Éric Depond (BPCE) : « Nous allons passer d’un management participatif à un management collaboratif »
Décideurs. Quels sont les grands enjeux auxquels doit répondre votre politique de formation ?
Éric Depond. Notre métier très encadré et les évolutions digitales bouleversent les habitudes de consommation de nos clients (ce qui nécessite l’adaptation des collaborateurs à leur emploi et le développement de leurs compétences par rapport à l’évolution de leur métier). Le véritable enjeu auquel nous devons répondre est la réussite de la transformation digitale du groupe BPCE. Outre les obligations réglementaires – les nombreux textes de lois nous imposent de former toujours plus –, il nous faut anticiper les besoins des collaborateurs au regard des nouveaux modes de transmission de l’information. C’est le cas par exemple des conseillers en agence qui voient le taux de visites diminuer avec le « tout en ligne ». D’autre part, nous allons passer d’un management participatif à un management collaboratif, ce qui n’est pas forcement inné. L’un de nos leviers de performance est donc le développement des compétences managériales.
Décideurs. Comment innovez-vous en matière de formation ?
É. D. Le secteur bancaire en général consacre une part très importante de sa masse salariale à la formation – entre 4,5 % et 5 %. Le Groupe BPCE approche les 5,5 % car toutes les transformations (économiques, digitales, managériales…) nous obligent à aller plus loin que le seul cadre réglementaire. Nous sommes en perpétuelle recherche d’efficacité pédagogique. Aussi, nous avons créé un outil de mesure de l’efficacité de la formation : le ROE ou return on expectation inspiré de modèles anglo-saxons. Peu d’entreprises ont, à ce jour, développé ce genre d’outil.
Décideurs. Vous parlez de ROE et non de ROI…
É. D. Il faut sortir de la logique trop financière du ROI (retour sur investissement). Il n’est pas facile, et pas toujours pertinent, de déterminer combien rapporte une formation. S’il est possible de mesurer la rentabilité pour certaines formations, ce n’est pas le cas pour d’autres dont la valeur est ailleurs. La finalité d’une formation doit répondre à un objectif déterminé en amont, qui n’est pas forcément économiquement quantifiable. Le ROE représente l’analyse de l’atteinte des aspirations.
Le ROE représente l’analyse de l’atteinte des aspirations
Décideurs. Comment intégrez-vous la dimension digitale dans vos programmes ?
É. D. Nous avons beaucoup investi sur la formation digitale. Le Groupe BPCE a développé une offre de e-learning composée de plus de 500 modules et de classes virtuelles dont l’objectif à horizon 2017 est de former un collaborateur du réseau commercial sur deux. Pour autant, nous ne négligeons pas le présentiel mais avons pris le parti de conserver le meilleur des deux mondes. Formats courts, classes virtuelles, serious game… L’essentiel est de comprendre les besoins et les modes d’apprentissage des collaborateurs car le constat est simple : on ne peut plus former tout le monde de la même façon. On souhaite délivrer une formation 100 % utile. Concernant la transformation digitale, nous avons mis en place un Mooc. Trente et une entreprises du groupe y ont participé et plus de 13 000 collaborateurs s’y sont inscrits. Ce programme, qui permet d’obtenir son passeport digital », est relativement ambitieux : un peu plus de 2 000 personnes à ce jour ont obtenu leur certification.
Propos recueillis par Julie Atlan