent de suivre le mouvement. En 2014, Colas a lancé le Hub Carrières. Nous l’avons conçu dès l’origine comme étant totalement modulable, et nous le faisons évoluer en permanence en y ajoutant de nouvelles fonctionnalités?: un outil de géolocalisation, des FAQ en forme de vidéos, un jeu en ligne… Par ailleurs, nous avons lancé une série de projets avec des entreprises de la « HRTech » : nous travaillons sur le prédictif avec Yatedo, nous collaborons avec Monkey Tie pour développer une application de job-posting sur réseaux sociaux, avec My RH Community pour mettre en place un nouveau type de programme d’ambassadeurs sur Linkedin…
Propos recueillis par Marie-Hélène Brissot